Toute l’évidence du style Balmain repose en ce que le couturier a su suivre son époque, parfois même la devancer. Premier des grands couturiers Parisiens de l’après-guerre à ouvrir sa maison, Pierre Balmain s’impose très vite dans les vestiaires les plus prestigieux de la planète grâce à une griffe renouant, sans opulence, avec la Haute Couture d’avant-guerre. Dans cet esprit, le style Balmain, c’est d’abord cette femme redimensionnée autour de ce qu’il nomme volontiers les ‘bonnes carrures’. L’idée est aussi simple que sublime : redonner à la femme sa puissance de séduction sans oublier de célébrer une position nouvellement acquise, égale à celle des hommes. C’est ainsi que la grammaire Balmain parvient à séduire les femmes d’une nouvelle trempe, des têtes couronnées du monde entier aux actrices et autres super-stars d’une époque ! Lorsqu’en 1970, la société s’engouffre dans un bouleversement social, Pierre Balmain est comme au fait des nouveaux besoins et désirs des femmes – son évolution stylistique favorise alors le néo-classicisme de la coupe, toujours aussi sobre et mathématique, et c’est dans l’art et l’avant-garde qu’il va puiser l’inspiration de ses imprimés.
Il faut dire que le couturier est tout à la fois un amoureux de l’art et un collectionneur avisé. Fasciné par les arts graphiques, l’art arabe tout d’abord trouve une connotation particulière dans l’esthétique Balmain. Les Arabesques étaient pour lui au cœur même de ses lignes. D’ailleurs, la collection de montres la plus mythique de la griffe n’est-elle pas devenue iconique par ce motif arabesque qui lui donne son nom? L’art mandarin aussi trouve une place particulière dans les compositions de la maison, et notamment l’exercice qui magnifie les représentations florales et végétales, stylisées ou réalistes…
Des vases du verrier Emile Gallé qu’il possède, Pierre Balmain tire aussi la puissance et la délicatesse d’imprimés floraux ; les vases de Tanagra tout fait en noir et jaune lui ont plus d’une fois inspiré des compositions de ton et de broderie. Et la grammaire Balmain est souvent celle de toilettes d’apparat – parmi les fidèles de la maison, la reine Sirikit de Thaïlande lui commande chaque année sa garde-robe. A la fin des années 60, la géométrie de l’Op Art trouve un écho particulier dans ses créations ; à l’instar du puzzle multicolore des imprimés géants en vogue dans les années 70.
Ce graphisme emblématique est encore aujourd’hui au cœur des collections Balmain. Pour sa collection Automne/Hiver 2012, Olivier Rousteing explore ainsi le mélange des coupes architecturales et d’inspirations graphiques . La broderie, héritée du fondateur, est ici le prétexte d’exploration graphique, mais l’Op art est bel et bien représenté dans chacune des collections. Il n’y a qu’à voir celle du Printemps/Eté 2013 , la seconde de Rousteing au rôle de directeur artistique, pour se rendre compte de l’impact inexorable de l’Op art sur la griffe Balmain.
D’ailleurs, nombre de ces micro-robes ultra-graphiques sont devenues entre temps des icônes incontestables de la mode. Dans l’héritage graphique de Pierre Balmain, il pioche aussi le puzzle multicolore et l’inspiration de lignes comme celles dépeintes par Mondrian – comme pour le Printemps/Eté 2015 . Une façon de définitivement ancrer le glamour des graphiques emblématiques de Balmain au delà des modes !
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