Haute Couture 2024 : Les Collections Iconiques

Haute Couture 2024 : Les Collections Iconiques

La semaine de la Haute Couture 2024 vient de se refermer en inscrivant quelques unes des maisons au firmament de l’artisanat. Zoom sur les collections et les codes signatures des grandes maisons de la couture parisienne ! 

Haute Couture 2024 : Les Collections Des Membres Et Des Invités De La Fédération De La Mode Et De La Couture

Lorsque l’on pense couture, la première maison qui vient en tête, c’est évidemment celle de Christian Dior. Dans un contexte marqué par le « luxe discret » Maria Grazia Chuiri a cherché à démarquer sa vision dans une collection Dior Haute Couture 2024 comme « une conversation entre deux tissus apparemment contradictoires. »

Dans cette collection, c’est le moiré qui tient lieu de contraction, Maria Grazia Chuiri indiquant : « Je n’avais jamais utilisé le moiré auparavant, je l’associais davantage au design d’intérieur. Mais j’ai découvert qu’il possède une palette de couleurs incroyable, et que son motif, selon la lumière, offre une perspective différente sur la broderie. »

Et toute la collection Dior Haute Couture 2024 est partie d’une inspiration — une robe en moiré gris tourterelle nommée Cigale, issue de la collection ‘Profile’ de 1953 de Christian Dior.

Filtrées à travers une réinterprétation habile des silhouettes des années 1950 de Christian Dior, ces matières donnaient ainsi vie à des robes somptueuses — simples et splendides !

Virginie Viard pour Chanel a magistralement capturé l’essence de la légèreté, de la beauté et de la frivolité, véritable ADN de la couture de la rue Cambon. Sans se conformer à un thème unique, Viard s’est laissée inspirer par le monde du ballet, donnant naissance à une collection qui célèbre la légèreté et le mouvement.

Le défilé s’est ouvert sur une silhouette qui rendait hommage à Gabrielle Chanel elle-même — Margaret Qualley, actrice et égérie de la maison, a fait une apparition remarquée dans un ensemble iconique… Un col Pierrot en chiffon flottant sur une veste en tweed crème, complété par une jupe pelmet courte surplombant une jupe en tulle blanc plus longue et des collants épais blancs.

La collection s’est ainsi déroulée autour d’une installation impressionnante en forme de bouton Chanel, signature de ce savoir-faire. La palette de la collection oscillait entre les teintes signatures, le blanc pur et le noir, et des pastels… Une fusion de l’histoire de Chanel avec une sensibilité moderne ! 

Chez Schiaparelli, le directeur artistique Daniel Roseberry a mêlé surréalisme, science-fiction et western dans une collection articulée comme voyage vers le futur. 

Côté silhouettes, une robe avec une queue de cheval et un bustier sculpté comme un pod spatial, ont ranimé l’esprit de l’extravagante Elsa  Schiaparelli, fondatrice de la maison. Autre clin d’oeil évident, réalisé au prisme de l’époque — des robes exosquelettes et une colonne vertébrale en 3D, inspirée par la robe squelette iconique d’Elsa Schiaparelli datant de 1938 !

La collection Valentino Haute Couture 2024 était, elle, une célébration de l’art couturier, mêlant tradition et colorisme de haute volée. Pierpaolo Piccioli, connu pour son approche artistique et son dévouement pour l’atelier romain de la maison, a ainsi présenté une collection comme un équilibre parfait entre artisanat exquis et l’innovation stylistique.

Ici, la technique couturière s’efface derrière une apparence d’aisance et d’effortlessness, un principe clé de la couture Valentino. Expérimentation des formes, des volumes, des silhouettes et des coupes…  Piccioli revisite les basiques du vestiaire comme les blazers, les manteaux, les hoodies et les parkas, pour mieux les transformer en « objets couture » à travers des associations inattendues et presque paradoxales ! Le tout dans la teinte signature de Valentino, le rouge ! 

John Galliano a sans doute créé le défilé le plus iconique de cette semaine de la couture pour la maison Margiela. Le théâtre, l’émotion, la rébellion et les fantasmes historico-romantiques — soit l’essence de la créativité de Galliano — a épousé le coeur de la couture de la maison Margiela : la déconstruction. 

Inspirée des portraits des années 1920 et 1930 du photographe Brassai, capturant l’aspect nocturne et underground de Paris, la collection Margiela Haute Couture 2024 a fait la part belle à des transpositions dans la coupe, la corseterie ultra-extrême, les hanches rembourrées, des robes en dentelle érotiques, et des coiffures et maquillages masqués de chiffon extravagants !

Chez Fendi, Kim Jones a articulé sa collection Haute Couture 2024 autour du graphisme et du minimalisme — s’inspirant de l’héritage de Fendi sous Karl Lagerfeld, caractérisé par des éléments tirés du mouvement artistique futuriste.

Haute Couture 2024

Une collection à l’allure graphique plutôt que romantique, qui a capté l’essence de ce qu’est la couture Fendi ! On y lit les matières et le vocable de Fendi — sacs baguettes version Haute Couture, forcément plus précieux, la mousseline, matière fétiche de Fendi, et la simplicité élégante qui fait tout le succès de la maison Italienne. 

Depuis plus de trente ans, le duo de designers Viktor Horsting et Rolf Snoeren, les esprits créatifs derrière la maison Viktor&Rolf, n’ont cessé de repousser les limites de la Haute Couture. Connus pour leur approche artistique singulière, ils lient avec brio sérieux, contradiction, improvisation et une touche d’humour dans chacune de leurs créations !

Pour la collection Haute Couture 2024, baptisée « Viktor&Rolf Scissorhands », le duo a incarné une vision punk de la couture, réinterprétant le traditionnel avec une audace sans précédent.

Le défilé se déploie en sept capsules distinctes, chacune débutant par un look de haute couture parfaitement achevé, avant de se voir être comme dépiauté. 

Chaque couche de ces pièces follement audacieuses a méticuleusement été cousue à la main — un processus qui requiert deux jours de travail par couche, cumulant ainsi à 300 heures pour créer un effet visuel étonnant, rappelant les coupes franches d’une bande dessinée !

Haute Couture 2024

C’était la collection la plus attendue : la collection Jean Paul Gaultier par Simone Rocha. Et elle n’a pas déçu ! 

Simone Rocha, avec son approche particulière, a plongé dans l’exploration des thèmes de la féminité, de la sexualité et de la sensualité, tout en y insufflant un caractère ludique et provocateur — signature de Gaultier.

Haute Couture 2024

Ces traits distinctifs de Rocha se manifestaient dans les moindres détails de ses créations : des pointes en satin rubis ornant des pièces de poitrine, des robes pannier transparentes, et un hommage appuyé à la corseterie classique de Gaultier.

Haute Couture 2024

Coup de maître : Simone Rocha revisitant les codes Gaultier à travers la fusion des rayures bretonnes transformées ici en t-shirts composés uniquement de rubans et de nœuds, réinterprétant par là-même l’iconographie des tatouages trompe l’oeil, iconiques de Jean Paul Gaultier !

Elie Saab, maître incontesté des robes somptueuse, a encore une fois démontré son talent exceptionnel lors de sa dernière collection haute couture. Dans un tour de force, 58 des 64 tenues de la collection scintillaient de mille feux, éclipsant presque la sobriété élégante des six autres silhouettes du défilé. 

Ces dernières, dans un contraste saisissant, arboraient des couleurs unies et épurées — trois robes en soie rouge déclinées dans différentes nuances, une robe de bal majestueuse en soie duchesse rose coquille, une création drapée en gazar d’un bleu céruleen profond, et une robe de soirée fluide en lamé chartreuse.

Haute Couture 2024

Alber Elbaz, avec sa maison AZ Factory, avait pour ambition de créer un espace dynamique et innovant, un véritable incubateur pour les jeunes créateurs. Son ambition était de fournir un atelier où ils pourraient non seulement donner vie à leurs rêves, mais aussi repenser le rituel de la couture d’une manière qui résonne avec leur génération. Cette saison, c’est la designer finlandaise Jenny Hytönen, qui a remporté le prix à Hyères, qui a mené la collection AZ Factory… 

Inspirée de sa passion pour le « thrifting », la collection a mené à transformer des vestes militaires en cuir et des manteaux en peau lainée trouvés dans des boutiques caritatives parisiennes en « manteaux scrapbook ». Parallèlement, ses pièces en flou mariaient transparence et texture, comme une robe pêche en mousseline avec des clous dorés et une tige métallique, évoquant une fusion entre l’héritage d’Elbaz chez Lanvin et l’univers du steampunk !

Après près de deux décennies depuis le lancement de sa première collection Privé en janvier 2005, Giorgio Armani continue de redéfinir les standards de la haute couture. Cette saison, il a baptisé sa collection « Haute Couture en Jeu », un titre évocateur qui suggère à la fois un défi lancé à la couture et une célébration de son caractère ludique. 

Armani a manifesté une volonté claire de prendre des risques et d’oser s’éloigner, peut-être, de son style habituel, caractérisé par son élégance intemporelle… La collection se distingue par sa diversité étonnante, comprenant un vaste éventail de 92 looks distincts, chacun conçu pour une femme différente, racontant une histoire unique, sans se limiter à une inspiration ou un thème central. 

Haute Couture 2024

Les silhouettes de la collection varient grandement, allant de lignes fines et épurées à des formes plus volumineuses et extravagantes. Les pièces de soirée, d’une élégance raffinée, se parent de dentelles délicates incrustées de minuscules cristaux, créant un effet de scintillement subtil. À côté de ces créations plus traditionnelles, on trouve des robes plus audacieuses et amples, réalisées en tulle vaporeux ou en mousseline de soie.

Cette approche marque un tournant audacieux pour Armani, qui embrasse la pluralité et l’individualité !

Dans sa nouvelle collection haute couture intitulée « Mirror, Mirror », Alexis Mabille a cherché à capturer l’essence même de l’habillement en tant que rituel privé, un moment intime et personnel entre une femme et son miroir. Cette collection ne se contente pas de refléter le choix des vêtements ; elle plonge plus profondément dans l’intimité de l’acte de se maquiller, soulignant comment ces gestes quotidiens peuvent définir les traits individuels et l’humeur du jour. Mabille reconnaît l’universalité de ce rituel tout en mettant en lumière la variété infinie de ses manifestations, qui diffèrent d’une personne à l’autre selon leur environnement et leur personnalité.

Haute Couture 2024

La collection s’ouvre sur une palette de couleurs douces et délicates : perlière, poudrée, blanc, ivoire, porcelaine et rose pâle. Ces teintes évoluent progressivement vers des tons nude plus profonds au fur et à mesure du défilé.

Parmi les pièces maîtresses de la collection, on retrouve une robe bustier en piqué de soie couleur « poudre de riz », ainsi que diverses robes chemisier, dont une en casimir chocolat et une autre agrémentée de manches chauve-souris.

Pour Giambattista Valli, la haute couture est synonyme d’amplification, un univers où tout est « hors du commun ». Sa démarche créative est une forme d’art, où les formes sont sculptées à travers le drapé, et les volumes naissent en écoutant les murmures des tissus.

Haute Couture 2024

Il perçoit l’art de la haute couture comme une gestuelle et une prouesse technique, un acte magique qui s’ouvre sur « l’infinie beauté de l’inachevé… Giambattista Valli, évoquant les fleurs, les roses, la nature, les décrit comme nobles et éternelles, une source de réconfort pour l’âme. Les volumes exubérants et effervescents de ses créations s’inspirent de la fraîcheur des fleurs et de l’apaisement qu’offre la nature. Un acte magique qui s’ouvre sur « l’infinie beauté de l’inachevé et la beauté inachevée de l’infini ».

Rahul Mishra, puisant son inspiration dans la sérénité de sa maison de vacances nichée près de la forêt himalayenne, a infusé l’essence de la faune diverse de cette région dans sa dernière collection. La curiosité de sa fille, qui s’interrogeait sur la perception souvent négative des créatures sauvages en milieu urbain, a joué un rôle clé dans l’élaboration de cette réflexion.

Dans les coulisses, juste avant le défilé, Mishra partageait ses idées, entouré de mannequins vêtus de robes scintillantes, ornées de motifs tridimensionnels représentant scarabées, papillons et serpents.