La Robe Baby-Doll de Balenciaga

balenciaga-s-baby-doll-dress.jpeg

La robe baby-doll, caractérisée par sa silhouette en forme de trapèze sans taille marquée, doit son nom à la robe courte portée en 1956 par Carroll Baker dans le film homonyme du cinéaste Elia Kazan. Elle n’a donc pas été une invention du grand maître espagnol Cristóbal Balenciaga, mais c’est avec lui qu’elle voit ses contours définis et qu’elle connaît un succès sans précédent.

Cette pièce qui, par son apparence ample et décontractée, rappelle la mode enfantine, représente l’aboutissement d’une ligne, fruit des recherches infatigables du couturier centrées sur le contour de la ceinture pour créer une nouvelle silhouette. Elle est le résultat d’un long chemin d’expérimentation initié en 1947.

Chronologie : le parcours d’un chef-d’œuvre

En 1947, onze ans après son installation à Paris, Balenciaga présente les premiers manteaux de ligne tonneau, avec une courbure très accentuée dans le dos, qui évoquent l’interprétation que quelques peintres orientalistes avaient faite du kimono au XIXe siècle. En 1951, suivant le même principe, il introduit le tailleur semi-ajusté, caractérisé par son devant cintré et son volume vague dans le dos. Quatre ans après, c’est le tour de la tunique, une robe en deux pièces de lignes droites et épurées qui enveloppe le corps sans pour autant l’opprimer. En 1957, la robe « sac » fait son apparition. Elle est accueillie avec un enthousiasme inégal par les clientes du couturier, qui ne voyaient en quoi ces pièces « destructurées » pouvaient flatter les formes de leurs corps. C’est cette même année que s’amorce conceptuellement la robe baby-doll, présentée en tant que telle en 1958. Sa silhouette trapézoïdale dominera la décennie suivante, et Balenciaga lui-même déclinera la pièce de multiples façons jusqu’à la fin de sa carrière.

Structure et matériaux

La baby-doll exagère l’aspect fluide et vague de la robe « sac ». Toutefois, le modèle originel de Balenciaga constituait l’harmonie d’un paradoxe, celui de gommer la taille et, en même temps, de l’affirmer. Aussi, sous la robe trapézoïdale sans manches en dentelle transparente, la femme en portait-elle une deuxième, ajustée, qui mettait en valeur les contours de son corps. La transparence en dentelle de soie – réalisée par la prestigieuse firme Marescot – était terminée par un double volant, et garnie de rubans en tulle de nylon.

Par la suite, le modèle est décliné sous plusieurs formes et matières. Ainsi, nous trouvons des manteaux qui répondent structurellement à la ligne baby-doll ; un seul et large volant, au lieu de plusieurs, bordant la jupe, ou de manches montées, parfois elles-mêmes garnies de volants. Satin, crêpe de chine et taffetas sont aussi utilisés pour réaliser ces pièces, qui gardent toujours, comme trait commun, leur ampleur et leur longueur – juste au-dessus du genou.

Conclusion

Cette robe ample répondait à une conception clef dans l’art de Balenciaga, le corps abstrait, sans doute inspiré par sa profonde connaissance de la structure du kimono. En effet, sur les estampes japonaises ukiyo-e, le corps des femmes habillées en kimono semble manquer de toute proportion humaine, de structure, et le vêtement est une entité artistique qui existe par elle-même. La création du maître, culmination de ses ambitions structurelles, a su assortir cette sensibilité orientalisante à la mode naïve des années 60, tout en brandissant sa légendaire rigueur architecturale.

 

Bibliographie

ARIZZOLI Pierre, ARZALLUZ Miriam, CERRILLO RUBIO Lourdes, JOUVE Marie-Andrée, Balenciaga : Cristóbal Balenciaga museoa, Paris, Éditions du Regard, 2011

ARZALLUZ Miriam, Cristóbal Balenciaga: la forja del maestro (1895-1936), Donostia-San Sebastián, Nerea, 2012

MILLER Lesley, Cristóbal Balenciaga, London, Batsford, 1993

Telling You More About… La Robe Baby Doll De Balenciaga

La Robe Baby Doll Automne-Hiver 2017-2018 Balenciaga Réinventée Par Demna Gvasalia

Laissez une réponse

Your email address will not be published.