The Last Sitting de Bert Stern

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Le photographe Bert Stern est entré dans la légende par un triste enchantement. Il fut le dernier à avoir shooté Marylin Monroe avant que celle-ci ne se suicide le dimanche 5 août 1962. Il nait à Brooklyn, en 1929, son père était photographe pour enfant. Rapidement, il quitte le lycée et, employé au service du courrier du magazine Look, rencontre Stanley Kubrick. Comme lui, il a 17 ans et beaucoup de talent. Tandis que Kubrick y vend ses premiers clichés, Stern, lui, grimpe vite les échelons. Avec l’appui du directeur artistique du magazine, Hershal Bramson, il réalise ses premières photos de mode. Mais, Stern est un autodidacte, et, lorsqu’il est sommé de faire son service militaire, c’est l’appareil à la main qu’il s’envole pour le Japon.

Là, son ambition se confronte à la rudesse, à la furtivité et au naturel des instants. C’est ainsi que son style se forge dans une dimension loin du glamour, mais profondément romantique. A son retour, en 1955, il est engagé pour la campagne de publicité Smirnoff. Il pose un verre devant la grande pyramide de Gizeh ; le monument se reflète à l’envers dans le verre. Il fige le phénomène : c’est une innovation. En 1962, dix-sept ans après leur rencontre, il collabore avec Stanley Kubrick sur le film Lolita. En tant que photographe de plateau, il immortalisera toute la perversion de Lolita en ne shootant, de l’actrice Sue Lyon, que le reflet de ses yeux, à peine exhibés des lunettes de soleil rouges en forme de cœur, dans un rétroviseur. Photographe habile, portraitiste hors pair, il ne donnait que très peu de directions : lui savait saisir le bon moment. C’est la mode qui lui donnera tous les moyens pour développer son art. Le glamour du premier se mêle au romantisme du second et, dès lors, c’est dans un onirisme minimaliste qu’il met en scène les icônes qu’il croise. Ses clichés de mode ou de publicité racontent, sourdement, l’âge d’or de cette presse. Engagé par Vogue, il commence par suivre Liz Taylor et Richard Burton sur le tournage de Cléopâtre. Suivra Audrey Hepburn.

En 1962, Vogue lui confie le shooting de Marylin Monroe. Dans une suite de l’hôtel Bel-Air de Los Angeles, transformée en studio, il s’enferme durant 12 heures avec La femme. Là, naît le mythe de la muse qui s’adonne, se donne, et s’abandonne devant l’objectif de l’artiste, dans une attitude légère, naturelle, détachée et ô combien sensuelle. Marylin s’amuse, se dénude, s’enroule dans des draps, des bijoux, des foulards ; Norma Jean éblouit d’une joie extatique. Ses photos, en couleur, bluffent le magazine qui immédiatement le renvoie sur le terrain, mais pour des clichés en noir et blanc. Trois jours passeront, et près de 2751 photos en résulteront : The Last Sitting. Ces photos de Marylin Monroe ont été rassemblées dans plusieurs ouvrages. On y a découvert certaines planches contact rayées d’un trait de feutre rouge par l’actrice elle-même…

Sophia Loren, jouant des volutes bleues avec volupté, Brigitte Bardot, Deneuve se firent à leur tour tirer le portrait, dans le même style, propre à l’artiste. L’icône Twiggy, sans corps, la tête se détachant du noir, comme attachée à la terre par l’unique ceinture rouge qui l’entoure. Et la liste est longue. Kate Moss, coupe garçonne, poitrine dénudée, lovée lascivement dans une fourrure, un diamant en bouche, c’est aussi à son génie qu’on le doit.

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