Trèfle, Muguet, Etoile et Abeilles… Christian Dior était très superstitieux, au point d’établir dans sa couture et sa maison un ensemble de talismans, autant guides que portes-bonheur.
L’Etoile Et Le 8 Sur La Route Du Destin Dior
Si Christian Dior est connu pour avoir été très superstitieux, il a surtout su écouter les signes qui l’entouraient. En 1919, à seulement 14 ans, Christian Dior consulte d’ailleurs sa première voyante, lors d’une kermesse à Granville. « Vous vous retrouverez sans argent, mais les femmes vous seront bénéfiques et c’est par elles que vous réussirez. Vous en tirerez de gros profits et vous serez obligé de faire de nombreuses traversées » lui prédit-elle alors.
En 1946, Christian Dior s’apprête à rencontrer Marcel Boussac. Le Roi du coton, comme on le surnomme alors, veut proposer à Dior de reprendre la direction artistique de la maison de mode Philippe et Gaston. Christian Dior hésite. L’envie de se lancer se fait de plus en plus pressente. Car par trois fois la rencontre fut invoquée – c’est un ami d’enfance, Georges Vigouroux, croisé trois fois de suite dans les rues de Paris, qui connaît Marcel Boussac, qui tente de convaincre Dior de changer son avenir.
Ce soir du 18 avril 1946 donc, la veille de ce rendez-vous si important, la légende s’écrit: « en remontant la rue du Faubourg-Saint-Honoré, Christian Dior heurte du pied un objet au sol et manque de tomber, comme si l’objet lui-même cherchait à attirer son attention. » Il se retourne, s’approche, et constate qu’il vient de heurter une étoile, juste devant l’ambassade du Royaume-Uni. Son enfance à Granville, en Normandie, s’éveille en lui…
Le lendemain, Christian Dior annonce à Marcel Boussac qu’il ne reprendra pas la maison Philippe et Gaston, mais qu’il est tout prêt à ouvrir une maison à son nom « où tout serait nouveau depuis l’état d’esprit et le personnel jusqu’au mobilier et au local. » Après d’interminables discussions avec l’investisseur, Dior décroche son rêve, la maison Dior va naître.
Et c’est au coeur du 8e arrondissement de Paris qu’elle prend place. Au 30 Avenue Montaigne, « derrière le petit hôtel du début, un immeuble neuf de huit étages – huit ateliers – que doublait un autre immeuble également de huit étages » note Christian Dior dans ses mémoires. Le 8 est en effet un autre signe très évocateur.
Si Chanel avait le N°5 , Dior avait bel et bien le 8. C’est surement la sensualité de ce chiffre qui, marque l’infini une fois renversé, lui a tant plu. Enfin, il en a fait une ligne — une esthétique même. Sa silhouette iconique qu’il décrit comme « nette et galbée, gorge soulignée, taille creusée, hanches accentuées… » C’est la ligne 8.
Ce n’est donc point un hasard de retrouver aujourd’hui ce chiffre émerveiller l’oeil et la technologie dans la Dior Grand VIII, cette montre exceptionnelle car marquée du savoir-faire et de la grammaire Dior.
Le Muguet, Le Trèfle Et Les Abeilles Dior, Le Jardin Enchanté
Dior portait en fait sur lui une ribambelle de grigris. Ainsi, jamais ne le quittait son trousseau de charmes — un brin de muguet séché, dans un reliquaire ouvragé, un trèfle à quatre feuilles, l’étoile trouvée rue Saint-Honoré, deux coeurs, une pièce de bois et une autre en or.
De sa fleur fétiche, le muguet, Dior va faire un essentiel de sa couture. Il y a d’abord ce brin séché qu’il fait coudre à l’ourlet de chacune de ses création. Il y a ensuite le muguet qu’il porte en boutonnière et celui qu’il offre, tous les 1er Mai, à ses « petites mains » et ses plus grandes clientes.
Enfin, il y a le muguet dans la couture — le muguet qui lui inspire toute une collection au Printemps 1954. La Robe Muguet entre dans les annales de l’histoire de la mode. Une robe « à la fois jeune, souple et simple » dit-il; une robe dont les pochettes de muguet lui évoquent le « volume du chapeau, volume du buste, volume de la jupe. » Il aime tellement le muguet qu’il s’est arrangé pour que sa fleuriste en ait toute l’année à sa disposition.
Le jardin enchanté de Dior, c’est aussi le trèfle à quatre feuilles. Ce symbole de chance, le couturier lui accordait une place considérable dans les choix de son destin. Un brin moins présent dans la couture, c’est la joaillière Victoire de Castellanne qui en sublime l’héritage dans des bijoux fous et grandiloquents. Tel un talisman, le trèfle se pare ici d’une pierre verte, l’amazonite — un symbole de confiance.
Enfin, si l’abeille fut si chère à Christian Dior, c’est qu’elle fut à ses yeux l’insecte le plus prompt à symboliser la force et la vigueur de sa maison de couture. « Une petite ruche pleine à craquer, voilà ce qu’était ma maison lorsque je présentais ma première collection » note Christian Dior dans ses mémoires. Ses couturières, Dior les surnommait “les abeilles“ – consciencieuses et affairées, elles sont capables de réaliser des exploits. Parfois, plus de 400 ou 500 heures de travail pour la confection d’une seule robe.
Récemment, c’est pour un manteau d’un sublime fou imaginé par Kim Jones que “les abeilles“ ont une nouvelle fois démontrer tout l’étendue de leur génie — 900 heures de broderie pour achever un tel miracle couture. La quintessence du savoir-faire Dior est bien entre les mains de ses ‘abeilles’.