INTERVIEW : Mark Reynier, Fondateur de Renegade Cane Rum

INTERVIEW : Mark Reynier, Fondateur de Renegade Cane Rum

2016. C’est sur l’île de la Grenade, dans les Antilles, que l’entrepreneur Mark Reynier, déjà propriétaire et fondateur de la distillerie Waterford en Irlande, trouve le lieu idéal pour y planter sa distillerie de rhum donnant naissance à Renegade Cane Rum.

L’Expression d’une distillerie pionnière, axée sur le terroir

Né d’une volonté de revenir aux origines du rhum, c’est à dire sa production, le projet de Renegade s’appuie sur trois fondamentaux : la qualité d’un territoire, celui de l’île de la Grenade ; le savoir-faire de ses producteurs ; et une technologie d’exception. 

Ce sont ainsi 10 fermes, 45 terroirs, 6 variétés de cannes à sucre et 230 hectares qui donnent à Renegade toute sa complexité et son authenticité.

Durable et naturelle, la valeur de Renegade provient de sa canne à sucre dont on doit le caractère unique à sa terre, la complexité de son sol et son microclimat. L’île de la Grenade et son agriculture raisonnée en révèlent alors toute la grandeur. 

Dunfermline terroir

Sans colorant, sans sucre, sans filtration à froid et produit de manière locale, Renegade incarne des valeurs fortes, dont le terroir est au cœur du projet. 

100% traçable, chaque flacon bénéficie d’un « CaneCode » permettant de découvrir des informations sur la récolte ou encore les détails de la distillation et de la terre sur laquelle la canne a été cultivée, amenant l’approche en matière de terroir à des niveaux jamais égalés en termes de boissons spiritueuse, comme on pouvait déjà le découvrir dans le monde du vin. 

Avec un design coloré et moderne, les deux premiers Pre-Casks Renegade Cane Rum – Pearls et New Bacolet – en référence aux noms de leurs parcelles mettant en avant deux types de cannes à sucre récoltées sur des terroirs différents – révélaient déjà une philosophie chère à Mark Reynier : celle du Compare and Contrast. Un même lieu offre en effet des contrastes et propositions infinies à parfois quelques mètres d’écart. Cette idée reposant sur l’importance du territoire est aujourd’hui complétée par cinq nouveaux Pre-Casks que nous vous dévoilons.

Renegade cane rum pre-cask Pearls

Quatre fermes pour cinq nouvelles expressions chez Renegade

Nursery, dont la canne Yellow Lady est récoltée sur le terroir de Upper La Calome, est particulièrement riche en sucre. Historique et saine, cette canne à sucre a été réinsérée dans une pépinière agricole de une vallée de La Calome, dans une vallée argileuse et volcanique. 

Nursery Map

Hope, sur le flanc sud-est de l’île est conçue grâce à l’une des plus anciennes variétés de cannes à sucre, Cain, récoltées sur le terroir de Boulders, particulièrement humide.

Westerhall, composée de la canne dite Clean Ester est issue du terroir de l’Old River, dans une région particulièrement fertile et verdoyante, où se trouvait la distillerie désormais en ruine de la baie de Westerhall. 

Lake Antoine Upper et Lake Antoine Lower sont tous les deux issus des terres de Lake Antoine. Ici, le Compare and Contrast cher à Renegade Cane Rum prend tout son sens puisque les deux Pre-Casks sont issus de la même parcelle et de la même variété de canne à sucre mais pas du même terroir : Upper Crater Lake South, donnant pour autant deux dimensions différentes aux spiritueux que l’on déguste avec délice. 

renegade cane rum pre-cask lake antoine lower

Rencontre avec Mark Reynier, fondateur de Renegade

Comment définiriez-vous le rituel parfait de dégustation d’un rhum Renegade?

Techniquement, comme n’importe quel spiritueux. Mais lors d’un moment convivial et de partage, je parlerais d’une lente fusion du glaçon et du spiritueux à l’intérieur du verre – le glaçon ralentit la diffusion des saveurs – et le mélange avec l’eau dilue l’alcool tout en révélant davantage de saveurs. D’autres préfèrent le déguster dans un verre glacé – comme pour une eau de vie – laissant ainsi le spiritueux évoluer plus rapidement. 

N’oubliez pas non plus que sur les cinq Pre-Casks, quatre sont des distillats de type pot still – donc plus puissants, riches et visqueux qu’un Charente, un combi ou un alambic à colonne.


En quelques mots, quel est pour vous le rhum iconique de Renegade? 

Jusqu’à présent, New Bacolet, mais nous n’en sommes encore qu’à nos débuts et il existe encore de nombreuses fermes avec pléthore de terroirs à explorer. Et bien sûr, nous avons besoin de recul pour découvrir ce qu’il advient des saveurs avec le temps. 

renegade cane rum pre-cask New Bacolet

Comment définir le “terroir“ quand il en vient au rhum Renegade? 

Le terroir est le terroir, cette interaction fascinante entre le microclimat, les sols et la topographie sur la croissance d’une plante et de son fruit. Il est aussi pertinent pour la vigne, l’orge ou la canne à sucre. La Grenade étant une île volcanique, on y trouve des juxtapositions positivement bourguignonnes, des coulées pyroclastiques, des filons de latérite riche en fer, avec des superpositions d’érosion et de dépôts colluviaux et alluviaux. Un terrain de jeu positif où chaque ferme de 10 à 15 hectares peut être subdivisée en plusieurs terroirs facilement définissables – le coteau chablisien du Grand Cru Dunfermline ; les pentes du volcan Antoine ; la “Combe Brûlée” de New Bacolet ; le décalage de température de 5 degrés en 15 kilomètres, l’évaporation de Point ; la plaine inondable riche et fertile de Hope. Les possibilités sont infinies !


Pouvez-vous détailler l’importance du terroir dans le goût et la subtilité de ces cinq nouveaux pre-casks single farm origin? 

Nous avons mis sur le marché deux Dunfermline – le même champ, le même terroir et la même ferme – mais l’un distillé en colonne (en mode batch) et l’autre en pot ; cela donne une comparaison fascinante. J’aime le “Compare & Contrast“, explorer les nuances de la saveur naturelle, côte à côte. J’aime les discussions et les débats, c’est pourquoi nous nous sommes efforcés de partager cette philosophie d’exploration en mettant en bouteille des permutations intrigantes, par exemple des Upper (New) et Lower (Old) Bacolet ; ou plus récemment, en provenance des volcans Antoine, les pentes supérieures et inférieures qui donnent une dégustation fascinante : des boîtes à cigares en bois de cèdre ! Le Nursery et le Westerhall – pas plus de 300 mètres de distance – mais vous ne le devineriez jamais ! Des différences fascinantes – et cela rien que dans le nouveau spiritueux. Imaginez après plusieurs années de maturation…

Parlons cocktails – quel est le meilleur pour savourer le rhum Renegade selon vous ? 
Les Pre-Casks (note, non pas Agricole ou Clarin etc.) sont des rhums qui, devinez quoi ? sont destinés à être mis en fût, mais qui ne l’ont pas encore été. Il s’agit d’un alcool nouveau ou d’un rhum blanc – terme peu imaginatif – avant que les arômes n’aient été altérés par la maturation en fût de chêne. Mais dans l’ensemble, ces rhums sont distillés en cuve, ce qui donne davantage de poids à l’alcool, plus de puissance et de saveur par rapport aux rhums blancs plus habituels ; un petit peu suffit. Je trouve que les mélanges d’agrumes et de fruits fonctionnent particulièrement bien, ou l’un de mes préférés est la simplicité du Renegade – estragon et tonic.

© Geraldine martens

Le design de la bouteille de ces cinq nouveaux pre-casks single farm origin suit la patte graphique Renegade – pourquoi ces couleurs pop et pastel vous ont elles intéressé ? 

Ils sont tout simplement la palette de couleurs de la Grenade. Faites le tour de l’île et c’est ce que vous y verrez. Nous voulions quelque chose qui reflète la joie d’esprit des Grenadiens, mais aussi un message fort : la nouveauté, le vivant et l’inhabituel.

Avez-vous en tête un passage d’une œuvre littéraire ou d’un film qui résonne avec la philosophie, avec le panache du rhum Renegade? 

Une trilogie, peut-être, avec La chocolaterie de Willy Wonka, Our Man in Havana de Graham Greene et Jean de Florette de Pagnol. Il est intéressant de voir sur YouTube Island in the Sun, une histoire agréable et habilement observée avec James Mason, Joan Collins et Harry Belafonte, qui montre la Grenade en 1955 et aborde de nombreuses questions sensibles de l’époque coloniale.

Parce que vous ouvrez de nouvelles portes dans cet univers, où voyez-vous l’industrie du rhum dans les 10 prochaines années… 

Eh bien, c’est plutôt statique depuis très longtemps. La définition de la folie d’Einstein – répéter la même chose encore et encore en s’attendant à un résultat différent – pourrait s’appliquer également à l’industrie du rhum. Nous avons changé la donne en introduisant une toute nouvelle orientation, une rigueur et une intégrité. Je vois apparaître davantage de marques de distillerie, davantage de rhums de canne, une divergence entre les philosophies du rhum de mélasse et du rhum de canne, une bifurcation du marché entre un rhum bon marché et ludique d’une part et le premium et convaincant d’autre part. Je pense qu’enfin, nous allons assister à une évolution bien nécessaire, à un mouvement vers une plus grande crédibilité, mais la route est encore longue.

Propos recueillis par Sébastien Girard, Président d’Icon-Icon 

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