Disparue ce 30 décembre 2022, Vivienne Westwood (1941 – 2022), c’était surtout une attitude. Un esprit punk, avant-gardiste, doublé d’une revendication Do It Yourself, qui, ces dernières années, portait vers une conscience écologique aiguisée.
Vivienne Westwood : Anarchie, Néo-Romantique, Punk, Pour Toujours
En se servant du vêtement comme une toile à l’expression politique, Vivienne Westwood a largement contribué à changer la façon dont on perçoit et vit le vêtement. Avec ses créations subversives et avant-gardistes, Dame Vivienne Westwood a milité pour une société plus ouverte, plus libre, et surtout plus en phase avec elle-même. Radicalement libre, elle a offert aux designers contemporains l’exemple de ce que la mode peut porter — des messages !
Avec la résurgence récente de ses pièces cultes auprès d’une nouvelle génération de pop stars comme Harry Styles, Dua Lipa, Zendaya et Timothée Chalamet, Vivienne Westwood a parlé à une nouvelle époque.
Et on connaît, d’abord, l’impact colossal de Vivienne Westwood dans l’élaboration de la panoplie punk. Avec son partenaire de l’époque, un certain Malcolm McLaren – accessoirement manager des Sex Pistols, soit le groupe punk pionnier en tout – Vivienne Westwood opère à partir de son quartier général basé au 430 Kings Road à Londres, un changement radical dans la façon de concevoir et de porter les vêtements.
Baptisée SEX, la boutique attire à elle une ribambelle de jeunes qui, à l’époque, font fi des conventions aristocratiques et bienséantes en vigueur dans l’Angleterre de Thatcher. Avec pour épicentre esthétique la boutique SEX, la jeunesse d’abord Londonienne, mais bientôt Britannique, va s’approprier les tenues excentriques, trouées, rafistolées, recouvertes de croix gammées, d’épingles à nourrice et tout autres messages anti-nucléaire, anti-bourgeois, anti-guerre, anti-tout… La provocation est tout pour eux — et la panique morale est totale !
Anticonformiste, excentrique, brillante et très douée, Vivienne Westwood, elle, va réussir là où le punk a échoué. Car tandis que le mouvement s’essouffle et se fait récupérer par la mode mainstream, Westwood, elle, parvient au contraire à mettre la mode au diapason de sa vision d’abord engagée, ensuite déjantée. Son secret? Une culture savante, et une historicité qu’elle sait, avec mesure, injectée dans ses créations.
Le Défilé de 1981, Et Les Pirate Boots
Pirate. Tel fut le nom choisi par Vivienne Westwood et Malcolm McLaren pour leur toute première collection ayant défilée. Pensée pour l’Automne/Hiver 1981-1982, cette collection va lancer le mouvement des « nouveaux romantiques. » Un mouvement transversal qui, de la mode à la musique, va littéralement bouleverser les notions d’époque et de genre !
Inspirée par l’intérêt de Vivienne Westwood pour les portraits des XVIIème et XVIIIème siècles, la collection Pirate fusionne l’abstraction punk, les vêtements de cape et d’épée, dignes des pirates, affranchis de la couronne, mais aussi ces pièces flottantes arborées par les dandys, les boucaniers.
Parmi les pièces toutes plus grandiloquentes les unes que les autres, l’une d’elles attira particulièrement l’attention : les Pirate Boots Vivienne Westwood. Ces bottes à hauteur de genou, en cuir dégoulinant, à boucle et à revers, capturent immédiatement l’attention.
Le Défilé de 1990 Et Les Corsets
Vivienne Westwood allait piocher là où on ne l’attendait jamais. A la manière d’un Yves Saint Laurent, elle a pioché dans la grande histoire de l’art les patterns de sa mode. A la manière d’une Coco Chanel, elle a emprunté à l’histoire des pièces devenues iconiques.
En 1990 défile sa collection Portrait. Sur le podium, les images extraites comptent bientôt parmi les plus cultes de la mode. Sur le podium, surtout, Dame Westwood a réinventé le corset pour jouer avec les proportions du corps.
Première créatrice du XXe siècle à utiliser le corset dans sa forme originale, Vivienne Westwood a ainsi fait entrer dans l’histoire une pièce devenue, récemment, une pierre angulaire de la mode. Le plus iconique est sans aucune doute celui où est reproduit la toile de du XVIIIe siècle de François Boucher, représentant Daphnis et Chloé.
Le Défilé de 1993, Anglomania Et La Chute Iconique de Naomi Campbell
De 1993 à 1999, Vivienne Westwood n’a eu de cesse de faire dialoguer les styles boudoirs de la France et de l’Angleterre. Dès 1993, son nouvel époux, Andreas Kronthaler, réfléchit avec elle à la rencontre entre l’élégance de la couture française et les proportions théâtrales de la mode Anglaise.
Née ainsi l’une des collections iconiques de la maison Westwood — la collection Anglomania. Tartan, fourrures, kilts, silhouettes bouffantes se rencontrent dans des pièces qui ont l’air de sortir d’un atelier de couture. Sur le podium, surtout, une chute va devenir mémorable. Celle de Naomi Campbell, défilant alors sur des chaussures à plateforme de 30 cm !
Le Défilé Vivienne Westwood 1994, La Café Society
Vivienne Westwood prônait la liberté, de tout ! Dans une ambiance décadente et théâtrale; dans un décor de chaises longues et de tapis, des mannequins à l’historicité savamment évoquée par les visages poudrés et les lèvres roses, défilent dans un érotisme salvateur.
Kate Moss, seins nus, y défile dans ce qui est sans doute aujourd’hui encore l’une des minijupes le plus courtes de l’histoire… Micro bikinis crochet, robes de soirée somptueuses et volumineuses, chemises à nœuds… La collection Westwood entre dans les annales !
La Collection Vivienne Westwood 2015 Unisex: Time to Act
Les sources d’inspiration de Vivienne Westwood ont été multiples, mais c’est toujours par un engagement politique qu’elles s’appliquent. En 2015, la collection Unisex: Time to Act vise à porter la réflexion sur la mode unisexe et l’inclusion.
Sur le podium, on voit alterner costumes sur mesure, looks androgynes, jupes, franges, capes à capuche et robes longues fleuries… Indifféremment portés par des hommes et des femmes. Le tout dans un esprit décalé et punk propre à la maison Westwood.
Récemment, c’est la cause environnementale qui habitait les créations de la maison. Des matières durables, et un message pour les générations futures : « Buy Less. »
Sa mode aura finalement servi de symbole de représentation identitaire, de déclaration d’appartenance et d’expression radicale de dissidence sociale et politique…