Sa célébrité et son style reconnaissable entre mille l’ont propulsé vers des collaborations exclusives avec des marques mondialement connues, et notamment dans la mode. Mais avant d’être pris pour l’artiste le plus emblématique de ce début de siècle, Takashi Murakami a d’abord façonné un style, une pensée et une technique à la Tokyo National University of Fine Arts and Music. Là, Murakami prend le temps d’un doctorat pour réfléchir à sa volonté d’universaliser l’expression artistique Japonaise. Dès 1989 il fonde alors un espace créatif qu’il baptisa sept ans plus tard la ’Hiropon Factory’ – le clin d’œil est évident : référence au médicament éponyme et à la Factory de Warhol, Takashi Murakami y développe néanmoins une vision très personnelle de l’art.
Sa théorie est la « Superflat » ; l’idée étant de liée les origines de la culture visuelle Japonaise contemporaine à l’art ancestral du Japonais. En d’autres termes, synthétiser la culture populaire de l’art contemporain et la grande tradition. Il explique : « Les Japonais acceptent que l’art et le commerce soient mélangés. Et en fait, ils sont surpris par la hiérarchie occidentale rigide et prétentieuse de l’art noble. »
Et il est vrai que dans son œuvre, l’art noble et l’art populaire se rencontrent dans une harmonie évidente. Qu’il s’agisse de ses peintures, ses sculptures quasi minimalistes, ses dessins animés ou encore les produits dérivés liés à son image, Takashi Murakami y distille avec le même intérêt toute l’essence de son art. Ainsi, lorsqu’il appelle à la mémoire collective les personnages de manga, il le fait à travers la sculpture et toute la noblesse que l’exercice requiert. C’est sans doute pour cela que Marc Jacobs lui fait créer des sacs à main et d’autres articles incontournables pour la maison Louis Vuitton. Ce qui plaît avant tout chez Takashi Murakami, c’est cet opéra de couleurs – ces teintes douces et criardes orchestrées autour d’une idée de départ qui reste la même : lier la tradition et la Pop, le Japon d’antan et celui sortit de la Seconde Guerre Mondiale.
Il raconte : « Quand je faisais de la peinture en tant qu’étudiant de première année à l’université, une étudiante plus âgée s’est approchée et m’a dit que je n’avais pas le sens de la couleur. Il s’est avéré que son petit ami était connu pour son sens exceptionnel de la couleur. Vous pouvez imaginer, comment moi qui espérais vivre de la peinture ; combien ce commentaire m’a fait trembler ! À partir de ce jour, j’ai commencé à étudier les fondamentaux de la couleur. » Une envie de plaire donc, mais surtout cet amour de la couleur éclatante a ainsi forgé une palette psychédélique et apaisante… Ses œuvres s’attachent ainsi à toujours rester amusantes et accessibles, jouant dans un univers de créations surprenantes comme M. DOB, des fleurs souriantes et des champignons colorés.
De son Japon natal, Takashi Murakami aime aussi titiller la censure sexuelle, alors même que les personnages de manga présentent une hyper-sexualisation à la limite du ridicule. C’est cela que son œuvre iconique Hiropon, 1997 tend à travailler. Hiropon est ainsi l’œuvre qui l’a fait accepter par les cercles artistiques aux États-Unis. La poitrine surdimensionnée sur un bikini hyper petit, des fantasmes alimentés par des dessins animés ; les figurines prennent ici une taille absurde, à la limite du grotesque… Et c’est bien cela la signature de Murakami : exprimer la sexualité occultée par une tournure toute à la fois ridicule, drôle, mais bel et bien exécutée dans un art qui se veut noble.
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