La veste Chanel c’est l’histoire d’une légende — c’est avant tout une veste d’homme devenue un vêtement typiquement féminin. Inspirée de l’uniforme de liftier autrichien dans un palace, Gabrielle Chanel l’a voulu pratique et confortable… Comme un vêtement qu’on enfilerait à la campagne.
Veste Tweed Chanel Histoire D’Une Icône
Coco Chanel découvrait l’Écosse au côté du duc de Westminster ; elle en rapporte le tweed, sa matière emblématique. 1954, l’heure est au volume, et au New Look de Christian Dior. Chanel, elle, poursuit sa quête de modernité et, dessine un style à contre-courant : les silhouettes se font minimalistes, les vêtements moins contraignants. Mademoiselle met alors au point des astuces, et des techniques de couture inédites.
Cette année-là, au-delà du tailleur, c’est la veste de tweed qui fait sensation. Sous ses dehors de vieille dame de la rue Cambon, Coco Chanel démontre là toute l’impertinence d’une désinvolte élégance. La veste tombe comme une seconde peau quand c’est une fois de plus le tweed qui la compose; la coupe est droite, quatre vraies poches flanquées de chaque côté structurent l’absence de col, et, voilà une icône hors du temps.
Le secret? Dans l’ourlet, une chaînette vient plomber le tombé, pour laisser à celle qui la porte toute l’aisance du mouvement. Une pièce universelle si l’en est, la veste noire de Chanel dégage toute la sensualité de la rencontre du masculin/féminin. En imposant à la société de l’époque un habit au raffinement dégagé, le style de la dame aux camélias devient le signe d’une élégance où se dessine la modernité pour redéfinir la tradition.
L’unique but de Coco était d’habiller la femme le mieux possible : dessiner le buste, allonger la taille, dégager les bras. Sous le tissu, les coutures de la petite veste noire témoignent de cette vision.
Les Origines De L’Icône
A Salzbourg, la dame aux camélias croise, dans un hôtel, un liftier dont l’uniforme appelle à elle l’image d’une mise à quatre poches. On raconte que son amant de l’époque, le duc de Westminster, lui lègue ce goût proprement british pour le tweed. Sans surprise, la couturière opte pour cette chair : une laine moins lavée afin d’y garder souplesse et moelleux. La peau est invitée à côtoyer la pièce à travers la soie, le taffetas et le jersey.
Coupée droite, la jaquette est articulée de manière à donner une aisance aux mouvements : Chanel veut des femmes gracieuses, de celles dont les pas glissent. Le devant de l’habit est monté en fil droit, sans pince poitrine, faisant de ce tissu un tout. Le dos en est séparé par une simple colonne de coutures. Le secret de ce tombé parfait : une chaînette dorée ourle la doublure. Devenue depuis signature de la maison, seule à employer cette technique servant l’impeccable verticalité.
Pour Gabrielle Chanel, tout devait avoir une fonction et, elle se devait d’être pratique. Son esprit se distille dans chacune des parties de son chef d’oeuvre. Les manches, par exemple, montées au sommet de l’épaule, donne un aspect étriqué illusoire : grâce à une pièce de tissu placée juste sous l’aisselle, le mouvement du bras se libère du carcan.
Les Galons, les Boutons et les Finitions
Des galons enserrés de cordons y sont apposés : libre et inventive, ils sont la matérialisation de l’imaginaire Chanel. Chacun d’eux était singulier, car « par principe, j’invente toujours, je ne fais rien qui existe déjà. Je me consacre à l’unique » disait Gabrielle Chanel.
D’or, de soie, ou d’argent, ils sont néanmoins toujours en complexion avec les boutons. Traitées comme de précieux bijoux, les attaches ont pris vie sous différents traits, dont les plus aimés par la créatrice étaient ceux à tête de lion.
Les motifs de boutons s’agrandissent avec le double C, le trèfle à quatre feuilles ou le Camélia ; se colorant de différentes teintes selon les saisons. Finalement, c’est une sorte d’éternelle jeunesse que véhicule cette pièce qui, par ailleurs, est la plus copiée au monde.
La postérité
La petite veste continue d’enchanter. Karl Lagerfeld a su maintenir cet héritage tout en y posant sa patte… Associée à un jean, la pièce perd son genre et c’est une sorte d’éternelle jeunesse qu’elle véhicule. « Iconique, intemporelle et typiquement Chanel, qui n’en voudrait pas une ? » comme affirmait Karl Lagerfeld.