Engagée dans une profonde transformation sociale et économique traduite par le plan « Vision 2030 », l’Arabie saoudite prépare l’après pétrole en diversifiant son économie. Le royaume affiche notamment de fortes ambitions pour le tourisme, avec pour objectif d’attirer 100 millions de visiteurs d’ici 8 ans.
Faire de l’Arabie saoudite l’une des destinations touristiques les plus attrayantes au monde. C’est l’ambition affichée par les autorités du pays qui ont positionné le secteur comme l’un des piliers du plan Vision 2030. L’objet du plan : préparer l’économie du royaume à un horizon post-pétrolier.
Une politique de valorisation du patrimoine culturel et historique
Le royaume dispose d’un riche patrimoine culturel et touristique sur lequel il entend bien capitaliser. Depuis le début des années 2010, l’Arabie saoudite a mené plusieurs initiatives pour valoriser son patrimoine. En 2008, le site archéologique de Hegra, « plus important site conservé de la civilisation nabatéenne » est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO ; en 2010, c’est au tour de la première capitale de la dynastie des Saouds, Dariya ; en 2014, celui de la ville historique de Djeddah, et en 2018, de l’oasis d’Al-Ahsa.
Depuis, les initiatives et les partenariats culturels se multiplient. Un des derniers en date : la statue monumentale lihyanite, trouvée sur le site d’AlUla (ville du nord-ouest du pays), restaurée et dévoilée par le musée du Louvre. Elle a été prêtée par la Commission royale pour AlUla (présidée par Mohammed ben Salmane), l’institution qui gère les partenariats locaux et internationaux pour la préservation du patrimoine culturel et architectural saoudien et la recherche archéologique, sur le site d’Hegra et ses environs.
L’Arabie saoudite n’hésite pas non plus à collaborer avec ses voisins proches. Au début du mois de septembre, une délégation de la Commission royale pour AIUIa s’est rendue en Jordanie, à Pétra, autre célèbre site archéologique des Nabatéens, pour renforcer la coopération touristique entre les deux royaumes.
Riyad engage également des partenariats avec des pays plus éloignés, comme celui du soleil levant. Fin septembre, à Tokyo, l’Arabie saoudite participera au Tourism Expo Japan 2022. Le pays du Golfe pourra exposer ses plus beaux paysages et activités auxquelles les visiteurs peuvent participer. Cet événement rassemble les acteurs clés de l’industrie du tourisme dans le monde.
De plus, le royaume saoudien s’appuie sur la création de cités des loisirs à Qiddiya et sur les bords de la mer Rouge, et l’organisation d’évènements culturels et sportifs (festivals de Riyad et Djeddah, festival du cinéma, création de musées, Paris-Dakar…), projets pleinement inscrits dans son plan Vision 2030, afin d’attirer toujours plus de touristes.
Un cadre légal favorable
L’objectif des Saoudiens en matière touristique est de taille : attirer 100 millions de touristes par an d’ici 8 ans. Pour ce faire, le gouvernement met en place les structures nécessaires. Alors qu’auparavant, la plupart des visas étaient réservés aux travailleurs, aux hommes d’affaires et aux pèlerins en partance pour la Mecque et les lieux saints, le pays a mis en place, en 2019, des visas touristiques pour 49 pays. Une mesure historique synonyme d’ouverture des portes au tourisme international. D’un point de vue pratique, l’arrivée des touristes sur le territoire saoudien a également été facilitée par la possibilité de recourir au visa-on-arrival (visa délivré à l’arrivée sur le territoire) ou l’e-visa réalisable en ligne, procédures ouvertes aux détenteurs d’un passeport français et plus largement provenant de l’espace Schengen.
Par ailleurs, une nouvelle loi a été mise en place pour attirer les touristes et encourager les investissements. Ce cadre juridique assure entre autres aux entreprises du tourisme de recevoir des licences spéciales et le soutien du ministère concerné. Elle permet aussi au ministère de mieux contrôler la qualité des services offerts et contribue à garantir « les normes les plus élevées possibles pour les touristes et les entreprises, tout en renforçant le développement des destinations », indique SPA, l’agence de presse officielle du royaume.
La politique d’attraction de l’Arabie saoudite distingue trois types de tourisme. Il y a tout d’abord le tourisme religieux. Riyad ambitionne en effet que les villes saintes de Médine et de La Mecque rassemblent 30 millions de pèlerins d’ici 8 ans. Vient ensuite le tourisme domestique, qui consiste à encourager les Saoudiens à visiter leur royaume plutôt que de se rendre à Dubaï ou à Bahreïn voisins pour leurs vacances. Enfin, le tourisme international de haut niveau, basé principalement à AlUIa et sur la côte de la mer Rouge.
Des investissements et des projets de taille
Autre aspect de la promotion du tourisme : les mégaprojets. Le prince héritier Mohamed ben Salmane a notamment lancé Neom (mégalopole futuriste de 500 milliards de dollars) et réaménagé le site historique de Diriyah, situé à proximité de la capitale. « L’Arabie saoudite va changer le paysage touristique mondial, les destinations que l’Arabie saoudite offrira d’ici 2030 sont quelque chose de complètement différent », a assuré le ministre du Tourisme Ahmed Al Khateeb.
La politique d’ouverture et de modernisation du pays semble porter ses fruits puisque l’activité touristique a bondi de 105% entre le premier semestre 2021 et 2022, pour atteindre 1 milliard de dollars. Les voyages individuels ont connu une croissance trimestrielle record. Ils ont augmenté de 175%, et ont rapporté 295 millions de dollars. Objectif à la fin de l’année : 12 millions de voyageurs étrangers, contre 4 en 2021.
Attirer les visiteurs internationaux engendre inévitablement un coût. Toutefois, Mohammed ben Salmane voit dans le développement du secteur des opportunités tant sur le plan économique que sur le plan social pour le Royaume. Au cours de la prochaine décennie, l’Arabie saoudite sera le premier investisseur mondial dans le tourisme. Selon les estimations, le royaume mettra plus de 810 milliards de dollars sur la table dans des projets liés aux loisirs, au divertissement et à la culture.
Des sommes colossales qui entrent tout de même dans une stratégie de rentabilité. En effet, d’ici 8 ans, le royaume souhaite que le tourisme contribue pour environ 10% à son PIB, et qu’il crée un million d’emplois supplémentaires. Sur les 100 millions de visiteurs prévus en 2030, 30 devraient venir de l’étranger, le reste voyageant à l’intérieur du pays, précise Ahmed Al Khateeb.