Elle est considérée comme un joyau. L’extérieur est pensé tel un petit « paquebot » sur pilotis. Magnifiant le plan libre faisant hommage aux cinq points de l’architecture moderne énoncé par Le Corbusier : la vue est omniprésente : Toit plat, variations chromatiques blanches et bleues, stores en toile de bâche, structure en béton armé. Eileen Gray réinvente la villégiature balnéaire tout en préservant l’intimité du lieu. De fait, il faut emprunter le sentier du littoral pour parvenir à la maison, le jardin lui, continue en contrebas pour se jeter dans la mer. Valeur de manifeste, tant pour l’architecture que pour les meubles fixes et mobiles, les luminaires et les décors qui en sont indissociables. Pour Eileen Gray chacun « doit pouvoir rester libre et indépendant » et tout ranger dans un minimum de place. Pour cela, elle invente un mobilier élégant, fonctionnel et très astucieux dont elle soigne chaque détail. Cet esprit d’ordre et de rangement se matérialise entre autres par de petites étiquettes peintes précisant la place de chaque chose : allant plus loin, avec cette idée de désaxer les murs pour éviter que les portes ne soient visibles. Le salon est également polyvalent. La cuisine dispose aussi de cloisons mobiles. A l’époque certains meubles et tapis sont des créations en vente dans la galerie parisienne de Jean Désert.
Ce sont notamment le fauteuil Transat, inspiré de ceux des paquebots, le fauteuil Bibendum, une banquette en cuir noir à armature en tube d’acier chromé. Mais encore les tables volantes, le tapis « Marine d’abord » de la chambre d’amis mais surtout l’astucieuse table de chevet chromée circulaire, baptisée Table E-1027, réglable en hauteur par une chaînette métallique. Si les peintures sont moins connues, Le Corbusier se considérait avant tout comme un peintre. Étant un ami proche de Jean Badovici, l’artiste y réalisa sept peintures murales. Ces fresques, dont plusieurs dessins préparatoires sont conservés à la Fondation Le Corbusier, deviennent en revanche un point de discorde entre Gray et Le Corbusier. Eileen ne les appréciait pas particulièrement considérant qu’elles dénaturées son architecture.
Néanmoins, les amants ne vécurent pas longtemps ensemble dans la Villa E-1027, se séparant en 1932. Jean Badovici restera propriétaire jusqu’à sa mort en 1956, recevant nombre de fois Eileen Gray en tant qu’invitée et collaboratrice. La villa sera ensuite vendue aux enchères en 1956 et acquise en 1960 par une amie de Le Corbusier, à sa demande, pour en assurer la préservation. Après une longue restauration initiée en 2007 La villa, fresques comprises son jardin et son terrain a été classée au titre des monuments historiques par arrêté du 2000 et a obtenu le Label « Patrimoine du XXe siècle ».
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