Composé d’un biscuit macaron qui allie à l’acidité de la framboise le goût suave de la rose, l’Ispahan est soutenu par la saveur florale du leechy. L’exotisme enivrant qu’il délivre est renforcé par le croquant de la meringue. Au début des années 1990, Pierre Hermé lance le gâteau qui donnera naissance à l’Ispahan, le Paradis. Il connaît un certain insuccès, sans doute lié à un goût de rose encore insolite en pâtisserie. C’est pourtant cette même saveur qui donnera toute sa force à l’Ispahan, quelques années plus tard. Issu d’une famille de pâtissiers depuis quatre générations, Pierre Hermé ne pouvait connaître d’autre destinée que celle de ses aïeux. Se souvenant avoir voulu embrasser cette carrière dès l’âge de ses neuf ans, il quitte les cuisines familiales pour affiner ses papilles chez les plus célèbres, tel que Lenôtre, Fauchon ou encore Ladurée. En 1998, celui qui finira par se faire appeler « le magicien des saveurs » ouvre sa première boutique au Japon, dont la culture artistique et culinaire l’a toujours inspiré.
Vouant son talent à la renommée internationale, Pierre Hermé sait allier mondialisme et exotisme en une délicate association de saveurs, ne lassant pas de surprendre les fines bouches aux quatre coins du globe. Son Ispahan connaît ainsi rapidement un succès qui demeure égal à ses débuts. Empruntant son nom à l’ancienne capitale perse sous l’empire des Safavides, à quelques centaines de kilomètres au sud de l’orientale Téhéran, Ispahan est un dépaysement pour le goût. Rappelant par ses couleurs rosées les cieux crépusculaires du Moyen-Orient, il sera qualifié par la comédienne Isabelle Carré d’ « une invitation au voyage, suave comme un baiser ». La plus fameuse des pâtisseries est d’ailleurs mise à l’honneur dans un ouvrage éponyme paru en 2013, recensant tant mémoires de personnalités à son sujet que déclinaisons culinaires autour des saveurs qui la composent : Pierre Hermé nous y délivre le secret de quarante-deux recettes autour de l’Ispahan, allant de la tarte au cocktail, en passant la gaufre, le chocolat ou encore le mille-feuille.
L’Ispahan marque enfin la naissance d’une pâtisserie d’un nouveau genre, se plaçant au sein d’une gamme de produits luxueux. Dignes d’avoir pignon sur rue aux côtés de grandes maisons comme Saint Laurent ou Dior, les pâtisseries de Pierre Hermé s’inspirent du monde de la mode, entre « présentations » et « saisons », « collections » et « lancements ». Adaptant des codes haut de gammes au monde sucré, ayant recours à un marketing chic, une communication soupesée au milligramme près et une confection d’excellence, le pâtissier est parvenu à faire de son nom un établissement de luxe. S’il a fait de son art la « haute-pâtisserie », c’est avant tout grâce à un désir filé tout au long de sa carrière : « Pâtissier est un métier artisanal, mais qui possède une dimension artistique. C’est la même chose chez Chanel, il y a les artisans qui font les robes et il y a Karl Lagerfeld qui est l’artiste. Ce qui me permet de faire le rapprochement, c’est qu’il s’agit du même univers : le luxe. ». Soucieux de parfaire la réussite de l’Ispahan, Pierre Hermé signe en 2013 une collaboration avec le designer japonais Kenya Hara, qui dessine pour l’élégant macaron des emballages aériens et épurés. Emblème d’une réussite indiscutable, l’Ispahan est l’avatar indissociable du nom de Pierre Hermé, et se retrouve dans ses boutiques partout à travers le monde, toujours plus nombreuses. Un triomphe qui permet encore aujourd’hui d’affirmer : « Quand quelqu’un me parle de mes gâteaux, une fois sur deux, il s’agit de l’Ispahan.
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