A la différence de nombre de modistes, Pierre Balmain a très vite développé un style comme un mode de vie. Et ce mode de vie, Balmain le veut loin de la féminité et des restrictions imposées par la Seconde Guerre Mondiale. Paris est alors redevenue une fête, animée par ses salons et ses bals – la Haute Couture, elle, devient l’incarnation de cet esprit Français. Formé à l’architecture, inspiré des arts les plus anciens de l’humanité, les arabesques en tête, le couturier Pierre Balmain instaure une grammaire, un alphabet de la mode tout à la fois graphique et singulier, sensuel et imposant. Le griffe Balmain commence toujours avec une taille cintrée, souvent par une ceinture ; puis, ce sont les épaules qui s’étirent grâce aux épaulettes signatures ; enfin, la broderie achève la somptuosité d’un look. Dès 1952, c’est cette obsession pour la mise en valeur de la taille qui vaut à Balmain, puis à ses successeurs, l’admiration de la presse, acheteurs et même celle des autres couturiers. Il en était convaincu, les points principaux de la mode, de la silhouette gracieuse, élégante mais puissante sont l’envergure et la taille serré. Au même moment naissait le New Look de Christian Dior.
Le succès de la maison Balmain est tel qu’en 1954 la production annuelle des ateliers Parisiens atteint près de 3000 modèles ! Pierre Balmain, souvent surnommé “le plus jeune parmi les grands“, a ainsi décrit un jour pour la télévision Française sa collection Printemps/Eté : « […] Les points principaux de la mode de printemps sont l’ampleur et la taille serrée. J’ai pensé obtenir ces objectifs en me servant énormément du plissé, en mettant des ceintures de cuir sur presque tous les modèles, et si je veux décrire ce qui sera la silhouette que je propose pour le Printemps 1965, je peux dire que sur des cheveux courts et boucle, les chapeaux sont portés droit légèrement en arrière […] la taille très serrée dans une ceinture, les jupes très amples. » La toilette était pour lui le résultat d’un projet architectural, un processus d’élimination graduelle du superflu. Ce qu’il veut, c’est faire danser les femmes dans les jardins d’été. Les robes du soir sont alors très minces, très étroites et la taille est bien marquée ; les épaules, quant elles, sont importantes et souvent élargies par des drapés.
Et l’oeuvre de Christophe Decarnin ou celle plus récente d’Olivier Rousteing se fait dans l’héritage même du fondateur : la taille est à sa place, mince et naturelle. Dans sa collection Automne/Hiver 2014, c’est sur des pantalons cargo à l’allure très couture qu’Olivier Rousteing projette la nouvelle taille cintrée de la maison Balmain. Le défilé de cette saison Printemps/Eté 2017 fut aussi l’occasion d’un peu plus souligner une projection un brin différente de l’héritage Balmain. Lorsque les glamazones Rousteing s’en vont pour une exploration de la Jungle, c’est toujours la taille marquée, comme une armure, qu’elles présentent des créations aux découpes sensuelles, et à l’allure déshabillée, toute en modestie. Une façon d’actualiser le mantra du fondateur qui pratiquait la couture pour être “l’architecture du mouvement“.
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