Qui pourrait encore douter du bienfait de l’arrivée de John Galliano aux commandes de la maison Margiela ? Baptisée Artisanal, sa première collection sous l’étendard couture Belge met à l’honneur tissus et autres pièces recyclées, oui, mais dans une veine hors-norme et magnifique dont seul Galliano a le talent. Sans entrer dans l’outrancier, l’artiste a aiguisé sa touche théâtrale et romantique au contact du minimalisme conceptuel de sa nouvelle maison. Le résultat laisse sans voix : des créatures historico-baroques défilent sur le catwalk ; une lignée de divas au buste orné de jouets cassés, de chaînes, de perles, de ressorts ou de coquillages, tantôt glacés d’un rouge explosif, tantôt assagis d’un noir de jais… Et les tailleurs-pantalons, fait d’armes de Martin Margiela, attestent d’une fusion réussie.
Comme coupé dans une étoffe bonne marchée et dégrossie, le tailleur-pantalon noir homme-couture de Galliano pour Margiela suinte la désirabilité. Le tombé est impeccable, la technicité au cordeau : la veste se fait précisément baîlliante quand, ouverte à moitié, elle laisse pendre un corset-corps à la grâce graphique comme emprunté à une danseuse de ballet. Le pantalon, lui, glisse doucement à la taille, et s’arrête net sur la cheville. Tout à fait magnifique.
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