Le Caban Yves Saint Laurent

Accueil / Prêt à porter / Le Caban Yves Saint Laurent
download.jpg

Alors que tout Paris se vêtit d’habits entichés de froufrous, Yves Saint Laurent, âgé de 26 ans, entreprend d’imposer des lignes brutes, presque purement utilitaires. L’important n’est plus la sublimation volontariste d’un corps envisagé, mais bien de le rendre aussi beau qu’il est nu. Inspiré de l’uniforme emblématique de la Marine Française, le premier vêtement “essentiel” de la maison Saint Laurent sera ce caban. Comme une sorte de manifeste à l’attention d’une époque qui impose aux femmes de ne pas porter de pantalons. Exempt de toute sensualité, le caban est à ses yeux l’équilibre de l’être entier : le masculin-féminin, une femme androgyne et innocente. Bien plus, le caban a ouvert la voie à la rencontre de la haute couture et du temps présent, du réalisme et du prestige savant de l’imagination.

Loin des conventions, Yves Saint Laurent conserve l’aspect solide, chaud et confortable du caban. Sur sa teinte bleue marine, il crée une nouvelle harmonie, allurant le masculin du vêtement, à travers l’utilisation de boutons et de galons dorés. En se servant des codes masculins, il donne aux femmes l’audace, l’assurance et le pouvoir quand Chanel leurs avait apporté la liberté de se mouvoir. Mais il lui donne une coupe ample et ici le caban immédiatement sublime autrement la féminité : en transfigurant l’individualité en personnalité. Loin du goût à la mode, Yves Saint Laurent invente alors une attitude, un type de vêtement propice à toutes les interprétations. Devenu urbain, le caban sert au vocabulaire Saint Laurent lorsqu’il lui consacre toute une partie de sa collection autour du thème “marin” lors de l’été 66. Il l’imagine alors accompagné d’une casquette et d’une broche-ancre dorée ; potentiellement plus ajusté, le caban peut aussi se décliner, le temps d’un après-midi, en une robe taillée dans un lainage marin. Par là même, la maison fait circuler l’idée qu’une femme bien habillée l’est car elle parvient à accorder ses vêtements à sa personnalité.

Depuis cette collection, le caban est sans cesse revisité. Après avoir été choisi par Gainsbourg, James Dean, ou encore Marianne Faithfull, il est érigé au rang de classique, au rang d’indémodable sachant se réinventer. En 2001, s’il conserve son lainage, ses lignes se font plus courtes, moins amples ; mais il conserve toute l’essence qui a fait son succès : le luxe en sourdine.

Laissez une réponse

Your email address will not be published.