2012 aura été une de ces années où tombent des têtes dans les grandes maisons de couture françaises. Loin de l’esthétique conceptuelle des opus publicitaires développés par Nicolas Ghesquière, Alexander Wang s’ancre dans une sobriété radicale surpiquée d’un caractère urbain. Sa mission : poursuivre la modernisation de la griffe avec son sens du style chic wear en phase avec l‘époque. Il fait donc de Balenciaga une maison pointue et catégorique en apposant par touche son style loose et sans couleur, à la limite du désinvolte. Après deux saisons seulement, il devient évident qu’il fournit, silhouette après silhouette, une pléthore de pièces fortes et de must-have dont raffolent les modeuses. Pourtant, lorsque François-Henri Pinault approche le jeune homme, sa première réaction fut de décliner son offre, craignant d’être « l’homme le plus détesté de la mode » ; en tant que designer américain rejoignant une illustre maison française fondée par un autre, il craignait, dit-il, d’être constamment mis au pied du mur. Toutefois, il se laisse convaincre de se rendre à Paris pour visiter incognito les archives de la griffe ; François-Henri Pinault désactive alors les caméras de sécurité pour que personne n’en sache rien. La fin, on la connaît et, en se plaçant dès sa première collection comme digne héritier de Cristobal Balenciaga, Alexander Wang semble avoir saisi la doctrine du maître : l’élimination est le secret du chic. Tout comme l’impact sensuel du dos.
Ce dos que met justement en avant la campagne publicitaire automne-hiver 2013-2014, la première sous la direction artistique d’Alexander Wang. Cinq clichés ont déjà été dévoilés ; le premier, au printemps dernier, révélait le mannequin américain Kristen McMenamy dans une robe graphique ouverte sur le dos en A renversé. Shootée par le photographe américain Steven Klein, la campagne reprend un procédé souvent mis de côté : les photos se font de dos comme pour mieux attirer l’œil sur les vêtements sculpturaux. La Wang touch se retrouve également dans l’atmosphère sombre et délicate qui habite les photographies. Une mise en scène épurée qui laisse planer un mystère fascinant, quasi-hypnotique. L’émotion est là, comme dans ses pièces déjà emblématiques, qui, comme Le Dix, s’arracheront dès la rentrée. La dernière collection du faiseur d’it bags pour la maison de couture est ainsi mise à l’honneur d’une façon qui ne pouvait avoir plus d’impact sur l’admiration croissante pour le génie de la scène new-yorkaise. Finalement, tout ça est très Balenciaga !
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