La Mode et Newton : L’Objet du Désir et l’Homo Faber

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Le travail de Newton est qualifié de sulfureux, d’obsessif quand il n’est pas jugé provocant. C’est que le prisme à travers lequel est vu son oeuvre fait abstraction de sa devise : dans la photographie, seuls le bon goût et l’art sont obscènes. Sa patte sensuelle à l’atmosphère dramatique, son utilisation de la lumière et de poses non-conventionnelles font de ses clichés des topos de la sexualité suggérée et de l’ultra féminité. Sa façon exacerbée de narrer le rapport à l’argent, le sexe, les rapports de classe, le place rapidement dans la non-catégorie des photographes dépourvus de langue de bois. A la façon d’un insatiable expérimentateur, il tire son inspiration de la peinture classique. Quand il magnifie les vices, c’est pour mieux les dévoiler, sans excès. Jouant à l’envie de la nudité, il crée sa propre forme et, lorsqu’il rencontre l’univers de la Mode, c’est non sans cynisme qu’il avoue : « J’aime la mode parce que je trouve cela érotique et parce que ça rapporte de l’argent. Or, j’adore l’érotisme et j’adore gagner beaucoup d’argent ». 

Il ne s’adaptait pas. Ni aux conventions, ni aux couturiers. Yves Saint Laurent, soumis à son esthétique, découvre avec une splendide volupté son univers viscontien en 1975. Son smoking qui est en fait un costume pantalon à fines rayures est alors capturé sur les épaules du modèle Vibeke, rue Aubriot, à Paris, pour Vogue. Dès lors, la mode est appelée à sortir des studios. Mieux : sur ce cliché, il donne le droit aux femmes de choisir leur sexualité, car c’est bien en présence d’une autre femme que l’une pose dans un vêtement d’homme. Mais en plus de leur passion commune pour les femmes, Helmut Newton semble se rapprocher du travail d’Yves Saint-Laurent par sa volonté affichée de libérer le corps des femmes des certitudes de la morale bourgeoise. Lorsqu’il fait cohabiter les bijoux les plus éclatants avec un poulet rôti, c’est pour mieux exposer la vanité d’une élite. A travers son obsession du nu, c’est toute la puissance et la force du corps féminin qui se révèlent. Les beautés, à son contact, deviennent amazones urbaines, dominatrices, conquérantes, quand elles ne débordent pas d’assurance. 

Au delà du vêtement, Helmut Newton tire, de toute l’ambiguité du subversif, les femmes du statut d’objet photographique pour les placer au rang de celui de sujet. L’exposition est finalement l’occasion de déambuler parmi plus de 100 photographies du photographe allemand ; des images iconiques tirées de ces trois premiers ouvrages : Sleepless NightsWhite Women et Big Nudes

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