Les Cuissardes : Le Jeu de la Féminité

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A la Belle Époque, les femmes adoptèrent timidement la botte dans un usage essentiellement utilitaire. On ne la portait que par mauvais temps. Ce n’est qu’à partir des années 1960 que cet accessoire acquiert une vocation purement esthétique, créant ainsi un imaginaire autour de l’amazone bottée. Pareillement aux premiers usages de la cuissarde chez les hommes, la cavalière moderne incarne une métaphore d’autorité et de discipline, d’autant plus appuyée par la contrainte exercée par son ajustement à la jambe et la cheville, à l’image du corps maintenu dans le corset.

Ce temps des sixties amène aussi les scandales quand Yves Saint Laurent associe, pour son défilé de 1963, la mini jupe à des cuissardes en crocodile noir de Roger Vivier. Tenue devenue symbolique de la révolution sexuelle en marche, elle défraye la chronique. Le journal australien « The Sun » qualifie d’ailleurs la gamme impressionnante de cuissardes créées par Roger Vivier de « premier changement majeur en matière de bottes ou de chaussures depuis 20 ans ». En 1967, l’iconique Brigitte Bardot chante « Harley Davidson » habillée de longues cuissardes noires et chacun se souviendra de Jane Fonda, aux cuissardes bicolores dans « Barbarella ». Bientôt une culture fétichiste vient s’y attacher ; à laquelle vont répondre des créateurs comme Versace ou Mugler, qui signent des modèles plus provocateurs dans les années 1990. La question de l’érotisme entre en jeu en élevant le talon et moulant la cheville de façon à souligner le contour de la jambe. L’image de Julia Roberts dans « Pretty woman » nous rappellent que cet accessoire encadre et conduit le regard vers le bassin ajoutant à leur histoire, la notion de séduction. Gardons aussi à l’esprit que chausser des cuissardes reste un acte étrange. Les enfiler demande du temps. Il s’agit d’une affaire de sensualité, ce geste rappellent celui des effeuilleuses s’habillant de leurs bas dans les années 50. Enfin, porter des cuissardes change le comportement et la démarche de la femme, lui donnant plus d’assurance, l’obligeant à se cambrer et à jouer du déhanchement. Finalement, les cuissardes se jouent du corps féminin, s’adaptent à lui tout en le contraignant, tout en l’épousant jusqu’à l’influencer.

Aujourd’hui, Casadei lace les cuissardes de haut en bas en écho au corset, quand Chanel l’assagit voir l’embourgoise en version plate. Tiré du purgatoire cet accessoire tombé en désamour est revisité dans une version qui enveloppe, enrobe la jambe dans une idée de protection, tout comme de sublimation du corps de la femme, dévoilant les courbes féminines tout en sagesse.

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