C’est en 1966, lors d’un voyage, qu’Yves Saint Laurent tombe en émoi devant Marrakech, la ville ocre. Avec son compagnon Pierre Bergé, le couturier fait l’acquisition d’une demeure et, très vite, la cité devient sa seconde maison. C’est ici qu’il tire nombre de ses inspirations – exotiques, référencées et ultimement sublimes, beaucoup de pièces iconiques du vestiaire Yves Saint Laurent puisent leur origine dans cette rencontre entre Orient et Occident. À Paris la semaine passée, Anthony Vaccarello a ainsi distillé nombre d’éléments venant honorer l’attitude et l’esprit bohème de la Parisienne Saint Laurent. En vedette, la robe marocaine.
Impeccablement coupée dans un épais velours noir, la robe marocaine habille la femme Saint Laurent d’une élégance venue d’ailleurs. Les manches volumineuses lui confèrent une grâce et, dans sa démarche altière, révèle l’importance et la richesse du Maroc dans le travail du maître. Il avait en effet pour habitude de réaliser ses croquis de Haute Couture au Maroc, avant les distribuer aux ateliers Parisiens… En 1983, il déclarait : « Bien que habitué à la lumière et aux couleurs de l’Afrique du Nord, c’est plus tard, lorsque je découvris le Maroc, que je compris que mon propre chromatisme était celui des zelliges, des zouacs, des jellabas et des caftans. Les audaces qui sont depuis les miennes, je les dois à ce pays, à la violence des accords, à l’insolence des mélanges, à l’ardeur des inventions. Cette culture est devenue la mienne, mais je ne me suis pas contenté de l’importer, je l’ai annexée, transformée, adaptée. »
Et c’est bien là toute la force d’évocation de cette silhouette – celle d’une femme toute à la fois bohème et raffinée. Sur cette toilette aussi, le turban et les bottes ne sont pas sans rappeler les tenues que Veruschka von Lehndorff portait lors de son voyage en Sibérie, avec le photographe Richard Avedon… Vaccarello a ici habilement joué des codes de la maison – sans oublier d’y injecter une bonne dose de modernité. Comment ? En dévoilant les jambes… Ce geste couture visant à libérer les femmes et leurs mouvements est, pour l’actuel directeur artistique de Saint Laurent, le symbole fort de notre époque. Et on ne peut que désirer se glisser dans une telle création.
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