Le gris Mercedes, couleur phare de l’écurie Allemande, est le fruit du hasard. Enfin, le fruit d’un léger imprévu qui a conduit les bolides Mercedes à prendre le surnom de Flèches d’Argent.
Mercedes: Du Blanc Officiel Au Gris Iconique
L’origine de ce gris Mercedes, devenu l’épitomé du chic des bolides et des berlines signés du savoir-faire du constructeur, c’est dans un épisode étonnant de l’histoire de la course automobile qu’il faut la trouver.
La tradition de course en Europe voulait en effet différencier les écuries par pays. Pour cela, chacun des pays Européens en compétition s’est vu attribuer une couleur. La France avait le bleu, Angleterre avait le vert, l’Espagne avait le jaune, l’Italie avait le rouge… L’Allemagne, elle, avait le blanc.
Si la couleur rouge de Ferrari fut aussi inspirée par cette règle; le gris Mercedes trouve sa source dans une erreur d’appréciation des règles par l’écurie Mercedes.
Nous sommes alors en 1934. Mercedes s’apprête à courir l’Eifelrennen, sur le circuit Nürburgring. Au volant de la monocoque W25, on trouvait alors le pilote Manfred von Brauchitsch… Une monocoque blanche, comme le stipulait la règle du championnat.
Les essais de la course, tenus le samedi précédent le jour J, s’avèrent concluant. Mercedes est confiant quant à ses chances de succès; la monocoque W25 semble convaincre l’équipe et le public ! Vient alors le temps du pesage. Les voitures en compétition de ce GP de Nürburgring devaient rouler dans une configuration admettant une limite de poids infranchissable.
Au pesage, les voitures devaient peser un maximum de 750 Kg — sans essence, huile, liquide de refroidissement et pneumatiques. Mais voilà, la Mercedes dépasse la limite imposée d’un seul kilogramme !
Le directeur de course de Mercedes, Alfred Neubauer, doit alors trouver une solution… En l’espace d’une nuit — la course se tenant le lendemain, dimanche.
Alfred Neubauer se refuse évidemment à toucher à une quelconque pièce de la mécanique. La solution pour se débarrasser de cet excédent de poids doit se trouver ailleurs. Il a alors l’idée géniale de jouer sur la peinture.
Il fait alors poncer la monocoque jusqu’au métal — la peinture blanche ornant la carrosserie de la W25 disparait alors pour laisser place à un gris métallisé !
En une nuit, dans un box du circuit du Nürburgring, la légende du grid Mercedes est en train de s’écrire. Car le lendemain, ce sont bien les trois W25 Mercedes lancées sur le circuit, dont celle menée par le pilote Manfred von Brauchitsch, qui raflent la victoire !
Les Mercedes sont si vives et éclatantes avec ce gris métallisé, filant à vive allure, que la presse Allemande les surnomment Silberpfeil. Autrement dit, les Flèches d’Argent.
Entre 1934 et 1939, Mercedes et ses Flèches d’Argent dominent les Grands Prix. La légende est faite — le gris Mercedes devient indissociable de ces succès fulgurants !
L’Après Guerre: Le Gris Mercedes en F1
Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les championnats de course automobile reprennent de plus belle avec un nouveau Championnat du Monde de F1. Et la domination de Mercedes aussi. Les Flèches d’Argent vont littéralement rafler la première place à de nombreuses reprises.
En 1954, au Grand Prix de France, Mercedes introduit la Mercedes W196. Un bolide étonnant pour l’époque, qui se distingue par une aérodynamique très soignée. Sa couleur? Argentée, évidemment. Ce gris Mercedes fait alors écho aux grandes heures des Flèches d’Argent d’avant-guerre.
Mais en 1955, un drame d’une violence inattendue va mettre un terme à l’implication de Mercedes en F1. C’est au Mans, lors des 24Heures, que va se jouer l’un des drames les plus importants de l’histoire de la F1. Et Mercedes est directement impliqué…
La Mercedes 300 SLR, conduite par le pilote Français Pierre Levegh, file alors, éblouissant le public de son gris argent. Mais à la fin du 35e tour, la Mercedes percute l’Austin-Healey de Lance Macklin. Propulsée à une centaine de km/h, la Mercedes décolle et quitte le sol à plus de 200 km/h ! Débordant le talus de protection, elle explose en retombant au sol — propulsant des éléments lourds du véhicule sur le public.
84 morts (dont le pilote français Pierre Levegh) et 120 blessés sont à dénombrer. Le choc est tel que Mercedes se retire de la compétition… Le constructeur Allemand ne sera de retour aux 24 Heures du Mans qu’en 1996.
Mercedes: Le Retour en F1
Le championnat de F1, Mercedes le retrouve après 55 années d’absence. C’est en 2010 que Mercedes renoue en effet avec le statut de constructeur en F1. Et quel retour !
Les Flèches d’Argent semblent invincibles — Mercedes domine le championnat du monde sans interruption depuis la saison 2014. Avec Lewis Hamilton, Mercedes établit ainsi de nouveaux records à l’histoire sensationnelle de la F1.
En 2015, les Flèches d’Argent signent 16 victoires et 18 pole positions sur 19 courses. A 32 reprises, c’est un pilote Mercedes qui est monté sur le podium. 12 doublés, et le titre des constructeurs remportés — Mercedes semble plus que jamais de retour.
Les chiffres parlent en effet d’eux-mêmes: Mercedes compte à son actif 106 victoires remportées en 214 GP disputés, en 13 saisons seulement. Reste à voir si la domination sera maintenue ce dimanche au GP de Monaco — le départ est prévu à 15H.