Pierre Fichet à la Galerie Diane de Polignac, c’est jusqu’au 29 Juin 2024 — une rétrospective exceptionnelle consacrée à Pierre Fichet donc, intitulée « Les Années Bateau-Lavoir ».
Pierre Fichet A La Galerie Diane de Polignac : Les Années Bateau-Lavoir
Pierre Fichet à la Galerie Diane de Polignac, c’est l’événement qui met en lumière une période significative de l’histoire de l’art français. En se concentrant sur l’œuvre de Pierre Fichet, centrée sur ses années passées dans le légendaire atelier parisien du Bateau-Lavoir, la galerie invite à (re)découvrir les créations puissantes et évocatrices de cet artiste majeur du XXe siècle.
Né à Paris en 1927, Pierre Fichet a été formé par le peintre néo-impressionniste italien Dominique Aldighieri, avant de se tourner définitivement vers la peinture abstraite en 1952. Sa conversion au catholicisme dans sa jeunesse a influencé ses premières œuvres abstraites, qui portaient des titres religieux tels Moines de Zurbaran et Voile de Véronique.
Progressivement, Pierre Fichet a abandonné ces références explicites pour laisser place à une abstraction pure, néanmoins marquée par une recherche constante de spiritualité et de transcendance.
La responsable de la Galerie Diane de Polignac, Mathilde Gubanski, détaille pour Icon-Icon : « Pierre Fichet occupe un atelier au Bateau-Lavoir de 1981 à 2007. Ces 26 ans au Bateau-Lavoir vont lui donner la réputation d’être un des messieurs de l’abstraction lyrique. » Ce lieu mythique, lové à Montmartre, connu pour avoir accueilli des figures emblématiques comme Picasso, Apollinaire, ou encore Modigliani, devient en 1981 le lieu de création de Pierre Fichet. Partageant son atelier avec le peintre Claude Georges, Pierre Fichet y développe une œuvre riche et complexe. C’est ce lieu, reconstruit après un incendie en 1970, qui offre à l’artiste un espace propice à l’exploration de nouvelles techniques et à l’expression de sa vision artistique…
Mathilde Gubanski précise encore : « L’art de Pierre Fichet se caractérise par l’utilisation de la peinture à l’huile. Il gardera cette technique vraiment toute sa vie. Alors que beaucoup d’artistes des années 70 passent à l’acrylique, lui Fichet, ça ne lui plaît pas du tout. Il veut continuer à la peinture à l’huile. » Cette fidélité à l’huile permet à Pierre Fichet de créer des effets de matière et de transparence très riches.
L’œuvre de Pierre Fichet se distingue alors par l’utilisation de longues barres verticales et horizontales, révélant la complexité interne de la peinture. Ces masses structurantes sont des éléments récurrents qui traduisent les antagonismes et les ambiguïtés de l’artiste. Pierre Fichet lui-même a confié que « la prise de risque du geste instinctif est sous-tendue par la pensée », soulignant la dualité entre spontanéité et contrôle dans son processus créatif.
Les années 1990 marquent une évolution notable dans son travail avec des compositions décentrées, des aplats lisses perturbés par des éclats et des points d’incandescence, renforçant le caractère magmatique de ses œuvres. Cette période voit aussi l’artiste questionner la peinture elle-même, dans un dialogue constant entre élan et retenue, forme et chaos, évoquant une « mise en forme de certaines idées concentrées ».
Des oeuvres qui relèvent de l’abstraction lyrique — un mouvement nommé par Georges Mathieu et comprenant des artistes comme Gérard Schneider, Hans Hartung, et Pierre Soulages… Soit l’exaltation et la spontanéité gestuelle comme aiguillons.
« Tout ça est quand même le résultat d’une grande méditation, d’un apprentissage. Il faut savoir composer un tableau, il faut savoir le construire » nous rappelle la responsable de la galerie Diane de Polignac.
Mathilde Gubanski souligne justement la maîtrise de Fichet dans l’utilisation des couleurs : « La palette de Pierre Fichet est très caractéristique. Vous allez voir, c’est une variation sur les trois couleurs primaires, ainsi que le noir et le blanc. »
Pierre Fichet utilise ces couleurs en multiples variations, offrant une richesse visuelle qui attire et captive le regard. Ses compositions, bien que souvent basées sur une palette restreinte, dévoilent une profondeur et une complexité impressionnantes.
Son engagement envers l’abstraction lyrique lui a valu des critiques élogieuses, comme celle de Herta Wescher qui écrit : « L’acte de peindre équivaut pour lui à un culte religieux… leur sens mystique se diffuse dans les subtils reflets de lumière, dans l’étrange rayonnement des couleurs ».
Pierre Fichet a ainsi participé à de nombreuses expositions prestigieuses tout au long de sa carrière, des Salons des Indépendants et d’Automne en France à la Biennale de Paris. Ses œuvres font aujourd’hui partie des collections publiques d’envergure telles que le Centre national des arts plastiques à Paris et le Musée d’art moderne de Paris.
En parlant de son travail, Mathilde Gubanski cite aussi une phrase emblématique de l’artiste : « L’abstraction n’est pas une fuite de la réalité mais une immersion plus profonde dans l’essence des choses. » Pour Pierre Fichet, l’abstraction est une image de l’intérieur, une peinture de l’intime et du mental.
Finalement, Pierre Fichet est resté fidèle à son art jusqu’à sa mort en 2007, laissant derrière lui un héritage de compositions vibrantes et dynamiques. La rétrospective à la Galerie Diane de Polignac offrira une occasion unique d’apprécier l’évolution de son style et la profondeur de son engagement artistique.
Une sélection captivante des œuvres de Pierre Fichet, offrant un aperçu de son parcours artistique… Parmi ces pièces exposées, « ARAN » (2001) se distingue par sa maîtrise de l’huile sur toile, créant des compositions profondes et texturées grâce à des couches superposées et des effets de transparence.
Deux œuvres sans titre de 2002 montrent l’évolution constante de l’artiste dans son exploration de l’abstraction lyrique. La première, mesurant 97 x 162 cm, est une démonstration de son dynamisme avec des couleurs vibrantes et des coups de pinceau spontanés. La seconde, de 100 x 81 cm, continue d’explorer les thèmes de la couleur et de la matière, ajoutant de la profondeur à la composition avec des effets de superposition et de transparence.
Enfin, « Les Feux de la Passion » (2004) est, elle, une explosion de couleurs vives et de textures intenses — Son titre évocateur ajoutant une dimension émotionnelle à cette composition puissante, illustrant la passion et l’énergie qui caractérisent le travail de Fichet.
L’exposition « Les Années Bateau-Lavoir » promet ainsi de célébrer la carrière d’un peintre dont l’œuvre continue d’inspirer et de fasciner !
A voir jusqu’au 29 juin à la Galerie Diane de Polignac,
au 2Bis Rue de Gribeauval, 75007 Paris.