Avant de figurer l’épicentre d’un mode de vie tout fait de volupté, d’audace et de liberté, Saint-Tropez, le village, attira à lui les peintres en quête de lumière et de paysages pittoresques.
Signac, Le Premier Peintre A Saint-Tropez
Paul Signac avait pour habitude de sillonner les côtes Atlantiques et Méditerranéennes à bord de son yacht, baptisé l’Olympia. Ainsi, lorsqu’il mouille au large de Saint-Tropez, un jour de 1892, Paul Signac a déjà en tête le récit fait par Guy de Maupassant, quatre années plus tôt.
Dans ce livre, Sur L’Eau, Maupassant y dépeint toute la splendeur de ce village caché, peu connu car comme localisé au bout du monde… Il y note: « Saint-Tropez, à l’entrée de l’admirable golfe nommé jadis golfe de Grimaud, est la capitale de ce petit royaume sarrasin dont presque tous les villages, bâtis au sommet de pics qui les mettaient à l’abri des attaques, sont encore pleins de maisons mauresques avec leurs arcades, leurs étroites fenêtres et leurs cours intérieures où ont poussé de hauts palmiers qui dépassent à présent les toits.
Si on pénètre à pied dans les vallons inconnus de cet étrange massif de montagnes, on découvre une contrée invraisemblablement sauvage, sans routes, sans chemins, même sans sentiers, sans hameaux, sans maisons. De temps en temps, après sept ou huit heures de marche, on aperçoit une masure, souvent abandonnée, et parfois habitée par une misérable famille de charbonniers. »
Touché par le même charme foudroyant de Saint-Tropez, Paul Signac va y faire une halte. A l’origine, le peintre débarquait par curiosité, le temps d’un instant. Mais cet instant va durer 20 ans. Signac s’attache en effet à ce petit village de caractère — une impression d’avoir atteint le point tant recherché, au vue de la lumière solaire qui baigne Saint-Tropez.
Signac vit ainsi d’abord dans un cabanon avant de faire l’acquisition d’une villa, la Hune, qu’il transforme en ateliers. C’est cette villa qui va devenir l’épicentre Provençal d’une génération de peintres.
Car à l’été 1904, Signac invite ses amis à venir découvrir ce village hors du temps. Parmi eux, Matisse, Pierre Bonnard, Raoul Dufy, Albert Marquet, Manguin et Francis Picabia…
Ces peintres à la recherche d’un nouveau langage pictural vont trouver dans les ruelles escarpées, le port, la modeste chapelle, son clocher, les points de vus magistraux qu’offrent le village de Saint-Tropez sur la mer, une manne de formes, de tons et de couleurs idéale !
Du post-impressionnisme au fauvisme, en passant par le pointillisme — Saint-Tropez, dit-on, aurait été l’élément déclencheur de ces nouveaux mouvements picturaux.
Ce qui est certain, c’est que des toiles demeurent pour témoigner de la découverte de Saint-Tropez par ces peintres. Deux d’entre d’elles, datées entre 1905 et 1906, présentent la complicité existante entre ces génies du pinceaux… Deux toiles représentant la même femme: l’une de Matisse, l’autre de Manguin. Peintes dans la maison de Manguin à Saint-Tropez, elles témoignent bien d’un esprit fédérateur et amical qui habite alors les peintres à Saint-Tropez.
Complémentaire plutôt que compétitive, cette période passée à Saint-Tropez a comme porté l’art moderne vers le chemin qui en a fait l’un des plus révolutionnaires…
Bernard Buffet, Amour A Saint-Tropez
Ayant ainsi ouvert la voie aux générations à venir, les peintres de ce début de siècle ont concouru à mettre des lignes et des couleurs sur l’imaginaire de la Côte d’Azur. Près d’un demi-siècle plus tard, c’est une autre génération qui lui donnera son aspect festif et décontracté !
Cette génération n’est autre que celle de Boris Vian, Juliette Gréco, Sartre et De Beauvoir. Arrivant tout droit de Saint-Germain-des-Près, ils vont faire déferler le jazz, l’insouciance, le swing et la jeunesse sur Saint-Tropez.
C’est ainsi au coeur du Saint-Tropez-des-Prés que le peintre Bernard Buffet, venu sur les pas de ces grands maîtres à la recherche d’une contradiction picturale, va rencontrer l’amour…
Tout juste séparé de Pierre Bergé, Bernard Buffet en 1958 tombe amoureux sur la mythique la terrasse du bar de La Ponche… Elle s’appelle Annabel Schwob, et c’est une figure de l’âge d’or de Saint-Germain-des-Prés. Amie de Françoise Sagan, de Juliette Gréco et… du photographe Luc Fournol.
C’est par son entremise qu’Annabel Schwob va rencontrer Bernard Buffet. Quelques mois plus tard, elle devient Annabel Buffet. Dans la plus grande discrétion, typique de ce Saint-Tropez, Bernard Buffet a en effet épousé celle qui partagera sa vie jusqu’à son dernier souffle — à Ramatuelle !
Annabel Buffet notait ainsi en 1981 dans le livre Saint-Tropez d’hier et d’aujourd’hui : « Notre amour est né à Saint-Tropez… Je sais pourquoi j’aime les arbres, les mâts de bateaux… »
De cette période du peintre à Saint-Tropez il reste des oeuvres puissantes et audacieuses — en porte-à-faux des premières visions impressionnistes de Saint-Tropez, elles caractérisent bien le tempérament volcanique que la ville insuffle à ses hôtes.
On le voit, Saint-Tropez est une presqu’île ayant portée en elle l’inspiration de plus d’un artistes. Il n’est alors pas étonnant de lire que la toile la plus chère jamais vendue fut inspirée de Saint-Tropez.
En effet, la toile de David Hockey ‘Portrait of an Artist (Pool with Two Figures)’ adjugée pour 80 millions d’euros chez Christie’s à New York en 2018 fut… Composée à Saint-Tropez.
C’est bien dans la villa de son ami Tony Richardson dans les hauteurs de Saint-Tropez que David Hockney a fait poser son assistant et un ami avant de figer la scène sur un appareil photo Pentax.
En travaillant à partir de la centaine de clichés faite ce jour là, David Hockney n’a pas seulement capturé l’atmosphère de Saint-Tropez. Il a aussi contribué à forgé l’idéal de l’imaginaire collectif contemporain: la Dolce Vita sur la Riviera !
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