Édité en Octobre 2013 par Laurence Benaïm et Murray Moss, le livre hommage à l’Histoire de Baccarat distille avec intimité les plus beaux secrets de la Maison à travers plus de 300 photographies et dessins inédits issus des archives de la maison. Suit au faste du papier glacé, celui du mondain avec une exposition rétrospective de près de 250 chefs-d’œuvre à la Galerie Musée de la Maison Baccarat à Paris abritée dans l’ancien hôtel particulier de Marie-Laure de Noailles, célébrant ainsi à l’infini l’esprit luxueux des bals du XX^è. Depuis 1764, Baccarat s’inscrit comme un patrimoine riche de son savoir-faire. La manufacture, autorisée à ouvrir par le roi Louis XV, va signer les plus belles œuvres des tables royales et nobles du monde. Louis XVIII lui-même met en scène lors de ses dîners le service de verres composé de 160 pièces dont les premières flûtes à champagne. Le Baccarat devient le « cristal des rois » et continue d’honorer la table de Charles X comme celle de Louis-Philippe.

L’ouverture d’un point de vente en 1832, rue de Paradis à Paris, lui donne cet aura internationale à travers notamment les nombreuses commandes russes des tsars Alexandre II et Nicolas II en visite dans la ville lumière. Ce dernier, cherchant à faire entrer son pays dans une ère de modernité commande un candélabre de 79 lumières électriques, le premier grand défi technologique imposé à la cristallerie. La demande russe fut d’ailleurs si forte qu’ils durent un temps dédié un des trois fours de la manufacture, installée dans la ville de Baccarat en Lorraine, uniquement à la production slave, les verres à vodkas devant être selon la tradition la plus pure être brisés après avoir bu leur contenu d’un trait. Ces virtuoses de la perfection touchent tout autant le premier sultan à voyager en Europe, Abdülaziz, qui fit briller son palais Dolmabahçe à Istanbul des lustres, aux bougeoirs et services de tables Baccarat, connus maintenant sous le nom de Juvisy. Georges Chevalier, designer de la marque, envoûte aussi Joséphine Baker, Lenny Kravitz et notre contemporain Karl Lagerfeld qui affirme ne boire son Coca Light que dans un verre Baccarat ; la subtile ostentation du plaisir quotidien magnifié.

Résistant aux guerres, révolutions et industrialisations, les pièces les plus connues aujourd’hui se retrouvent dans le verre Harcourt, de la célèbre famille, créé en 1841. Réinterprété au fil des années, il traversa les tables royales et papales de plusieurs pays, instaurant aux quatre coins du monde, l’art de recevoir à la française. Les vases « Simon » créés pour l’Exposition universelle de 1867 à Paris inscrivent quant à eux leur couleur au camaïeu rubis dans l’ère du temps. Baccarat incarne le lustre des années lié à la modernité d’un temps qui ne cesse d’avancer et d’exprimer sa nouveauté. Dernière évocation des lignes fortes de la maison présentées lors de l’exposition, les pièces en cristal doublé couleur. Cette explosion de nuances ravive les créations à l’origine faite de transparence ou d’un rouge princier. Conférant à la matière toute sa lumière et sa sonorité, les 22 artisans et le maître d’art perpétue encore actuellement la tradition d’une silhouette puissante, incarnation même du souffle de l’homme, de sa dextérité et de sa capacité à toucher du doigt l’infinie beauté de l’exception.

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