INTERVIEW : Nikolaï Makarov A La Galerie Artborescence

INTERVIEW : Nikolaï Makarov A La Galerie Artborescence

Jusqu’au 16 novembre 2022, la galerie Artborescence rassemble les œuvres éthérées de Nikolaï Makarov, artiste Russe exilé à Berlin. Des toiles volontairement brouillées qui rappellent toute la poésie de la vie, la suggestivité de la perception et la puissance d’évocation de la peinture.

Rencontre avec la galerie Artborescence qui orchestre l’exposition de Nikolaï Makarov. 

Artborescence est un nom poétique qui évoque les ramifications autour de l’art – pouvez-vous revenir pour nous sur la portée de votre nom ?


Une arborescence est effectivement un phénomène de ramification, dont le résultat témoigne d’un ordre mis en place par une force mystérieuse. Tous ces phénomènes irradient harmonieusement à partir d’un centre, obéissant à des lois silencieuses et positives. Voilà pour nous, l’Art reste bien sur un mystère, mais un
mystère qui rassure, qui est bénéfique et enrichissant pour l’Homme avec un grand H.

Pouvez-vous brièvement revenir sur l’aventure Artborescence ?

Artborescence, c’est l’histoire de deux amis passionnés, experts et marchands en art ancien, qui pensent que l’art contemporain doit pouvoir s’inscrire dans l’histoire de l’art sans chercher à tout prix les ruptures et les coups d’éclat. Il doit tendre une oreille attentive et humble aux œuvres du passé tout en sachant s’ancrer avec pertinence dans son époque. Cette vision est nourrie par un dialogue constant entre les siècles entre les œuvres d’hier et d’aujourd’hui, se rassemblant dans la célébration de la beauté.

Quelle approche de l’art et de la peinture trouve-t-on au cœur de la galerie Artborescence ? 

Artborescence, c’est une vision singulière de la création, comme dialogue constant avec les époques. Une galerie qui veut célébrer les merveilles de la nature à partir de ce qu’elle inspire aux artistes d’aujourd’hui, conscients de l’immense fragilité de l’environnement à l’heure des grands défis écologiques. Artborescence ne s’intéresse pas à l’art intimidant, et met plutôt en valeur le geste original d’un artiste inspiré par ce qui l’entoure. Plutôt que de l’art intellectualisé, Artborescence croit que l’Art peut s’adresser au public sans le filtre d’explications alambiquées. Artborescence, enfin, c’est une galerie qui se veut un lieu de rencontre chaleureux, entre artistes, collectionneurs, experts et marchands, rassemblés autour d’œuvres qui disent, chacune à leur manière, le monde qui nous entoure.

Comment avez-vous rencontré l’œuvre de Nikolaï Makarov ? Comment s’est orchestrée cette exposition ? 

Tout démarre en décembre 2018 à Paris au 76, rue du Faubourg Saint Honoré. Sotheby’s accueille alors le Salon des Jeunes Marchands. C’est notre première rencontre d’une œuvre de Nikolai Makarov. Le tableau se trouvait alors exposé par un jeune galeriste berlinois qui est devenu un ami dès lors : Mario Bermel aujourd’hui à la tête de la galerie Bermel von Luxburg à Berlin. Mario a toujours fait partie du cercle proche de Nikolai Makarov depuis son plus jeune âge. Alors enfant, il broyait les couleurs dans l’atelier du peintre. C’est grâce à lui que nous avons pu monter une telle exposition sur un artiste de renommée mondiale.

Avec le contexte actuel de la guerre en Ukraine, pensez-vous que l’art, (et spécialement la peinture), peut intervenir dans la réconciliation des peuples ?

L’Art est intemporel, l’Art est universel. Dès lors, il est évident que l’Art est un lieu harmonieux où se rassemblent les peuples ; au même titre que la galerie Artborescence est à son échelle un lieu de partage pour les artistes et les amateurs d’art. Citez-moi une guerre faite pour l’Art ? Nous n’en connaissons pas. A contrario, nous sommes tous d’accord pour constater que l’Art rassemble. Il n’y a qu’à voir la fréquentation cosmopolite et internationale des musées à travers le monde. L’Art est un des meilleurs exemples de concorde mondiale, et Dieu sait que nous pouvons en manquer actuellement !

Dans les œuvres de Nikolaï Makarov la réalité se confond avec le rêve – est-ce pour vous le propre de l’art que de jeter des ponts entre le conscient et le subconscient ?

Bien sûr ! Il y a pour nous deux disciplines qui sont capables de faire un tel lien entre le conscient et le subconscient. La religion, qui ne fait pas l’objet de notre discussion, et l’Art. L’Art a cette vocation de toucher au mystique tout en étant le fruit de l’homme. Il n’y a pas d’Art à proprement parler sans contribution humaine. L’artiste en tant que créateur touche au domaine du conscient mais il est capable de provoquer des sentiments, des émotions chez l’autre qui touchent de facto au subconscient. Si l’Art de Nikolai Makarov subjugue autant c’est bien parce qu’il est une passerelle entre le conscient et le subconscient.

Quelle est pour vous le propre de la peinture de Nikolaï Makarov ? Qu’aimeriez-vous que les visiteurs et collectionneurs retiennent de cette exposition ?

Evanescence de l’œuvre, de l’image créée par Nikolai Makarov Références évidentes à l’art ancien Contemporain car ancré stylistiquement dans son époque Intemporalité de sa démarche artistique Nikolai Makarov exprime à travers ses œuvres tout un pan de réflexion lié à son jeu d’ombres et de lumières. Ces images poétiques sont poussées dans les retranchements de la simplicité, ne laissant que des formes, parfois seulement des silhouettes dont les contours et les teintes trouveront une référence dans nos imaginaires. La singularité artistique de ce peintre a fait sa renommée depuis près de quarante ans à travers le monde. Il se base évidemment sur d’innombrables aspects de l’Art ancien, alliant la lumière d’un Rembrandt et le sfumato des Italiens du XVIe siècle, en passant par des sujets que Monet et Degas ont magnifiés en leur temps. C’est ce pont que les visiteurs de notre exposition doivent retenir. Ce pont entre l’Art d’hier et celui d’aujourd’hui que Makarov dépeint avec la finesse d’un grand maître.

Chez Icon-Icon nous aimons partager avec nos lecteurs un moment iconique qui a agit comme une épiphanie chez nos interviewés… Avez-vous en tête une toile, une visite de musée ou de galeries qui aurait agit comme telle pour vous ?

Benoit : Antonio Ciseri – Ecce Homo – 1862 – Palais Pitti – Florence : toile trop peu connue réalisée par un artiste italo-suisse et qui est un syncrétisme très abouti de l’art occidental alors à son apogée.


Florent : La grande salle du XVIIe siècle français au Musée du Louvre, où sont conservées de nombreuses œuvres de Philippe de Champaigne. Un voyage dans le temps au milieu d’images extraordinaires, au réalisme bouleversant qui ne peut laisser insensible.