L’Elégance par Monsieur Scherrer

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Tout enfant, Jean-Louis Scherrer se rêvait danseur, et, rapidement, a consacré son temps à la danse, son premier talent. Au conservatoire national de la ville de Paris, il est familiarisé, dans un rapport quasi-organique, au corps des femmes. Mais un accident le dévia de sa première carrière. Encouragé par sa mère, il dessine, avec la même hardiesse, des robes, principalement. La mode aura finalement été le moyen pour lui d’assouvir sa passion du beau. ll aiguisa son crayon et raviva sa sensibilité des codes de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, dont il sortit diplômé en 1956. Puis, c’est chez Dior, époque Saint-Laurent, qu’il apprend la technique de la Haute Couture. Il n’y est resté qu’un an : après la mort du fondateur, il accompagna Yves Saint-Laurent en sa maison. En 1962, son rêve se matérialise lorsqu’il fonde sa marque ; le 51, Avenue Montaigne a servi de berceau à sa maison dès 1971 ; la même année, il reçut l’appellation  “Haute Couture“. Pour sa première collection, il fait défiler ses mannequins dans les caves d’un marchand de vin parisien. Les robes de cocktails fauves, fleuries ou à pois, taillées dans des étoffes dansantes, épousaient l’élégance brute des pierres qui lui servirent d’écrin ; sa fascination pour l’époque Bahaus l’oriente vers un style graphique. Les habitués de la Haute Couture d’hier furent dès lors conquis par celui qui habille la femme de goût ; celui qui semble être alors le garant du chic de la parisienne en quête d’une postmodernité.

Dans les années 80, sa griffe atteint des sommets : deux cent cinquante clientes lui commandèrent près de mille robes. Un grand succès couronné par l’obtention d’un Dé d’Or pour sa collection “Russe” en 1980. Son ADN? Des pois, du léopard, une taille qui se fait écrasée tandis que les épaules se marquent pour s’élargir. Son inspiration, elle, tenait du métissage des culturelles, des Indes des maharadjahs au tsarines de Saint-Pétersbourg sans oublier l’éternelle cour de Buckingham ; bigarrées, ses créations flirtaient avec l’élégance toute en trop de l’époque : luxe et féminité le tout en volupté, bref, le style Scherrer. Il se verra donc habiller les plus grandes figures féminines de l’époque tel que Jackie Kennedy, Anne-Aymone Giscard d’Estaing, Rachel Wech, Michel Morgan, Noor de Jordanie, Farah Diba ou bien même Isabelle Adjani ; qui portait l’une de ses créations lorsqu’elle reçut le prix d’interprétation féminine à Cannes en 1981. En 2008, la maison disparaissait et, c’est en tant que vintage qu’Ellen Page enfila une robe Jean-Louis Scherrer pour la cérémonie des Oscars. En effet, la maison n’a survécu à l’absence de Scherrer à l’aube des années 90. Licenciement par les actionnaires ou départ volontaire, les spéculations se poursuivent.

“Ce qu’Yves Saint Laurent était à la rive gauche, Jean-Louis Scherrer l’était à la rive droite“, cela est indéniable pour Stéphane Rolland, directeur artistique de la griffe durant dix ans. Après Christian Dior, Guy Laroche, Yves Saint Laurent, Louis Féraud et Pierre Balmain, il est le dernier à s’éteindre le 20 Juin 2013, d’une longue maladie. Inhumé au cimetière du Père-Lachaise, il referme, pour un temps, sans doute, l’univers de l’élégante opulence à la parisienne.

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