Alors que les NFTs sont partout et semblent désormais indissociables du secteur de l’art et du luxe, Icon-Icon a décidé d’en apprendre plus sur ce milieu parfois encore obscur pour certains.
Qui de mieux placé que Benjamin Jeunet, co-fondateur de SECR3T, la première plateforme pour créer, collectionner et échanger des NFTs associés à des œuvres d’art contemporaines bien réelles, pour décrypter avec nous ce phénomène ? L’objectif de SECR3T devenir la galerie/maison de vente incontournable du Web3.
Afin d’ancrer son premier projet en collaboration avec l’artiste OneMizer dans le réel et décloisonner les deux univers, SECR3T a présenté lors d’une exposition éphémère – le 14 avril dernier chez Legacy, au cœur de l’emblématique Hôtel Barrière Le Fouquet’s – sa toute première collection entre écrans connectés et œuvres d’arts réalisées pour l’événement.
Deux univers qui se marient à merveilles – art contemporain et technologie – promettent ainsi plus d’une collaboration qui devraient être des plus iconiques…
Pour recontextualiser pour nos lecteurs, pourriez-vous revenir sur votre parcours jusqu’au NFT et comment vous est venue l’idée de SECR3T ?
Mon associé Jocelyn Grosjean vient du marketing et de l’évènementiel. Il vit à Lisbonne où il développe la technologie SECR3T. Mon parcours est différent mais complémentaire. J’ai évolué dans l’univers du luxe à Paris, dans la distribution et les partenariats avec des expériences qui m’ont permis de rencontrer de nombreux artistes. Ensemble, nous avons observé le marché et les opportunités qu’offraient ce nouveau territoire. Notre passion commune pour les crypto-monnaies et l’art contemporain, nous a dicté la marche à suivre. Nous avons décidé de nous lancer dans le secteur des NFTs en proposant une initiative plus ambitieuse que les projets en circulation ; la première plateforme pour créer, collecter et échanger des NFTs, associés à des œuvres d’art bien réelles. Rapidement, nous avons approché l’artiste OneMizer et avons développé ensemble ses collections de NFTs. Le succès a été au rendez-vous et la communauté s’est emparée du phénomène. SECR3T est né de ce cheminement affichant les prémisses d’une nouvelle galerie / maison de vente du Web3.
Le NFT est encore un concept assez flou pour beaucoup, en quoi consiste réellement une plateforme dédiée aux NFTs ?
La définition même du NFT englobe une multitude de possibilités. Un NFT peut être un item dans un jeu vidéo, un titre de propriété, un ticket pour un événement, un accès à une expérience ou une véritable œuvre d’art. SECR3T propose une expérience unique dans la dernière catégorie. Nous collaborons avec des artistes de renom implantés dans le monde réel et utilisons le NFT pour renforcer leurs créations, faciliter les échanges, générer une traçabilité et certifier la provenance des œuvres que nous éditons. Nous sommes des marchands d’art 3.0. SECR3T accompagnant les artistes à la conquête du Web3 et anticipant les besoins des collectionneurs en proposant des œuvres exclusives, dont ils pourront bénéficier à vie dans le Métavers sans aucun risque. Avec SECR3T, tout est certifié, authentique et 100% sécurisé.
Vous conciliez l’art et le digital, selon vous, l’art NFT diffère-t-il de l’art traditionnel ?
Il y a plusieurs façons de voir les choses. Si l’on considère les créations via ordinateur telles que Beeple, oui il y a une différence due au processus directement pensé pour un format NFTs sans aucun autre référentiel. Dans le cas de SECR3T, l’art NFT vient compléter une œuvre physique préalablement sélectionnée. Pour l’artiste, l’acte de création reste identique aux conditions habituelles, à la différence du NFT qui donne à l’œuvre initiale une toute autre dimension. À cet instant la magie opère. C’est tout l’objet de la collection «90’s Vibes» by OneMizer. Nous avons transformé l’œuvre originale en un NFT 3D animé. Au même titre que nous animons actuellement un tableau de l’artiste Guillermo Lorca. Chaque jour, nous voyons l’œuvre prendre vie grâce au support numérique.

Certains ont tendance à voir les NFTs comme un phénomène de mode, quelle est votre vision sur ce phénomène et sa pérennité ?
Tout phénomène émergent soulève des questions de légitimité. Au sujet des NFTs, il faut voir au-delà de la tendance pour comprendre ce qu’entraine cette technologie, notamment sur les aspects de certification et de traçabilité. Je prends l’exemple du ticketing évènementiel. Lorsqu’un concert est sold out, les dernières places disponibles se retrouvent généralement sur le second marché, qui présente toujours un risque de faux. Le NFT rend cette pratique impossible, dès lors que la vente et les échanges sont réalisés sur la blockchain. La garantie d’avoir un ticket valable devient indéniable.
Même constat pour SECR3T. Grâce à la technologie que nous avons développé, la certification est placée au cœur de notre écosystème. Aujourd’hui, la sécurité que nous proposons est plus performante que n’importe quel document ou certificat de garantie pouvant être facilement forgé. Pour tout collectionneur avisé, acheter des NFTs via SECR3T donne l’assurance de la provenance et de l’authenticité et ce, en temps réel. Certains usages du NFT disparaitront sûrement, mais la technologie, déjà légendaire, n’est qu’au début de son histoire.
Selon vous, pourquoi le monde de l’art et du luxe en général est-il tant fasciné par les NFTs ?
Si l’on regarde les grandes évolutions structurelles de nos industries, toutes ont connues une révolution avec l’arrivée de l’internet 2.0 ; la musique avec le streaming, le gaming avec les jeux en réseau, la grande consommation avec le e-commerce, la restauration avec les services de livraison… Jusqu’alors l’avènement du digital n’avait pas encore touché le monde de l’art ni celui du luxe.
Les NFTs changent profondément notre relation à l’art. Ils redonnent le pouvoir aux artistes et aux collectionneurs et procurent un accès sans limite à la création de manière générale. Avant, les informations étaient opaques, aujourd’hui, la Blockchain offre une transparence totale et inscrite dans le temps. Cela s’applique également pour le luxe, notamment dans la lutte contre la contrefaçon.
Luxe et NFT sont-ils amenés à évoluer conjointement et indissociablement ?
Les deux sont intimement liés, puisque l’Art est souvent marketé comme un produit de luxe. Les grandes enseignes ont rapidement compris l’intérêt du NFT dans leur organigramme, leur permettant de distiller plusieurs niveaux de services à différents types de clientèles. Je ne serai pas surpris de voir LVMH proposer des NFTs qui feront entrer les clients dans un système de membership. C’est un excellent moyen pour segmenter et maîtriser les avantages clients et suivre l’évolution de leurs collections sur l’ensemble des marchés. Nous serons d’ailleurs bientôt en mesure de collaborer avec l’univers du luxe pour proposer des expériences inédites.
Vous avez réussi à créer une véritable communauté sur discord, un point central pour évoluer dans l’écosystème NFT, quel est leur profil ?
La communauté est un élément clé du succès dans tout projet NFT. Acquérir une communauté active est un long processus. Chez SECR3T, les profils sont très variés. Nous avons autant de trentenaires désireux de collecter leurs premières œuvres d’art, que de collectionneurs aguerris qui nous ont rejoint pour la qualité de notre positionnement. 90% de notre communauté connait parfaitement l’univers de la crypto-monnaie, c’est le trait d’union qui les relie à SECR3T.
Vous avez eu un premier succès NFT en collaboration avec l’artiste OneMizer grâce à la collection « The Shining Vandalized Lugia », pourriez-vous revenir dessus ?
Notre collaboration a débuté en 2021. Nous suivions OneMizer en tant que collectionneurs depuis quelques années. Quand notre idée est devenue évidente, nous lui avons soumis directement. Il a tout de suite approuvé nos axes de développement, très différents des autres projets NFTs qu’il avait reçu jusqu’alors. Nous étions déjà actifs et expérimentés sur le marché des NFTs, mais souhaitions franchir un cap avec une vente à plus grande échelle et lancer par la même occasion notre technologie pouvant relier une œuvre physique à son NFT. OneMizer est un artiste qui a beaucoup de ressources créatives. Cette opération n’aurait pu voir le jour sans son énergie.
À partir d’une toile spécialement créée pour l’occasion, nous avons développé 333 NFTs, dont certains étaient plus rares que d’autres. Ce qui a contribué à la «hype» et au succès des ventes. Lorsque nous avons expédié les prints aux acquéreurs après la vente, nous avons reçu des centaines de photos en retour. À cet instant, nous avons pris conscience que notre initiative était porteuse de valeurs pour les artistes et de sens pour les amateurs d’art.

En parallèle vous avez organisé une exposition événement chez Legacy au cœur de l’iconique Hôtel Barrière le Fouquet’s, pensez-vous qu’il soit impératif d’ancrer les NFTs dans le réel ?
Les NFTs représentent une extension du monde réel. Fédérer notre communauté autour d’une expérience dans un lieu dédié à la création contemporaine était au cœur de notre démarche. Il s’agissait d’une première ; pour la première fois les NFTs faisaient leur entrée dans un concept store parisien. En ce moment, nous étudions un autre projet d’exposition – encore confidentiel à ce stade – mêlant art physique et NFTs prévu pour la fin de l’année. Même s’il est difficile de prédire l’avenir du marché, chez SECR3T, nous sommes convaincus que cette étape est nécessaire pour accompagner la transformation numérique du secteur artistique.
Nous avons cru comprendre qu’un deuxième drop était d’actualité. Qu’avez-vous prévu pour cette deuxième collection ?
Le deuxième drop a été lancé le 17 mars 2022, quelques semaines avant notre événement chez Legacy. Nous avons édités 258 NFTs dans la même lignée que «The Shining Vandalized Lugia», avec les mêmes mécanismes de collection et de rareté. Pour cette collection, nous avons poussé la création du NFT au 3D animé. Les collectionneurs ont ainsi pu bénéficier de deux œuvres ; un print physique signé, numéroté et réalisé par Lézarts Urbains et une version animée, pensée pour un usage dans le virtuel (les métavers) et dans le réel, pour être projetée sur un écran à la manière des œuvres digitales dans certains musées.
Envisagez-vous de collaborer avec d’autres artistes ? Si oui, lesquels ?
Nous cherchons toujours à aller plus loin et proposer de nouvelles expériences. SECR3T a pour vocation de fonctionner comme une galerie 3.0. Dans les mois à venir, nous allons collaborer avec beaucoup d’artistes. On y trouvera des collections exclusives telles que OneMizer, mais aussi des expositions online, dont les œuvres présentes en NFT existeront dans le réel, où les amateurs d’art pourront ainsi évoluer dans une galerie virtuelle et recevoir l’œuvre originale lors de l’acquisition du NFT. Actuellement, nous développons avec l’artiste chilien Guillermo Lorca, une collection magnifique dont la sortie est prévue dans quelques mois.
Vous affirmez vous différencier par la rareté de vos œuvres mais qu’est-ce qui fait que vos œuvres sont rares ? Est-ce là la valeur d’un NFT ?
Les collections que nous avons éditées comptaient environ 300 pièces. Dans la sphère NFT c’est une offre réduite, comparée à d’autres composées de milliers de pièces. Certaines ne comptaient que 8 exemplaires de rareté. Immédiatement les prix ont augmenté sur le marché secondaire par rapport aux moins rares. Mais ce n’est pas le seul vecteur pour valoriser un NFT. L’édition de pièces uniques compte également. Par exemple, un artiste prépare une exposition de 10 tableaux. Nous créons seulement un exemplaire de NFT. Celui-ci contiendra toutes les données du tableau et son pedigree. À l’image de la pièce unique peinte par l’artiste il n’y aura qu’un NFT. Les deux parties deviennent intimement liées et ne peuvent plus être dissociées. Lorsqu’on souhaite vendre le tableau, il faut aussi transférer son NFT ou inversement, puisque c’est ce dernier qui certifie l’authenticité de l’œuvre.
Quelle est selon vous l’œuvre la plus iconique sur laquelle vous avez eu la chance de travailler ?
Notre histoire est encore jeune et s’écrit chaque jour. Le «Vandalized Lugia» de OneMizer restera la pièce originelle, l’icône de notre point de départ et conservera le statut de pièce mythique. Nous travaillons en ce moment sur un tableau de Guillermo Lorca baptisé «The Healer». La pièce est exposée au MOCO Museum de Barcelone à l’occasion de son solo show. C’est un immense privilège de pouvoir projeter une œuvre exposée dans un musée si prestigieux dans l’ère du digital.

Pour finir, chez Icon-Icon, nous nous intéressons aux produits, expériences, ou lieux emblématiques du luxe. Auriez-vous un souvenir, un talisman un objet fétiche lié au luxe dont vous aimeriez partager l’histoire avec nous ?
Envie d’en faire un NFT ?
J’ai gardé un lien particulier avec l’univers du luxe et l’artisanat de haute facture, comme les constantes de mon parcours professionnel. Depuis toujours, j’observe les faiseurs créer des merveilles avec leurs savoir-faire uniques. Mon expérience dans l’horlogerie m’a permis de rencontrer de véritables artistes de la précision dans leurs ateliers. À ce titre, mon objet milestone est une magnifique horloge QLOCKTWO peinte par Black Badger que je regarde chaque jour comme un accomplissement.
Propos recueillis par Sébastien Girard, Président d’Icon-Icon et Saskia Blanc
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