Fashion Week Hiver 2024 : Les Codes Et Icônes Des Maisons Emblématiques 

Fashion Week Hiver 2024 : Les Codes Et Icônes Des Maisons Emblématiques 

La Fashion Week Hiver 2024, entre hommage au passé et vision futuriste, les designers ont proposé des collections qui réinterprètent les codes et les icônes qui ont fait la renommée des grandes maisons du luxe et de la mode.

Fashion Week Hiver 2024 : Que Retenir ? 

Célébrant son dixième anniversaire à la tête de Louis Vuitton lors d’un défilé à Paris, Nicolas Ghesquière a prouvé que sa vision de la mode reste aussi pertinente et novatrice qu’à ses débuts, en 2014. Sa capacité à réinterpréter ses propres silhouettes a été évidente. Les références à ses collections précédentes – des manteaux brodés rappelant ceux de la collection Louis XVI présentée au Louvre, aux jupes scintillantes et aux robes à franges asymétriques – abondaient dans cette collection Louis Vuitton Hiver 2024.

Nicolas Ghesquière a ainsi continué d’explorer les thèmes de la maison et de ses racines dans le voyage, tout en y intégrant sa fascination pour la science-fiction. Et c’est surtout cette minirobe sculpturale imprimée de malles classiques, et du mythique monogramme LV, dans la veine futuriste signature de Nicolas Ghesquière, qui risque fort de faire parler d’elle ! 

Chez Chanel, Virginie Viard a plongé dans l’ambiance de Deauville, lieu emblématique de Chanel, avec des silhouettes signées de grands chapeaux de paille à bords relevés, une profusion de maxi-sacs et des bottes plateformes en daim, évoquant l’image de stars déambulant sur le sable qui inspira à Chanel son beige iconique…  La directrice artistique a ainsi revisité les premières créations révolutionnaires de Chanel en jersey, les traduisant en maille à travers des ensembles pantalon ceinturés… A noter aussi une réinterprétation de l’aisance des tweeds Chanel dans des manteaux longs et des imprimés en mousseline évoquant les années 30 à travers le prisme des années 70.

La collection automne 2024 d’Hermès, sous la direction de Nadège Vanhee-Cybulski, s’est aventurée dans l’univers du cheval et de la moto, célébrant ainsi “deux sports équestres”.

La collection mettait ainsi en avant des pièces en cuir exquises comme autant de variété de pièces extérieures, tels que des cabans à col châle en peau lainée rasée, des vestes d’équitation ajustées, et des pièces aux épaules et manches arrondies… Sans oublier cette veste exceptionnellement brodée de plumes d’autruche… Une merveille Hermès !

Une version agrandie d’un logo d’archive de Christian Dior, une œuvre publicitaire dessinée à la main pour le lancement de la boutique Miss Dior en 1967… Voici les points de départ de la collection Dior par Maria Grazia Chuiri pour l’Hiver 2024.

Le résultat ? Des robes mini et maxi taillées dans la mythique A-line Dior de la fin des années 60 qui rencontrent le travail de Gabriella Crespi, designer de l’avant-garde italienne !

Chez Valentino, l’approche de Pierpaolo Piccioli se précise : puissante et épurée, mais loin du minimalisme des années 1990. Inspiré par une célèbre séance photo de 1977 de Deborah Turbeville, la collection Hiver 2024 sublimait ainsi les archives tout en se voulant anti-nostalgique…

Le “manifeste” de Pierpaolo Piccioli pour l’hiver prochain se décline ainsi en noir autour de 63 variations, allant de robes noires, de vestes utilitaires robustes-chic à des tenues de soirée en dentelle romantique, signature de Valentino !

 

“Tout peut être un point de départ, qu’on l’aime ou pas, qu’on le trouve stupide, triste, amusant ou politique”. Cette saison, Miuccia Prada et Raf Simons ont puisé dans le nœud les gimmicks de l’Hiver 2024. La collection se distillait ainsi autour de robes droites, ornées de plusieurs nœuds, y compris à l’arrière des jupes faites d’un tweed robuste à l’avant et de soie brodée à l’arrière… Sur la tête, la casquette militaire en plumes confirme la pertinence du joli-laid Prada !

Chez Saint Laurent, Anthony Vaccarello explore la transparence de l’iconique blouse see-through dans une collection saisissante. L’actuel directeur artistique se repose ainsi sur l’attrait de Monsieur Saint Laurent pour la transparence pour réfléchir sur l’omniprésence de cette tendance dans notre culture…

La collection présente ainsi une série de silhouettes impeccablement contrôlées, avec des blouses see-through, des jupes crayon, et des robes drapées, déclinées dans une palette allant du taupe au vermillon en passant par l’olive et le chocolat. Le chic parisien à son sommet !

Chez Schiaparelli, Daniel Roseberry explore le surréalisme signature dans un tailoring renouvelé, à l’image du costume tweedé au look masculin à la cravate en natte… Les associations inattendues, comme un corset avec un pantalon ultra-oversize maintenu par un bandana, témoignent d’une volonté de mélanger les genres et les formes.

Les robes en jersey stretch avec un effet trompe-l’œil de justaucorps et leurs équivalents de soirée perles… Les accessoires, tels que les baskets montantes aux orteils moulés et les talons en forme de “S” décorés de strass donnent encore plus de twist à cette dimension de sur-réalité quotidienne !

Demna aime jouer avec la mode, en expérimentant des créations qui reflètent à la fois la perfection et l’imperfection, symbolisant la condition humaine face à la perfection inatteignable. Cette saison pour Balenciaga, il vise l’exploration dans des pièces audacieuses, telles des tenues cintrées avec du ruban adhésif, une robe cocktail constituée d’un boa, de bikinis, de sous-vêtements et de sous-robe, ou encore une robe de soirée entièrement composée de soutiens-gorge… Une collection qui met en lumière son approche expérimentale et déconstruite de la couture !

Chez Balmain, Olivier Rousteing a consacré sa collection à sa ville natale de Bordeaux, un hommage non seulement à ses racines. Une collection qui s’inscrit aussi dans la continuité du défilé masculin du mois dernier, tiré de l’héritage africain de Rousteing…

Cette saison donc, le produit le plus iconique de Bordeaux, ses vins, se reflète dans l’abondance dionysiaque de raisins qui parcourt la collection – sous forme de sacs, incorporés dans le design des robes en cuir à peplum, brodés sur des bustiers, imprimés sur des robes et des trenchs en soie, et tissés dans des robes à ourlet à volants…

La coquille d’escargot, référence à la gastronomie, avec sa spirale, est notamment transformée ici en un plastron doré et fossilisé, ainsi qu’en boucles d’oreilles… Des bijoux inspirés qui habillent un trench déconstruit en un crop top à capuche et une jupe – le tout réimaginé autour de la silhouette Jolie Madame de Pierre Balmain !

Chez Givenchy, toujours sans directeur artistique, le studio de création a signé une collection élégante et dans la tradition du maître de la couture. Incarnée par le look d’ouverture qu’est cette robe de cocktail ornée de perles argentées brodées, traînant un étroit pan de tissu derrière elle, la collection Hiver 2024 pioche dans les archives des silhouettes phares de l’époque du fondateur !

Depuis son arrivée chez Fendi, Kim Jones a été fidèle à une muse, Delfina Delettrez Fendi, héritière de la maison. Avant le défilé, il a réaffirmé son admiration pour elle, citant son chic et sa manière de s’habiller comme une incarnation de l’idée de la “fonctionnalité Fendi“ dans la vie. Le résultat, une collection inspirée par les archives de Fendi de 1984, évoquant les New Romantics et les Blitz Kids au Royaume-Uni, et l’impact culturel des designers japonais à Paris.

La collection, riche de ces diverses influences offrait ainsi l’influence japonaise dans la précision et la forme de la couture et des chemises impeccables. L’esprit anarchique de Leigh Bowery était présent, lui, dans les broderies à pois et les capuches; tandis que l’âme romaine de Fendi transparaissait dans les images de statuaire classique intégrées dans des pièces faussement sages…

Chez Versace, ce sont les filles rebelles et les garçons timides et souvent géniaux qui ont inspiré la collection de Donatella Versace. Emportée par la muse Siouxsie Sioux et sa rébellion en bande-son, doublé du regretté Prince, dont la veste ajustée aux épaules larges conçue par Versace pour magnifier sa silhouette menue à ici inspirée la coupe des silhouettes Versace de l’hiver 2024.

Avec des coiffures punk et un maquillage appuyé, le style Versace a flirté avec l’irrévérence – mais une irrévérence doublé d’un savoir-faire exquis, puisque ce sont les tissus de l’Atelier Versace, réinventés en tweeds enrichis de cristaux qui taillaient ces ensembles mini-jupes et vestes associées à des leggings à étriers et des ballerines… Pour tous les genres !

Chez Gucci, Sabato De Sarno poursuit son appropriation des codes de la maison dans une collection réinterprétés en rondeurs, et logo Gucci. A noter, le mythique mocassin se perche sur plateformes à bride arrière.

Le changement de direction chez McQueen s’est amorcé avec une collection inaugurale de Seán McGirr, marquée par une silhouette dans un jersey laminé noir brillant… Inspiré par la collection “The Birds” de Lee McQueen du printemps ’95, McGirr explore la notion de silhouette comprimée, la mettant au centre de sa première collection pour la maison.

Peter Mulier l’affirme, pour l’hiver 2024 de la maison d’Azzedine Alaïa, “C’est… comment dire ? Moins sexualisé, mais toujours sensuel.”

Les hommages au style signature d’Azzedine Alaïa étaient bien présent s— dans l’utilisation de pressions dans un motif à pois, dans les bouffées de laine, dans son utilisation du denim pour des jeans curviformes et des motifs jacquard.

Dans un mouvement audacieux vers une esthétique plus épurée, Bottega Veneta sous la houlette de Mathieu Blazy a embrassé une vision de la mode ancrée dans la réalité, s’éloignant des exubérances qui avaient marqué la saison précédente. Cette démarche vers la simplicité ne sacrifie en rien l’excellence artisanale de la griffe, bien au contraire…. Mathieu Blazy maîtrise les détails et innove, notamment par l’utilisation de franges variées et d’un dévoré au fil coupé qui confère à une robe longue en jaune doré un fini rappelant le sable au toucher !

Jonathan Anderson a dévoilé pour Loewe une collection qui captive et fascine, un véritable feu d’artifice créatif. Chaque pièce est un élan rare de créativité, depuis les robes en jersey aux coupes fluides et aériennes, jusqu’aux redingotes et ensembles taillés à la perfection. L’originalité s’invite également à travers des imprimés audacieux de fleurs et légumes, des pantalons ballon sculpturaux, des accessoires injectés d’humour, ainsi que des interprétations magistrales de vestes d’aviateur en peau lainée et de manteaux militaires au double boutonnage en cuir… Comble du génie, un col argenté sur un manteau en cachemire gris, se faisant passer pour de la fourrure, était en réalité en bois sculpté.

Fashion Week Hiver 2024

Daniel Lee a révélé une vision ambitieuse qui embrasse l’éclectisme de Burberry – une maison portée par les têtes couronnées à monsieur X, affirmant ainsi l’aptitude de Burberry à résonner universellement à travers les générations. Cette vision s’est matérialisée dans un cadre spectaculaire : une grande tente Burberry métamorphosée en un pavillon de joute médiévale, un clin d’œil raffiné au logo emblématique du Chevalier Équestre, ancrant ainsi l’événement dans un patrimoine riche de significations.

Le défilé s’est ouvert sur une apparition remarquable d’Agyness Deyn, donnant le ton avec une série de pièces en olive qui dialoguent avec l’héritage militaire, une des fondations de la griffe !

La première collection de Chemena Kamali pour Chloé s’est imposée comme un hommage éclatant à l’esprit bohème intrinsèque à la maison, enrichie d’une série de silhouettes raffinée ! Forte de son expérience chez Chloé, d’abord en tant que jeune créatrice au début des années 2000, puis sous l’égide de Clare Waight Keller, Chemena Kamali a développé une compréhension profonde et nuancée de l’ADN de la griffe. Cette connaissance intime est imbriquée dans la philosophie de Chloé, une vision féminine et spontanée lancée par Gaby Aghion dans les années 1950 comme une révolution décontractée face à la rigueur de la haute couture parisienne !

Puisant son inspiration dans les balaclavas futuristes de Courrèges et une photographie capturant l’essence d’un club de fétichisme londonien des années 1980, Nicolas Di Felice explore la tension entre ce qui est montré et ce qui est caché dans cette collection. Cette démarche crée une allure qui flirte avec les limites de l’intime et du public, invitant à une réflexion sur les désirs individuels d’exposition et de dissimulation. Une célébration de l’érotisme donc, réinventé avec une sophistication qui défie les attentes et transcende les gimmicks rétro, pour offrir une vision renouvelée de la sensualité dans le vestiaire contemporain.

La collection Diesel par Glenn Martens se distingue par une complexité et une intensité de confection qui capte l’essence de son public cible, fidèle à l’esprit innovant et avant-gardiste de la maison. Glenn Martens a mis en avant le talent exceptionnel de Faustine Steinmetz, designer freelance pour Diesel, dont l’apport créatif a été crucial dans le développement des pièces artisanales des quatre dernières saisons. Cette collaboration a donné naissance à des pièces remarquables, telles des motifs argyles synthétiques délicatement effilochés et des tricots tuftés aux nuances patchwork vibrantes, ainsi que des fausses fourrures aux longueurs variées qui jouent sur les textures et les volumes…

Fashion Week Hiver 2024


Dries Van Noten a magistralement baptisé sa dernière collection “La Femme Qui Ose Se Couper Sa Propre Frange”, une évocation poétique de l’audace et de la détermination qui allie douceur et force. Dries Van Noten, réputé pour son approche qui valorise le style individuel plutôt que les tendances de la mode, a dévoilé pour l’automne 2024 une série de pièces qui défient les attentes par leur combinaison inédite de matières et de textures. L’alliance du tissu de sweat gris marl avec l’éclat des sequins iridescents, et de la soie lavande avec le caractère brut du jean délavé, incarne cette vision finalement signature de Dries Van Noten.

Fashion Week Hiver 2024

La première collection sous la direction créative de Appiolaza chez Moschino marque une transition audacieuse et réfléchie par rapport à l’ère de Jeremy Scott, célèbre pour son approche flamboyante et souvent provocatrice. Appiolaza embrasse ainsi une vision plus large et nuancée, en ressuscitant avec respect des éléments iconiques de l’héritage de Moschino. Parmi ces réinterprétations, l’emblématique imprimé nuage de 1985 fait un retour remarqué, accompagné d’une touche de bonne humeur avec un smiley éclatant sur un blazer jaune, un ensemble jupe-tailleur en tweed noir et blanc rappelant les codes classiques de la maison, ainsi que des pièces ornées de slogans appelant à l’amour et à la paix…

Fashion Week Hiver 2024

Pour la collection Hiver 2024, Casey Cadwallader a insufflé à Mugler un esprit théâtral flamboyant, s’inspirant de l’impact viral qu’a eu Zendaya dans l’iconique armure robotique “Maschinenmensch” de la collection haute couture automne/hiver 1995 de Mugler, lors de la première londonienne de “Dune 2”. Animé par le désir de recapturer le sens du spectacle qui a fait la renommée de Thierry Mugler, surnommé le “créateur de choc”, Casey Cadwallader a cherché à susciter émotions et admiration, se détachant ainsi des présentations plus mesurées adoptées par d’autres marques.

Puisant dans les riches archives des collections vampiriques des années 80, il a donné la priorité à des tenues de soirée exaltantes, délaissant le prêt-à-porter quotidien pour embrasser pleinement le luxe et le spectacle… Un hommage vivant à l’héritage de la maison, tout en affirmant la vision de Casey Cadwallader d’un glamour audacieux et innovant !

Fashion Week Hiver 2024