Véronique Durruty est une figure du monde de l’art contemporain français. Née le 25 mars 1969 à Dax, son œuvre se distingue par une exploration intense des sensations et des émotions, où la photographie devient un moyen de toucher à l’invisible et de transcender la réalité.
Veronique Durruty : L’Art Des Voyages
Ayant grandi entre la Belgique, la Tunisie et le Maroc, Véronique Durruty a puisé dans ses expériences multiculturelles son approche artistique. Souvenirs rangées dans plusieurs ouvrages et expositions tenues dans le monde entier, ses œuvres recoupent les traces de ses rencontres et ses souvenirs.
“Women’s Book” (2014), un recueil de photographies et de textes célébrant les femmes de diverses cultures ou “Mondes indiens” (2017) sont autant d’ouvrages de Véronique Durruty, qui combine textes, photographies et dessins — illustrant son voyage à travers le monde et sa fascination pour sa richesse culturelle !
En près de 30 ans, Véronique Durruty a publié plus de 40 ouvrages, et exposé en solo dans le monde entier : Londres, Bruxelles, New York, Abou Dhabi, Tokyo… Ses œuvres font partie de fonds publics et de collections privées : Belgique, Canada, Espagne, France, Grande-Bretagne, Grèce, Inde, Italie, Japon, Maroc, Sénégal, USA…
Il faut dire que Véronique Durruty a marqué sa présence en réalisant des oeuvres visibles par tous aux Rencontres d’Arles et sur les grilles du Jardin du Luxembourg à Paris — des travaux réunis dans l’ouvrage « Extérieur Nuit », publié en 2002.
La signature esthétique de Véronique Durruty ? « Mon photographe, un de mes photographes de référence, c’était Plossu, Bernard Plossu. Et parce que justement, il avait ce flou qui était très poétique, mais il travaillait en noir et blanc… Je pense que j’ai été inconsciemment influencée par des gens comme Ackermann, comme Antoine D’agata, dont j’aime beaucoup le travail. Avedon aussi, je crois » explique l’artiste dans une interview donnée à ICON-ICON.
Une fusion innovante de différentes formes d’art. Elle combine la photographie avec la peinture, la broderie, et même le parfum et le son pour créer des œuvres polysensorielles qui sollicitent plusieurs sens, simultanément. L’identité visuelle de Véronique Durruty se caractérise par l’usage de motifs organiques et naturels, souvent associés à des éléments symboliques et spirituels. Ses œuvres sont souvent dominées par des couleurs vives et saturées, comme le bleu profond et le rouge intense, ce qui ne peut qu’évoquer des émotions fortes et des sensations profondes.
En 2003, Véronique Durruty initiait en effet une série de créations en collaboration avec des maîtres parfumeurs, ajoutant une dimension olfactive à ses photographies. Plus récemment, ce sont les interactions entre les images et le son qu’elle explore, donnant naissance à des œuvres bi-sensorielles qui invitent le spectateur à une expérience immersive complète.
Son travail photographique se distingue par l’usage de l’or, de la couture et de la broderie sur les tirages, transformant chaque pièce en une sculpture unique. Les séries telles que “Icônes”, où elle glorifie les femmes anonymes, témoignent de son désir de repousser les limites traditionnelles de la photographie. En utilisant également des techniques mixtes, elle intègre le dessin à la plume sur ses tirages photographiques, créant ainsi des “photo-dessins” qui semblent capturer l’essence invisible des sujets qu’elle représente.
« J’ai été attirée par le flou, par l’universalité que donnait le flou, que pouvait donner le flou. Beaucoup autour des corps. Beaucoup autour de l’humain. » souligne l’artiste dans une interview donnée à ICON-ICON.
Au printemps 2024, sa nouvelle exposition intitulée « V : de la Violence à la Victoire » mettait en scène certaines de ses photographies en les reprisant et en les enrichissant de nouvelles techniques. Une exposition où l’artiste poursuit l’exploration de ses thèmes clés — la féminité et la résilience, tout en intégrant des éléments de son parcours personnel et artistique.
Elle nous explique encore : « C’est la lettre V comme violence, au coeur du travail, mais en fait c’est la lettre V comme plein plein plein de mots autour des vies de femmes. Il y a trois familles de lettres V sur lesquelles j’ai travaillé. Une première famille qui sont toutes ces lettres V qui définissent une certaine féminité, une certaine définition de la femme aujourd’hui, par exemple des mots comme vulve, comme vagin, comme ventre. Ensuite il y a tous ces mots autour de la violence, que ce soit des violences ordinaires comme valeur, par exemple avec la différence de valeur entre un homme et une femme aujourd’hui, ou des violences beaucoup plus fortes comme viol, comme violence de façon générale, comme vaincu, comme victime. »
Cette quête de l’invisible, du sensible, du tactile à travers ses œuvres a façonné une carrière riche et variée, où chaque exposition est une invitation au voyage, à la découverte de nouvelles perceptions et à la célébration de la beauté sous toutes ses formes.