Avec cette façon crue et très esthétique de capter une intimité faussement offerte, Ellen von Unwerth s’est fait connaître pour son travail de mode. Madame Figaro, Vanity Fair ou encore Vogue, la presse fait rapidement appel à l’élégance du noir et blanc qui la caractérise. Il faut dire qu’elle n’a pas son pareil pour donner vie aux fantasmagories qui, de l’érotisme, n’empruntent que les codes. Parmi ses maîtres à composer, elle cite Newton et Lartigue. On comprend alors toute l’influence qu’ils eurent dans son propre univers sexy et ludique. Sa signature : des images audacieuses, sensuelles et éhontées, où s’élève un érotisme léger, assumé pour un nouvel état de dignité esthétique. Ponctuée d’images aux tons acidulés, ses séries déroutent autant que fascine leur symphonie : « Je veux qu’il y ait toujours un truc rigolo dans mes photos, quelque chose qui s’y passe, un mouvement ». Pour cette exposition d’images inédites, la photographe trouve son inspiration dans un mouvement underground né dans les clubs de Londres et de Tokyo : le Little Beast, un jeu de rôle où les “fétichistes du fantasme” détournent les codes classiques de l’érotisme.
Exit bondage, latex et couleur noir, la nouvelle génération leur préfère l’érotisme kitsch des couleurs pop, et la naïveté en petite tenue de serpents, de caniches, d’oiseaux, de chevaux ou de petits lapins. Cette sélection de photographies met donc en scènes ces petites bêtes espiègles et sauvages, mais dans une ambiance de boudoir. Erotisme toujours, pour cette série Ellen Von Unwerth dirige ses modèles pour toujours laisser ses images vaciller entre mise en scène hyper-calculée, et spontanéité d’un cliché. Simplement intitulé Little Beast, le travail d’Ellen se compose autour d’une intéressante dualité : d’un côté, ce rose poudré très féminin, très doux, et très classieux, de l’autre, des photos en noir et blanc à la densité raffinée. Le grain, le cadrage serré et décalé, offrent un regard neuf sur ces jeunes femmes érotisées. Subtile et kitsche, l’exposition prouve par là même qu’une fois de plus, Ellen Von Unwerth est de ceux qui savent magnifier le fantasme.
A découvrir jusqu’au 9 novembre, au 41 rue d’Artois
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