Jean-Luc Godard a donné à son époque une signature. Visuelle, esthétique et cinématographique — l’alliance entre le cinéma et la mode, à la Godard, c’est une influence qui a transcendé les années 60 pour distiller toute sa fougue aujourd’hui encore !
L’Empreinte de Jean-Luc Godard dans la Mode
Dans la mode, comme dans le cinéma, Jean-Luc Godard a érigé une nouvelle esthétique d’élégance en redéfinissant les canons traditionnels… Comment?
Godard : L’Écran Comme Toile de Style
Jean-Luc Godard, c’est incontestablement l’un des cinéastes les plus influents de la Nouvelle Vague. Et il s’est aventuré dans le monde du septième art pour insuffler une nouvelle forme d’élégance à l’écran, unissant le style de la jeunesse parisienne avec la narration cinématographique.
Connu pour sa vision novatrice du cinéma, il a souvent utilisé l’écran comme une toile… Dans ses films iconiques comme À bout de souffle (1960) et Pierrot le Fou (1965), Godard a créé des looks qui reflétaient à la fois le style de son époque – les années 50 et 60 – et l’individualité de ses personnages… Et ces silhouettes sont devenues iconiques dans la mode, aussi !
La mini-jupe, le trench, la ligne A… Les cheveux courts, sont autant de symboles de l’émancipation de la jeunesse des années 50 !
Un propos qui en rejoint un autre… C’est par le cinéma que peut être imposée la mode aujourd’hui » tranchait Coco Chanel dans La Revue du Cinéma en 1931. Et il est vrai que la silhouette moderne et épurée de Coco Chanel a beaucoup inspiré La Nouvelle Vague, Godard en tête.
Ces cinéastes étaient fascinés par l’épure Chanel. « Tout le cinéma a envie de s’habiller chez Chanel » peut on lire dans le magazine Elle de novembre 1958. Et c’est le cas !
D’ailleurs, le lien entre Chanel et Godard se file un peu plus encore. Car c’est bien Coco Chanel qui baptisa Hanne Karin Bayer de son nom de scène. La muse, actrice et épouse de Godard, Anna Karina…
Godart et la Mode : Fusion !
Le style distinctif des personnages de Godard a inspiré des pièces qui sont devenues emblématiques. Le trench-coat porté par Jean-Paul Belmondo dans À bout de souffle est devenu un incontournable du vestiaire masculin, symbolisant l’élégance désinvolte.
Comment ne pas penser, aussi, au style de Jean Seberg dans ce même chef d’œuvre. Un style caractérisé par des marinières, des trench-coats et des lunettes de soleil cat-eye qui a trouvé un écho incommensurable dans la mode de l’époque, chez les designers, et dans la mode contemporaine !
Son T-shirt estampillé “New York Herald Tribune”, porté dans le film, a été ainsi repris par nombre de maisons de mode !
On pense aussi au bandeau porté par Brigitte Bardot dans Le Mépris… Autant de pièces qui ont incarné l’esthétique bohème et insouciante de la Nouvelle Vague !
Autant de références mode qui sont une célébration de l’iconographie de Godard, et qui témoignent de son influence sur la culture ! Pour Agnès b, c’est d’ailleurs l’anticonformiste essentiel du style Godard qui forge ce look iconique.
“Depuis des éternités, la mode lutte contre l’éternité“, écrivait, non sans ironie, Jean-Luc Godard dans l’un des films publicitaires qu’il réalisa en 1987 pour la marque de prêt-à-porter Marithé + François Girbaud.
La jupe écossaise de Chantal Goya dans Masculin féminin en 1966… les images de Godard sont indéniablement inscrites au cœur du langage de la mode, lues, relues et détournées de saison en saison.
En 2019, Virginie Viard, directrice artistique de Chanel, présentait ainsi une nouvelle collection printemps/Eté 2020 inspirée de la Nouvelle Vague. L’esprit de cette collection, avec ses tailleurs en tweed revisités en combishorts colorés, offre un exemple de l’intemporalité du style Godardien !
Le Style Godardien : Pure et Essentiel
Le style de Jean-Luc Godard est empreint d’une esthétique intellectuelle et décontractée — une esthétique finalement très Rive Gauche.
Les costumes bien ajustés, les lunettes de soleil audacieuses et les gestes délibérés de ses personnages ont créé un langage visuel distinctif…
Un langage qui a accompagné les révolutions de l’époque. Parmi les films iconiques de Jean-Luc Godard que sont À bout de souffle et Le Mépris, chacun porte un versant différent.
À bout de souffle a établi la Nouvelle Vague comme un mouvement cinématographique révolutionnaire, tandis que Le Mépris, lui, a exploré les dynamiques humaines et les codes de l’industrie cinématographique elle-même.
Car l’une des signatures les plus marquantes des films de Jean-Luc Godard est sa capacité à créer des scènes qui transcendent l’écran et laissent une empreinte indélébile dans la mémoire collective. Parmi ces moments mémorables, on ne peut que penser immédiatement à la course dans le Louvre dans Bande à part (1964).
Dans cette séquence, les personnages Arthur (Claude Brasseur), Franz (Sami Frey) et Odile (Anna Karina) se lancent le défi audacieux de traverser le Louvre en un temps record. Cette scène illustre parfaitement comment Godard fusionne l’art, la culture et la vitalité de la jeunesse au sein de son cinéma.
Le style d’Anna Karina, avec ses jupes, gavroches et chaussettes hautes dans Bande à part, a notamment laissé une empreinte durable sur nombre de personnalités de la mode — à l’instar de Michèle Lamy, muse et productrice de la maison Rick Owens.
Alors que les personnages qu’il a créés pour ses films sont devenus des icônes de mode, Jean-Luc Godard lui-même a suscité l’intérêt de l’industrie. En 2019, il a récréé son propre atelier pour la fondation Prada, à Milan. Un an plus tard, il a été mis en scène dans la série “Portrait of an Artist“ réalisée par Hedi Slimane pour la maison Celine. Dans ces photographies, il portait un fedora à large bord et un blazer rayé — référence directe à l’âge d’or du cinéma.
L’approche unique de Godard en matière de cinéma a évidemment influencé une génération de réalisateurs et de créatifs. Des cinéastes contemporains tels que Quentin Tarantino et Wes Anderson reconnaissent volontiers l’impact durable de Godard sur leur travail…
Mais le travail de Godard, c’est aussi une empreinte dans l’univers de la musique ! A travers son documentaire expérimental intitulé Sympathy for the Devil (1968), centré sur le légendaire groupe de rock, The Rolling Stones, il offre une exploration cinématographique unique et audacieuse de la création artistique, de la musique, de la mode et finalement un projecteur inouï sur la culture des années 1960 ! Une culture qui abreuve peut être plus que jamais notre époque.