La célèbre réception de la Mille et Deuxième Nuit se tint le 24 juin 1911, dans l’hôtel de Paul Poiret, rue d’Antin. Raoul Dufy réalisa l’invitation où était inscrit « Cette nuit-là, il n’y aura pas de nuages dans le ciel et rien de ce qui existe n’existera ». Ce fut vrai. Sous un dais bleu roi où s’inscrivaient ses initiales, vêtu en prince persan, portant en guise de spectre, un fouet à la main, Poiret accueillit ses hôtes, trois cents personnes environ, surtout des artistes. Après avoir consommé des mets exotiques et des boissons contenues dans des carafes précieuses, ces persans d’un soir furent conviés à un feu d’artifice qui faillit se terminer par un incendie. 200 bouteilles de champagne furent consommées.
L’Orient excite l’imagination de Paul Poiret, cet Orient des Mille et une Nuit aux couleurs éclatantes. Cet Orient fantasmé des harems où les courtisanes revêtent le pantalon. Il y a également ce turban, parfois orné d’une aigrette, signature de Poiret. Tous ses éléments se retrouvent dans la tenue que revêtit Denise Poiret lors de la Mille et deuxième Nuit. Elle portait une tunique resserrée sous les seins par une large ceinture drapée : corsage en mousseline de soie couleur sable, jupe en tissu d’or évasée par un cerceau et frangée, ainsi qu’une culotte ou « pantalon de harem ». Un turban surmonté d’une aigrette complétait la tenue. Dans En habillant l’époque, Poiret se plait à raconter qu’il trouva l’inspiration lors d’une visite au Victoria & Albert museum, en tombant nez à nez avec des turbans de radjahs indiens. Cependant Denise Poiret soutient que ce n’est qu’une légende. Selon elle, l’idée serait née lors du déménagement au somptueux hôtel de l’Avenue d’Antin, quand toutes les femmes de la maison, assaillies par un flot de poussières, se nouèrent sur la tête un simple triangle de tissu dont les trois pans étaient ramenés sur la nuque en chignon. Quoiqu’il en soit, Poiret contribua à la réintroduction du turban au sommet de la tête des femmes.
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