Du 16 avril au 29 septembre, les « citadins » tout droit sortis de l’imaginaire de Ron Mueck logent à la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Réifiant l’humanité, sans la travestir, il innove en acceptant la caméra de Gautier Deblonde, lors de la conception des trois dernières oeuvres.
Ron Mueck est l’un des rares artistes à laisser le public assisterà la conception monstrueusement minutieuse de sa création. Dans un premier temps, il en griffonne les croquis, au crayon ou au stylo, sur feuille A4. C’est ensuite en trois dimensions qu’il les prolonge, donnant une posture, singeant une situation, bref, coulant l’individu dans un personnage. De là naîtront de petites maquettes, de cire ou d’argile. La vision de l’artiste brouille alors les conceptions : l’anecdotique devient imposant ; l’imposant devient insignifiant dans ses dimensions. La précision du geste, jusqu’aux moindres pores et ridules, en même temps que la souplesse supposée de la chair, servent le moulage final : le héros est né.
Ron Mueck offre ainsi aux yeux de tous des scènes mystérieuses et contemplatives, dérobées et tranquilles. Pourtant, l’interprétation qu’il fait de l’ordinaire révèle toute la complexité du rapport aux autres, au corps, et à l’existence. Ces masques que l’on appose aux autres ou à soi-même, cette Comédie Humaine qui va jusqu’à entrer dans la sphère psychologique… Rien ne sert de décrire les sculptures, il vous faudra vous frotter à ces illusions, étrange confrontation avec nous-mêmes.
Le public le découvre avec Dead Dad en 1997, une reproduction miniature du corps de son père décédé. Rien n’y manque, à part peut-être la parole. Un univers étrange qui fait tout le charme de ses œuvres. L’OVNI de l’art contemporain est loin du naturalisme académique, ou de l’hyperréalisme. Dans cette optique, c’est sans équivoque le sceau de l’atemporel pessimisme qu’il appose à l’humanité. Et, c’est cette contrainte particulière qui induit une situation de malaise chez le visiteur : des drames du quotidien qui n’ont rien de dramatique. Une exposition aussi troublante de réalisme où la frontière entre réel et irréel est mince.
Fondation Cartier pour l’Art Contemporain
261 Boulevard Raspail
75014 Paris
Télépohone : 01 42 18 56 50
Laissez une réponse