Le Rose Shocking de Schiaparelli Brille à Nouveau Place Vendôme

Sous ses doigts, bon nombre d’artistes voient leurs créations se déployer en 3D, à l’instar de Dali et de la « robe homard ». Elle marque son temps en provoquant, en osant, en empruntant les voies d’un avant-gardisme humoristique. De fait, son nom se lie sans conteste à une couleur phare : le rose shocking, nom qu’elle donna à son parfum dont la bouteille en forme de buste féminin fit parler de lui. La cape Phoebus, de la collection Astrologie datée de 1938, incarne à la perfection l’idée de la femme extravagante, active et élégante que dépeint Schiaparelli. Teintées de ce fuchsia vif, les broderies Lesage dessinent un soleil d’or, de sorte que la femme irradie de son passage la rue comme l’imaginaire des passants qui la croisent.

Lancée en 1928, la maison ferme ses portes en 1954 suite à l’exil de la créatrice aux États-Unis. Pendant dix-neuf ans, cette écriture innovante ne signera plus de défilé, jusqu’à la reprise de la maison par Diego Della Valle, qui depuis huit ans tente de faire revivre l’âme de la « créatrice de robes ». Marco Zannini, nouveau directeur artistique, nous offre aujourd’hui le plaisir de retrouver cette part d’une révolution des années 30, cet anticonformisme qui finalement nous manque encore à l’heure actuelle. De fait, les codes de la marque sont repris sans s’attacher de façon littérale aux archives. Le rose shocking invite à entrer sur la piste aux étoiles via un tapis de cette couleur explosive et se niche dans les détails imprimés d’une robe de soie bleue nuit. Les illustres chapeaux couronnent les têtes de mannequins de toutes générations et la qualité s’affirme par le travail des anciennes maisons spécialisées auxquelles faisaient appel la marque, à savoir : le brodeur Lesage, le plumassier Lemarié, la maison Fabre pour les gants et Stephen Jones pour les chapeaux. C’est de par le détail de la mise en scène et le soin pris à éveiller la créativité et l’imaginaire de chacun qu’une nouvelle page du symbolisme Schiap’ s’écrit enfin, restant tout de même en prise avec son histoire grâce à la vente aux enchères de ses collections mode et art chez Christie’s le 23 Janvier, par sa petite-fille Marisa Berenson, décidée à livrer au monde la vision si colorée de cette artiste de la mode.