La femme qu’elle représente sera émancipée, habitée plus qu’habillée. Sonia Rykiel, préoccupée par l’égalité et la liberté sublimera, entre autres le non fini.
Elle, surnommée « la reine du tricot » par les Américains l’impose comme matière olympienne. La « nouvelle Chanel »1 qui ne peut adorer qu’un vêtement à la fois, le pense comme moyen et non comme une fin. La mode Rykiel, c’est quelque chose qui se joue, c’est l’histoire d’un soi que l’on connaît et qui se crée à travers le vêtement et l’héroïne que l’on peut y incarner. « Sonia Rykiel, créatrice qui mit la mode à l’envers » ?
L’amplitude de son talent se mesure dans la maille : l’ « accident du pull ». Rykiel voulait un vêtement agréable à porter, un pull à ses mesures qui, soumis à son exigence, fit sept fois l’aller-retour Paris/Venise. Sonia ne cesse de corriger : creuse la manche, moule les bras, réduit la longueur du buste pour allonger ses jambes. Porté à même la peau, ce sera sa seconde peau.
Décembre 1963, Françoise Hardy immobilise le pull à rayures, sur la couverture glacée du Elle ; la signature Rykiel est apposée. Libérée des cols étouffant la gorge – siège de l’expression – la langoureuse se veut désinvolte : incarnée par « Lady Hardy », son insoumission est néanmoins adoucie par le charme des rayures puérilement teintes. La laine devenue parure de la parisienne quand les rayures viennent « bayader » la conventionnelle morosité des visages figés, répétée sur le Catwalk. D’emblée les techniques de la maille se sont imposées comme les caractéristiques majeures du style Rykiel. Le secret : les manches montées très haut sur l’épaule. Et très vite, l’allure Rykiel devient le négatif fixe d’une modernité cristallisée par Mai 68, lassée d’une mode convulsive.
Son vestiaire délivre la citoyenne du monde des engouements ; sa grammaire donne les armes à la rebelle qu’est la femme pensée mais surtout incarnée par Sonia Rykiel. Mieux encore, c’est cette création, le pull à rayures, imaginé pour sa seule satisfaction, qui provoquera sa vocation.
Car partout désormais on s’habille de tricot, Sonia Rykiel transforme ses clientes en femme libre car sa force et sa puissance sont d’avoir crée les artifices d’une mode devenus de véritable artefacts.2
1 Patricia McColl, »Rykiel. Queen of the Sweaters », Women’s Daily, 20 avril 1972.
2 Sonia Rykiel exhibition, sous la direction d’Olivier Saillard, les Arts Décoratifs, musée de la mode et du textile, Paris, 2008.
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