Le Fauteuil Transat d’Eileen Gray

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Dans les années 1920, elle crée la Galerie Jean Désert à Paris, probablement au nom des souvenirs de ses périples maghrébins. Elle s’y entoure des meilleurs artisans dans l’idée de toucher à l’excellence des nouveaux savoirs qu’elle adopte. Abandonnant la laque, l’artiste décide de se tourner vers des matériaux plus novateurs et exclue désormais de son champs d’action l’ornement et la richesse des matières. Son travail est alors relayé par les artistes, littéraires et penseurs du temps tels que Boris Lacroix, Henri Pacon, Loïe Fuller ou encore Elsa Schiaparelli et cette direction empruntée du fonctionnel et du souci du corps rappelle une autre designer de l’époque aux prérogatives similaires : Charlotte Perriand. Riche de ses excursions du côté de l’Art Déco ou de mouvements modernes dans lesquels se croisent De Stijl ou encore Gerrit Rietveld, Eileen Gray n’appartient à aucun courant et s’épargne les contraintes de manifestes enclavés tout en gardant cette approche si moderne impulsée dans la société de l’époque.

Sort de cette création aux traits simples mais adroits une pièce majeure de sa composition : le Fauteuil Transat. Conçu pour la villa « E1027 », elle-même construite par l’irlandaise et son compagnon l’architecte Jean Balducci, elle cherche le mobilier adéquat en s’imaginant un habitant fictif : un homme seul qui aime faire du sport et recevoir ses amis. Traduit de façon simple et d’une épure associée à la création des années 20, le Fauteuil Transat fait référence pas son patronyme aux fauteuils pliables des transatlantiques, référence légitime quand la maison est conçue en rappel aux paquebots. Ainsi, parallèlement aux recherches de Le Corbusier et Charlotte Perriand notamment, elle remet à plat les codes du design, composant cette pièce de tasseaux de bois carrés et rectilignes mêlés à une esthétique métallique prévue comme soutien à une assise de cuir avec un appui-tête articulé de façon à suivre les mouvements et les besoins du corps de l’utilisateur. On retrouve tout comme sa consœur Charlotte Perriand, cette prérogative de l’importance d’un corps soigné et enveloppé dans ces espaces redimensionnés. Mais contrairement à cette dernière, elle ne crée pas dans une rondeur absolue et tend plutôt à opposer la géométrie d’un corps de soutien à une assise souple et fluide.

Alors que le Centre Georges Pompidou livrait récemment le premier grand hommage de la ville à cette artiste totale dans une grande rétrospective chronologique, on se rappellera la fuite d’Eileen, assoiffée de sobriété, lorsque Le Corbusier peignit de grandes fresques colorées dans la fameuse villa sans le consentement de la designer-architecte. Sobriété qui plût d’ailleurs au Maharajah d’Indore qui fit installer dans sa chambre le Fauteuil-Transat par les soins de l’architecte allemand Eckart Muthesius touchant à la modernité Gray même les pays les plus éloignés.

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