Célébré au Louvre à Paris et au Centre Pompidou, peintre préféré de ses pairs — Pierre Soulages (1919-2022) a fait du noir Soulages sa signature dans la peinture… Révolutionnant le monde de l’art et de la peinture par une approche solaire du noir plus noir que le noir.
Le Noir Soulages : L’Outre-Noir
Le Noir Soulages, c’est la rencontre d’un artiste avec sa vision — l’histoire d’un chercheur d’art qui n’a jamais cessé de l’explorer, cette même vision. Pierre Soulages a été le peintre du noir plus noir… Un peintre ayant révolutionné la peinture par ses abstractions épurées, mettant en scène la rencontre de jeux élégants entre le clair et l’obscur en jouant exclusivement sur des traits de couleurs noirs — irréguliers, ils captent ainsi la lumière pour devenir un noir solaire.
Dans ses œuvres réalisées en noir, Pierre Soulages applique des traits épais qui, se détachant sur des fonds plats, viennent rencontrer des morceaux de toiles monochromes retirés alors que la peinture est encore humide… Les toiles de Pierre Soulages semblent texturales, voire sculpturales.
« Cela se passe entre la surface du tableau et la personne qui se trouve devant » a un jour confié Pierre Soulages dans une interview.
Pierre Soulages explore le noir dans la peinture depuis 1979. Et il est l’un des rares artistes contemporains à avoir eu les honneurs d’une rétrospective au Louvre Paris. Peintre du noir absolu donc, l’artiste qui vient de nous quitter est une icône de l’art. Et c’est la toile Peinture, 21 novembre 1959 qui a elle seule capture, résume et démontre tout l’étendu de la vision artistique de Soulages.
La Toile Peinture, 21 Novembre 1959 : Oeuvre Iconique du Peintre Pierre Soulages
Vendue en 2017 par Sotheby’s à Londres à 6,1 millions d’euros, l’oeuvre Peinture, 21 Novembre 1959 pulvérisait un nouveau record dans le monde de l’art.
Le noir comme source de lumière, Pierre Soulages y travaille depuis ses premières œuvres pour lesquelles il utilise déjà des surfaces peu ordinaires comme le verre ou le papier. Le peintre s’inspire tout à la fois du cubisme et de l’écriture cunéiforme, comme sur la toile Goudron sur verre 45,5 X 76,5 cm, 1948 où le mouvement du pinceau semble être une référence à la calligraphie japonaise.
Sous le pinceau du maître Soulages, le blanc d’une toile se noircit en effet mais seulement pour mieux souligner le passage de la lumière sur la surface.
Dans Peinture 220 x 366 cm, 14 mai 1968 , Soulages recouvre d’outre-noir la surface de son tableau avec détermination et vigueur. Pourtant, c’est bien la blancheur de la toile que l’on remarque tant elle semble s’infiltrer par interstice entre ces larges bandes de bleu sombre qu’elle perce de son éclat.
Finalement, ce jour de 1979, l’évènement qui marqua le travail du peintre changea l’histoire de l’art. En 1979, Soulages s’appliquait, s’acharnait en effet à travailler le noir des heures durant, sans résultat. Frustré, il quitta son atelier pour plusieurs heures. À son retour, c’est le choc. « Le noir avait tout envahi, à tel point que c’était comme s’il n’existait plus ». Il appellera cette expérience « l’Outre-noir », « le noir qui, cessant de l’être, devient émetteur de clarté, de lumière secrète. »
Il a défini l’outre-noir, l’absence de couleurs et pourtant, c’est à partir de cette absence que le maître a créé de l’éclat. Pierre Soulages l’a prouvé : rien ne s’oppose à la lumière.