Zoom sur le Marcel

Accueil / Prêt à porter / Zoom sur le Marcel
smalllemarcel.jpg

Apparu dans la capitale française à la seconde moitié du XIXè siècle, le Marcel, qui ne doit pas son nom au hasard, devient au cours des décennies d’après-guerre une réelle pièce de mode – assurément sensuelle. Marlon Brando en 1951 dans Un Tramway Nommé Désir en arbore un exemplaire blanc simplissime, très léger et moulant, particulièrement échancré tant à l’avant qu’à l’arrière du cou, donnant ainsi une visibilité décuplé à ce qui jusqu’alors avait demeuré le vêtement de la besogne.

Avant l’acteur, et encore bien avant les femmes donc, seuls les travailleurs pauvres des zones marchandes et industrielles en font usage ; et cet usage remonte aux alentours de l’an 1860, à l’époque où fourmillent les Halles de Paris. Là, un manutentionnaire arrache à son habit les manches pour libérer ses épaules et ses bras. Très tôt tous font de même, de sorte que se hâte vers eux un certain Marcel Eisenberg, propriétaire d’une usine bonnetière dans la ville provinciale de Roanne. L’homme décide de la production en masse de ce nouveau juste-au-corps pour le buste. En conséquence tout s’accélère, et le Marcel voit son port se diffuser chez les classes populaires. Ayant rapidement fait la preuve de son utilité, l’Histoire l’emploiera dans ses guerres, et l’introduira dans ses évolutions de moeurs, entrainant sa banalisation, fondant par là-même son immortalité…

La mode quant à elle, expansive, innovante, avide de tendances et experte en récupération, se saisit du petit débardeur parisien des débuts. Tantôt elle le restaure et le pérennise, et le fabrique donc en coton blanc, surtout comme sous-vêtement ou pièce homewear. Tantôt elle le repense, lui donnant de plus larges bretelles (Dries Van Noten, Dolce & Gabbana), plus ou moins de souplesse ou d’amplitude… Le Marcel n’emporte pas l’adhésion d’une majorité certes, mais ceux qui, des deux sexes, en ont fait une pièce maîtresse de leur vestiaire estival, et savent pertinemment l’intégrer à leurs tenues, jouant de la sensualité qu’il suggère et du style décontracté qu’il nourrit, ne se sont pas trompés ; et traduisent ainsi, en toute simplicité, et de façon même inconsciente, leur rattachement à une parisianité substantiellement audacieuse.

Laissez une réponse

Your email address will not be published.