Trois Etudes Pour Une Crucifixion par Francis Bacon

Accueil / Design & Art / Trois Etudes Pour Une Crucifixion par Francis Bacon
three-studies-for-a-crucifixion-1962.jpg

L’année 1944 est la plus dévastatrice de la Seconde Guerre Mondiale. C’est justement cette année-là que Francis Bacon peint un triptyque effrayant peuplé de créatures anthropomorphes qui se tordent d’angoisse. Titré Trois Etudes de Figures au Pied d’une Crucifixion (1944), l’oeuvre esquisse l’une de ses pièces magistrales à venir. Le motif religieux est pour Bacon une métaphore intarissable : en 1962, il imagine TroisEtudes Pour Une Crucifixion comme un triptyque en contraste avec les grandes oeuvres religieuses. Les trois panneaux sont indépendants ; les scènes ne content pas d’histoire – seule la couleur les lie entre elles ; cet orange-rouge intense, simple et uniforme. Cette œuvre, Francis Bacon l’achève en vue de sa première rétrospective à la Tate Britain de Londres – pour lui, la crucifixion est “une armature magnifique sur laquelle vous pouvez accrocher tous les types de sensation et de sensation.“

“Ce que j’aime le plus faire, ce sont les triptyques, et je pense que cela est peut-être lié au désir de tourner un film que j’ai parfois caressé. La juxtaposition d’images divisées sur trois toiles différentes m’intéresse. À condition de considérer que mon travail est de qualité, j’ai en général l’idée que ce sont peut-être les triptyques qui ont le plus d’importance” affirme-t-il en 1979. Cette œuvre en trois tableaux reprend, à droite, la composition des scènes traditionnelles de l’art chrétien. A gauche, deux hommes se trouvent dans une boucherie, entourés de morceaux de viande. Et c’est au centre que se joue tout le propos du peintre : un lit, où gît un corps comme convulsant de douleurs…

Etendu sur 198,1 x 144,8 cm chacun, c’est au Guggenheim Museum de New York que l’on peut apprécier la splendeur de cette œuvre iconique. Une œuvre qui fera dire à Gilles Deleuze qu’il ne s’agit pas là d’une hystérie du peintre, mais de celle de la peinture. « La peinture est hystérie, ou convertit l’hystérie, parce qu’elle donne à voir la présence directement. Par les couleurs et par les lignes, elle investit l’oeil. Mais l’oeil, elle ne le traite pas comme un organe fixe… » Et d’ajouter : « En libérant les lignes et les couleurs de la représentation, elle libère en même temps l’oeil de son appartenance à l’organisme…Voilà Bacon, sa caractéristique exceptionnelle. »

Laissez une réponse

Your email address will not be published.