Le Normandy Hôtel, Deauville

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Les premiers galons de la côte normande sont déjà posés quand les élégantes parisiennes en font un podium lors de leurs échappées. Alors, elles amènent à Deauville les objectifs des photographes de gazettes. La ville émerveille et, lorsque l’on pense à l’hôtel Normandy, on réalise l’exploit de François André, celui qui impulsera sa création en 1912 : la richesse architecturale traditionnelle de la région normande – style manoir anglo-normand – conjuguée à la grandeur de la Belle-Époque, à travers un assortiment de colombages vert pastel et de damiers de pierres, de quoi donner vie à un idéal romantique, onirique et fantasmé.

En 1913, une boutique ouvre, sous la houlette de Boy Capel, entre le casino et l’Hôtel Normandy ; un store à rayure annonce – Gabrielle Chanel – sans doute une chapelière modiste. Alors même que la première guerre mondiale éclate, les créations innovantes, souples et élégantes – déclinées en polos, courtes jupes plissées et pyjamas de plage – attirent à elle une clientèle, chaque été, toujours plus nombreuse. La boutique ne désemplit pas quand le sable mouillé des plages amène à l’esprit de la modiste la couleur dite “Beige Chanel”. Ce beige qui rappelle les planches – voie sur mer construite en azobé dans les années vingt – où il est bon d’être vu. Ces planches qui rappellent le cinéma… Alors que la guerre du Vietnam scandalise l’opinion française, le journaliste André Halimi, le publicitaire Lionel Chouchan, puis le propriétaire du Normandy hôtel, Lucien Barrière, brûlent d’envie d’organiser une manifestation où serait célébré le nouvel Hollywood.

Septembre 1975, le premier festival du cinéma américain est intronisé. Seulement, aucun américain n’est présent. Et Chouchan vise juste, en introduisant le concept des “hommages“ : très vite, Gregory Peck ou Kirk Douglas foulent le sol normand. Peu à peu, c’est une manifestation conviviale qui s’y joue, notamment dans les murs du Normandy qui, avec la tradition, héberge les membres du jury et les personnalités françaises. Tout le monde discute avec tout le monde, dans une émulsion fraternelle, amicale, et, créative. Assurément, Deauville et le Normandy n’ont pas fini de servir l’Art avec le Festival du Cinéma américain.

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