« Couvrez ce sein que je ne saurais voir ». La création du cache téton Chanel aurait pu s’amorcer ainsi. S’il en fallait un tableau, ce serait Gabrielle d’Estrées et une de ses sœurs, toile de la Renaissance à la connotation bien éloignée de celle que lui donne l’œil de notre temps. C’est en 1996 que Karl Lagerfeld imagine ce mini bout de tissu noir flanqué des deux doubles C de la maison qu’il reprend en 1983. Cette année-là, sur le catwalk du défilé printemps-été, le parterre abasourdit découvre la pièce vedette de la collection : sur les épaules du mannequin Britannique Stella Tennant, pour la première fois apparaît le micro bikini noir Chanel. Le maillot de bain a cela d’étonnant et d’audacieux qu’il réduit au strict minimum sa capacité couvrante. En effet, il ne s’agit que de deux parties rondes et griffées des iconiques C, liées entre elles par une unique ficelle.
Est-ce là l’héritage de Coco ravivé jusqu’aux confins de la lutte pour libérer les femmes ? L’occasion fut, en tout cas, donnée de provoquer, pour mieux combler, les attentes d’une certaine féminité en quête de dimension décorative. Qu’à cela ne tienne, le cache téton Chanel devient l’emblème des années 90, quand Carla Bruni l’enjolive dans sa petite version rose. Sa crédibilité mode défie les années ; un maillot de bain si mini qu’il vante les mérites d’une société tout bonnement affranchis. Itsy bitsy !
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