David Bailey, Une Histoire de La Photographie De Mode

David Bailey, Une Histoire de La Photographie De Mode

Il est le photographe des Swinging Sixties, mais surtout celui qui a intronisé la prise sur le vif, les rockstars. Et quelques-uns des modèles les plus iconiques de l’époque moderne.

David Bailey, Le Photographe Moderne

Lorsque l’on pense à la photographie de David Bailey, on pense immédiatement à ses photos des Rolling Stones. Celles de Mick Jagger et des Beatles.

Londres, Le Swigging Sixties

« On était un groupe, oui, mais nous étions tous copains avant d’être célèbres. Brian Duffy, Terence Stamp, Mick… on se fréquentait. J’ai connu Mick Jagger parce qu’il sortait avec la sœur de ma petite copine Jean Shrimpton, Chrissie. Je faisais des portraits de mes amis. Le mannequin Carmen Dell’Orefice était à l’époque la maîtresse du photographe Norman Parkinson…

Les années 1960 étaient fantastiques à Londres pour une élite de 500 à 2 000 personnes. Mais si vous étiez un chauffeur de taxi ou un mineur de fond, rien ne changeait. En revanche, les fifties ont été les pires années de ma vie : vous ne pouviez rien acheter, même pas un jean ! On s’amusait davantage pendant le Blitz… »

Ce que l’on sait moins, c’est que la figure de David Bailey, autour de laquelle gravite les autres figures du Swinging London des années 1960, n’était pas en harmonie avec ce qu’il se passait à Carnaby Street.

« Je n’ai jamais aimé ce qui est arrivé aux vêtements dans les années 60. J’ai aimé ce que faisait Yves Saint Laurent à Paris. Je n’aimais vraiment pas Carnaby Street. Je pensais que c’était un peu idiot. Rappelez-vous, les années 60 ont vraiment pris fin en 65. Quand Sammy Davis est arrivé à Londres, vous saviez que les années 60 étaient terminées. C’est devenu un parc à thème. Ce n’était pas réel. Tout était une question d’argent et de fabrication, de vendre le drapeau américain et l’Union Jack comme symboles pop art. Il n’y avait pas vraiment de substance. »

Là où son époque se prenait de passion pour le pop et les couleurs psychédéliques, pour Courrèges ou Mary Quant, David Bailey, lui, vouait un culte au noir et blanc. Et au minimalisme de la pose.

La Photographie De Mode par David Bailey

C’est à travers une photo faite par Henri Cartier-Bresson, et publiée dans le mythique magazine Life, que David Bailey rencontre la photographie.

Ayant grandi dans l’East End de Londres, Bailey n’a pas baigné dans l’art et la mode. A la différence des photographes de son temps, comme Norman Parkinson. Non. David Bailey a un rapport direct aux choses de l’art.

Ainsi, lorsqu’il voit la photographie en noir et blanc d’une femme priant au soleil couchant, prise à Srinagar par Cartier-Bresson, David Bailey s’éprend de la photo. Du noir et blanc. Et du portrait.

En 1960, il obtient ainsi un poste au sein du Vogue Britannique. C’est l’époque où Cecil Beaton est aux commandes. En Septembre de la même année, il obtient sa première couverture, pour le Daily Express cette fois.

Il capture l’insouciance du mannequin Paulene Stone, jouant avec un écureuil. Déjà en rupture avec les codes de l’époque, cette photo fait entrer la vision de Bailey sur le devant de la scène. Celle d’une image minimale qui dit tout.

En février 1961, c’est pour la couverture de Vogue qu’il shoot. Une photo encore canonique pour l’époque. Mais David Bailey ne tarde à s’émanciper. Notamment par l’influence que William Klein exerce sur lui. Avec ses photographies de rue qui, au même moment, révolutionne la photographie de mode, David Bailey comprend le tournant à venir.

David Bailey, Figure De La Photo Sur Le Vif

La Signature Iconique De David Bailey

Lorsqu’il rencontre Jean Shrimpton, alors jeune mannequin de 18 ans, David Bailey tombe amoureux de la femme, et de sa modernité. Avec elle pour muse absolue, il va définir sa patte esthétique. Et renverser par là même les photos sur-travaillées des magazines de mode.

Avec un cadrage serré, son noir et blanc sur fond blanc, David Bailey ne s’encombre de rien. C’est simple, il le dit lui-même: « Je veux capter l’être ; pas de distraction, pas de palmiers dans le fond. »

Pionnier de la photographie contemporaine, David Bailey l’est surtout parce qu’il fait la place à des personnalités vraies, sincères, authentiques… Les figures de cette nouvelle société où la jeunesse à pris le pouvoir.

« J’ai photographié des femmes comme je les voyais dans les rues. Les gens pouvaient s’identifier à Jean parce que je ne la faisais pas ressembler à un mannequin de magasin en peluche. Soudain, elle était quelqu’un que vous pouviez toucher… »

Une beauté moderne donc.

Le Photographe De La Modernité

« En 1964, un livre d’art devait contenir des portraits de la Reine, de jolies princesses, à la rigueur des hommes politiques ou des écrivains certainement, mais pas de chanteurs pop, le coiffeur Vidal Sassoon et les frères Kray, les pires gangsters du moment. J’ai toujours aimé les voyous, ils ressemblent aux artistes, finalement » confiait David Bailey en 2014 pour une interview.

Et c’est vrai. En intronisant les Rolling Stones, Catherine Deneuve et tant d’autres super-stars d’aujourd’hui en parfaite dissonance à l’époque où elles sont devenues des modèles…

David Bailey a largement contribué à redéfinir le statut et les conventions sociales. C’est purement et simplement la naissance du cool.

Toujours à la rechercher du plus vrai possible, de l’authenticité et du talent, David Bailey a fait entrer la mode dans la pop culture. En y entrant lui-même. Le film Blow-Up, de Michelangelo Antonioni est directement inspiré de son histoire…