Dans le parfum ambiant des collections, Miuccia Prada fait souvent figure de designer intellectuel. Il faut dire que son vestiaire parle autant qu’un discours politique – reine des faux-semblants, la directrice artistique de la maison éponyme a déjà fait ses armes dans ce qui est d’amener le laid dans les hautes sphères de la mode. Sa collection Automne/Hiver 2017-2018 défila ainsi dans un décor d’intérieur faussement kitsch et nostalgique – un espace parsemé d’alcôves aux lits recouverts de fausse fourrure et aux parois ornées de souvenirs accumulés, de portraits au Photomaton, polaroid ou autocollants tirés de la belle culture mode. Ici, Miuccia Prada distille ou plutôt compose un univers-tiroirs où la femme se libère des contingences, des règles et des entraves liées à son apparence de femme justement.
Mais les pièces Prada suintent la désirabilité – un féminin séduisant où les attributs les plus évidents de la femme sont ici réinjectés dans une grammaire esthétique, dissonante et terriblement sensuelle ! En maîtrisant parfaitement l’ADN du glamour et su sexy, la femme Prada de la saison prochaine aime à les atomiser pour mettre au monde une dégaine aussi expérimentale que parfaitement ajustée. Un vertigineux mélange de matières et de textures, de couleurs et d’attributs qui laisse percevoir une collection Prada renouant avec son passé politique.
Les mannequins mêlent donc sans complexe velours côtelé et soutien-gorge tricoté, chapka en plumes d’autruche et robe de cocktail brodée de pampilles, fourreau de satin rose pâle ou cuissardes sanglés moutarde et bleu. Et le bleu pétrole justement constitue la couleur phare de la saison à venir : le bleu pétrole se confronte ici aux pigments d’un marron lumineux orange brûlé, le tout sur un manteau de cuir rebrodé de perles et ourlé de franges et de clous. Un côté rêveur et rebelle qui achève d’en faire la pièce maîtresse de la collection Prada.
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