1945 – à la sortie de la guerre, Pierre Balmain est le premier des futurs grands couturiers qui bientôt replaceront Paris au centre de la map-mode à ouvrir sa propre maison. Au 44 de la rue François Ier, le modéliste introduit ainsi sa première collection le 12 Octobre de cette-même année. Et, comme il était de bon ton de faire à l’époque, c’est dans les salons de sa maison de couture que les dernières pièces étaient introduites à l’audience. Au milieu de quelques acheteurs, clientes et journalistes triés sur le volet, Pierre Balmain initie ce jour-là le début de la grande série des collections haute couture qui sauront ravir les élégantes des quatre coins du monde. La femme Balmain est de tout temps à l’image de son public, et son défilé ne peut manquer de ressemblance. Ce 12 Octobre 1945, Pierre Balmain fait connaître l’équation de sa mode : aisance et jeunesse. Et très vite, celui que l’on surnomma plus d’une fois “le plus jeune parmi les grands“ fidélise l’une des plus prestigieuses clientèle au monde !
Certaines images d’archives des défilés Balmain ne trompent pas : en mars 1952, le premier défilé de sa mythique collection Florilège se déroule dans un grand salon Bourgeois, feutré par de lourds rideaux tirés. Là, alors que les filles défilent dans des créations laissant l’assistance ébahit, de larges peintures d’un classicisme certain dénotent de l’inspiration du couturier : la femme Balmain est alors pareille à une Belle de toile, aimant à parader dans le baroque du néo-romantisme Parisien. Car oui, l’époque est à la fête, et Paris, justement, en redevient une : l’heure est aux bals, et notamment celui tenu au coeur l’Opéra Garnier. Ainsi, lorsqu’Oscar de la Renta reprend la direction artistique de la maison, au début des années 90, l’Américain repositionne la griffe dans le faste et le classicisme si fantasmé de la Haute Couture. En sortie d’un défilé, un jour, il se confie sur la teneur de l’exercice : « La haute couture peut consister seulement à ce que les femmes tombent folles d’amour des robes qu’elles voient. » Les défilés Balmain sont alors l’épithète de ce qui se fait en couture : musique classique jouée live et belles tout en chic, les présentations sont des spectacles reflétant tout du faste de la haute.
Mais voilà que l’arrivée de Christophe Decarnin, puis celle d’Olivier Rousteing achève de faire sortir Balmain de sa zone de confort. Avec brio, le duo plonge la griffe dans la réalité des années 2000 : exit bande son galante et bienséante, l’heure est au rock, au cool, au caractère bref, les défilés deviennent incendiaires. Sur le podium, les silhouettes taillées au cordeau sied à merveille une nouvelle élégance avide de sensation dans des micro-robes toute soulignés de sequins et d’épaules surdimensionnées. Sans ne rien omettre des codes qui firent le succès de la griffe Balmain – taille cintrée, ceinture et épaulettes – le nouveau directeur artistique a fait simplement entrer la maison dans ce qu’il faut d’encanaillement pour l’époque… En un temps record, la nouvelle esthétique Balmain devient la chérie des mondaines. Lorsqu’Olivier Rousteing se trouve seul aux commandes de la maison, c’est pour emporter ses défilés dans le faste des salons de l’hôtel Potocki du VIIIe arrondissement. Mais c’est bel et bien sur les top les plus populaires que l’on retrouve ces créations très affirmées. Ces guerrières des temps modernes sont Doutzen Kroes, Gigi Hadid, Jourdan Dunn, Kendall Jenner ou encore Anja Rubik. Aujourd’hui, les défilés Balmain sont surtout courus pour les after-show ! Composés comme de réels évènements, Olivier Rousteing affirme sa position comme en parfaite adéquation avec son époque – tenus dans des endroits mythiques de la capitale, comme le Moulin Rouge par exemple, ils sont autant d’occasions de voir en pratique toute la dégaine d’une maison aussi luxueuse que très facile à porter.
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