L’héritage surréaliste d’Elsa Schiaparelli est adroitement réinventé par l’actuel directeur artistique de la maison, Daniel Roseberry.

« J’aime vraiment la liberté dans laquelle Schiap a exploré les choses. Vous savez, alors que Chanel fabriquait des boutons en double C, un exercice de branding, les boutons de Schiap’ étaient des cacahuètes, des clés et des marteaux, des oiseaux et des insectes. C’est une sorte de gymnastique référentielle que nous pouvons avoir ici, du moment qu’elle fait partie d’un monde et d’une langue. Les gens savent qu’ils peuvent aller ailleurs pour des designs plus polis. » Daniel Roseberry a ainsi pris le parti de mettre en exergue l’exubérance et la créativité appliquée de la fondatrice.

Une vision où, cette fois, le surréalisme Schiaparelli abouti à des trompe-l’oeil mêlant les bijoux comme imaginés par Dali pour la maison et des détails anatomiques… Le tout posé sur des pièces justement casual.

Des éléments anatomiques, ainsi coulés dans un or grandiloquent, se posaient sur des pulls en maille torsadée — une figure inspirée par une paire de lunettes Man Ray des années 30…

Des boutons fous d’inventivité fermant une combinaison en denim. Daniel Roseberry a signé pour le prêt-à-porter Schiaparelli des exubérances portables en somme.

« Cette fascination pour les parties du corps s’étend à nos pièces ornées de seins. Parfois, comme dans la paire de poitrines en cuir matelassé doré sur un pull en laine tricoté main couleur crème, elles sont souples et douces. D’autres fois, comme dans les bralettes en cuir moulé, elles sont plus dures, une sorte de protection: sérieuse avec un sentiment de conscience de soi. Dans les deux cas, ils rendent hommage au corps lui-même – sa belle qualité sculpturale, ses formes merveilleuses. Elsa Schiaparelli pensait que l’anatomie n’était pas seulement un point d’inspiration, mais un terrain de jeu. Je le crois aussi. Cette combinaison d’esprit et d’émerveillement est ce qui a défini son travail – j’espère que cela définit aussi le mien. »

Il est en effet évident, lorsque l’on feuillette les archives d’Elsa Schiaparelli, que la couturière voulait dépasser la notion du vêtement comme ses amis surréalistes ont cherché à dépasser la notion de réalité en peinture. Et la lingerie imaginée par Elsa Schiaparelli allait justement en ce sens.

Daniel Roseberry, lui, extrait jusqu’à l’essence même de l’anatomie pour la projeter hors des sous-vêtements — dans des pièces au surréalisme désirable car finalement pragmatique !

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