Un sens inouï du verbe, une oreille plus que poétique, un style inimitable et pourtant si imité: l’allure et l’attitude de Serge Gainsbourg ont fait de lui une icône. Une icône artistique, mais aussi une icône de mode !
Le Style Gainsbourg: Souvent Imité, Rarement Egalé
Icône de mode sans doute peu conventionnelle, Serge Gainsbourg a fait de sa timidité et de sa supposée laideur le levier efficace d’une attitude toute à la fois blasée, moqueuse mais sacrément élégante.
Question style, Serge Gainsbourg faisait reposer le sien sur le même mantra que celui de sa musique… A l’image de son répertoire subtile et poétique très maîtrisé, son allure, elle, laissait planner un savant mélange de classe Parisienne et de cool alternatif.
A l’instar de son répertoire qui aujourd’hui encore trône au panthéon des inspirations premières des artistes de notre temps — la patte stylistique de Serge Gainsbourg est incontestablement iconique.
Né le 2 Avril 1928, Lucien Ginsbourg devenu Serge Gainsbourg laissera passer les tendances pour mieux ancrer son attitude au rang des intemporelles. Indémodable car loin d’être excentrique, Gainsbourg est d’abord un dandy désinvolte avant d’être une figure de mode figée dans son temps.
Alors, lorsqu’il s’agit de retracer le fil du style Gainsbourg, il suffit parfois de plonger dans les archives pour mieux comprendre que son comportement scandaleux et controversé trouvait appui sur un style impeccable.
Mettre le feu à un billet de 500 francs pour dénoncer le taux d’imposition? D’accord, mais glissé dans un veste impeccablement taillée.
L’attitude blasée? Ok, mais en costume trois pièces qui sur lui sonne tout sauf formel.
Gainsbourg ne se souciait pas vraiment des attentes et, sans surprise, ce trait se reflétait dans sa garde-robe. Il ne possédait que des pièces essentielles, mais les twistait avec une attitude et un charisme renversant.
« Par hasard et pas rasé » — Serge Gainsbourg a figé dans l’imaginaire collectif la figure du dandy désinvolte, et surtout moderne.
Les Pièces Clé du Style Gainsbourg
A l’image de l’influence colossale qu’a le repertoire de Serge Gainsbourg sur la chanson Française — son style influe aujourd’hui grandement sur le vestiaire masculin. Figure du dandy irrévérencieux mais toujours élégant, les pièces clé du style Gainsbourg font aujourd’hui figures de basiques intemporels !
Et c’est d’ailleurs à Jane Birkin que Gainsbourg le doit — elle qui avoue volontiers: « Tout est de moi, il m’écoutait beaucoup. »
Les basiques du style Gainsbourg? Une veste de costume à rayures tennis, un trench Renoma, des jeans 7/8 effilochés… Et des Richelieu Zizi de Repetto qu’il a rendu mythique !
A dire vrai, le style Gainsbourg a suivi les évolutions de son temps. Dans les années 60, la vague du swinging London emporte Serge Gainsbourg vers un style chic et désinvolte — le complet de ses débuts laisse place à un jean délavé et une chemise déboutonnée.
Ces jeans effiloché en 7/8, c’est encore à Birkin qui le doit — « des jeans Levi’s achetés aux puces » de l’aveu de l’icône de la mode féminine.
Dans les années 70 se dessine encore l’élégance si caractéristique de Gainsbourg — la veste de costume à rayures tennis et le trench beige, un classique. Son trench est un Renoma. Du nom du designer qui à l’époque habillait les Rolling Stones ou encore le Tout-Paris branché…
C’est encore à la fin des années 70 que Serge Gainsbourg adopte définitivement les Zizi de Repetto. Dénichées dans un panier de soldes par Jane Birkin, Serge Gainsbourg les détourne encore et les adopte pieds nus. Symbole de l’attitude détachée et irrévérencieuse que Gainsbourg entretient avec nombre de codes !
Enfin, les années 80 ont laissé place à l’alter-ego Gainsbarre — costume canadien, Repetto aux pieds et montre Breitling au poignet… C’est cette image qui restera pour nombre de personnes, tant Gainsbourg et Gainsbarre finissent par ne faire qu’un, jusqu’à la disparition de ce véritable génie de la culture Française ! Il y a tout juste 30 ans…
Les Beaux Lives Pour Saisir Le Phénomène Gainsbourg
Serge Gainsbourg a laissé derrière lui un patrimoine esthétique de grande ampleur. A la manière d’un poète, il a en effet distillé dans ses textes autant d’histoires que de jeux de mots sulfureux à la hauteur des révolutions du siècle passé.
Pour cerner le phénomène Gainsbourg, Loïc Picaud a d’ailleurs consacré un bel ouvrage à ce patrimoine d’abord musical. Des premiers vinyles aux derniers CD, la discographie de Serge Gainsbourg se révèle ainsi dans le livre L’histoire de tous ses disques, Gainsbourg, L’Intégrale.
Une histoire fascinante dont un autre ouvrage dévoile plus précisemment encore la grandeur — avec Fabien Lecoeuvre, c’est La Véritable Histoire des Chansons de Gainsbourg qui se raconte dans un livre.
Et c’est avec la complicité de ses proches, amis ou collaborateurs – de Vanessa Paradis à Charlotte Gainsbourg – que Fabien Lecoeuvre est parvenu à réunir dans un beau livre les dessous de ses textes si bien ficelés.
Enfin, le phénomène Gainsbourg ne serait peut être pas si mythique sans la personnalité multiple et authentique de Serge Gainsbourg. En cela, c’est l’ouvrage Gainsbourg sur le Divan d’Audrey Tordelli, co-écrit avec le psychanalyste Joseph Agostini, qui en prolonge la compréhension.
Un ouvrage dont la maison d’édition Envolume résume ainsi toute la subtilité et l’élégance naturelle du génie de Gainsbourg: « Quand il meurt, nu, dans son appartement de la rue de Verneuil le 2 mars 1991, Serge Gainsbourg semble s’être dépouillé de tous ses artifices, de tout ce qui fit Gainsbourg et Gainsbarre, le peintre fou de surréalisme et l’auteur scandaleux de la chanson française, ne promenade freudienne à travers les mots d’esprit d’un serial rockeur à tête de chou, fœtus ivre de Chopin, être fascinant, qui a toujours tangué entre la beauté des désastres et le goût de l’infini. »