Paris, Los Angeles, New York, Miami, Tokyo… L’art d’Auguste s’expose à l’international et a su conquérir les esthètes, collectionneurs et artistes hollywoodiens. Rencontre entre la pop et la grande tradition de la peinture, l’oeuvre d’Auguste offre un art jubilatoire, entre œuvres pop et colorées. Icon-Icon a voulu rencontrer cette figure du Pop Art contemporain.
Rencontre avec l’artiste Auguste.
Auguste, pouvez-vous revenir pour nous sur la genèse de votre signature Pop Art ?
Je ne suis pas issu du microcosme de l’Art, je suis issu du monde de l’Éducation. Il y a quelques années je suis tombé dans l’Art, c’était au départ un hobby, puis celui-ci est devenu gigantesque ! Je puise mon inspiration Pop Art essentiellement du monde de l’enfance. Pour cela, j’utilise des personnages de dessins animés, séries tv … tout comme des marques qui ont marqué notre enfance. Mais j’utilise aussi des références d’aujourd’hui comme YouTube, Instagram, Red Bull … J’intègre également des Icônes d’hier et d’aujourd’hui comme Sean Connery et Steve McQueen en passant par Kate Moss ou Roger Federer. Et enfin je peux prendre tout ce qui me passe par la tête. Je peux retranscrire sur une œuvre quelque chose que j’ai vu dans la rue ou ailleurs car mon style artistique me laisse une très grande liberté d’expression.
Comment avez-vous décidé de puiser dans cet univers, le propos de votre art ?
J’ai choisi comme thème principal l’enfance car tout d’abord on a tous été enfant. L’enfance est une période heureuse pendant laquelle l’insouciance nous protège des difficultés de la vie d’adulte. Et quand nous sommes adultes, nous essayons à tout prix de retrouver l’innocence bénie de l’enfance. C’est le commencement d’une vie, et avoir une enfance heureuse ou malheureuse peut marquer à jamais une vie d’adulte. Par conséquent, retrouver des références de son enfance des années plus tard dans mon œuvre fait que celle-ci devient une madeleine de Proust pour le spectateur. Quand un collectionneur vient me voir et me dit que quand il regarde l’œuvre chez lui, celle-ci le replonge dans ses souvenirs d’enfant, le temps d’oublier ses tracas d’adulte, j’ai réussi mon coup ! Art Is Life !
Vous utilisez des codes du luxe, des grands maîtres de la peinture, de la télévision, des photos iconiques, des personnages de dessin animés… Comment ce petit monde fait-il sens dans vos œuvres ?
Comme je l’ai déjà dit, je me laisse une très grande liberté d’expression donc j’aime jouer sur plusieurs lectures de mon œuvre. On y voit au premier regard des références liées à l’enfance et souvent à son enfance mais on peut aussi y voir des marques de luxes qui sont aussi devenues des références de la pop culture qui nous entoure ou des icônes qui sont dans notre imaginaire collectif. Tous ces éléments font un melting pot, je dirais même un melting Pop !
Qu’est-ce qui vous motive à faire se rencontrer ces symboles passés et présents dans des œuvres jubilatoires ?
Ces symboles me permettent de représenter le temps qui passe, le « Hier encore j’avais 20 ans » de Charles Aznavour. Dans toutes mes créations, je recherche la mise en mouvement, le temps qui file.
On peut ressentir dans mes créations de la nostalgie, tout comme de la vie. Mes œuvres sont très colorées, les personnages semblent être animés et ont des choses à dire, les logos ont l’air de flotter, les projections de peintures aux couleurs flashy relèvent le dynamisme et donnent un côté feu d’artifices. Ma touche finale est le vernis, il sert à figer l’histoire que l’œuvre retranscrit mais donne aussi un côté brillant, scintillant et une certaine sensualité.
Les matériaux que j’utilise contribue également à faire cette dichotomie entre passé et le présent mais aussi futur. J’utilise des matériaux de mon temps comme la résine, l’aluminium, des écrans led, des néons led, des bombes de peintures, des vernis automobiles mais aussi des matériaux plus conventionnels comme de la peinture acrylique, des châssis en coton, du bois, des feuilles d’or…
Mon nom d’artiste est aussi un symbole de cette imbrication passé, présent et futur. Pourtant ma première volonté quand j’ai choisi ce pseudo n’était pas du tout dans cette optique. J’ai choisi Auguste en référence à l’Empereur romain que j’ai aimé étudier durant mes études d’Histoire. J’étais loin de penser qu’il deviendrait un des symboles de mon thème artistique !
Faire de l’Art c’est faire un assemblage de beaucoup de choses, Art Is Puzzle !
Le format de vos œuvres est très intéressant en ce qu’il n’est jamais conventionnel – cela participe-t-il à une volonté d’exprimer autre chose sur la forme des œuvres ?
Oui absolument et cette recherche permanente de mise en mouvement en est l’origine.
Pour les tableaux la forme découpée en est sûrement le symbole majeur. Le coyote semble être passé à travers le cadre pour se crasher à côté ou sur le mur d’en face. Mickey semble sortir du tableau en marchant, le coyote en sculpture semble s’envoler de son socle, le coyote en bas-relief semble avoir traversé le mur… Tout ça pour dire que la vie n’est pas figée, elle avance, elle file. Elle est faite de moments de vie comme un puzzle qui s’assemble ou se détruit : Life Is Puzzle !
Vous avez vous même créé des NFT. Comment pensez-vous que le Web 3 peut à l’avenir réorchestrer le rapport entre l’artiste/l’art/le public et le monde des galeries et des musées ?
C’est par Internet que je me suis fait connaitre, il était donc naturel que je m’intéresse au Web 3.0 ! J’ai découvert les NFT l’an dernier et je me suis dit que c’était un champ des possibles énormes.
Les gens rentraient déjà dans mon univers artistique via internet et particulièrement par Instagram. Mes œuvres sont donc très adaptées à ce monde et c’est un nouveau challenge d’aller à la rencontre de ces collectionneurs. J’apprivoise ce monde digital, je me suis beaucoup documenté sur cette verticale et j’ai un projet de NFT en cours.
Par conséquent le rapport artiste/l’art et le public va se faire à un moment donné, peut-être pas de suite mais dans quelques années ou décennies, j’en suis convaincu. Pour le rapport avec les galeries et les musées… c’est autre chose.
Je remarque qu’il est encore difficile de rentrer dans les grandes galeries d’Art. Tout le monde n’a pas la culture de s’y rendre. Je ne suis pas issu d’une famille qui avait des tableaux d’artistes accrochés aux murs ou qui allait naturellement à la rencontre de cette culture. Je suis issu d’un petit village de Dordogne, mon père était boulanger.
Ah si ! J’ai eu une Joconde en poster dans ma chambre à coté de posters d’Agassi et de Jordan !
Les galeries traditionnelles et physiques devront se renouveler si elles veulent participer à cet Art 3.0. Ça me fait penser à de nombreuses marques ou supports qui n’ont pas su se renouveler avec l’arrivée d’Internet et des nouvelles technologies. Je pense à Kodak qui a laissé passer le train du numérique sans monter dedans.
Parlez-nous un peu du Fond de Dotation Auguste… Une cause qui vous tient à coeur.
J’ai passé les dernières années à penser et faire jour et nuit, de l’Art. J’ai donc décidé de m’impliquer dans un domaine qui me tient à cœur, depuis que j’ai enseigné et qui me manque : transmettre la Culture aux jeunes. Je veux donc faire rejoindre l’Art, la Culture au sens large et les Elèves d’écoles primaire du monde rural. Car je sais pour y être passé qu’il est au combien difficile d’avoir accès à la culture en ruralité. Ce fond de dotation servira à collecter des fonds pour que des écoles puissent monter des projets culturels. Art Is Utility !
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