Aujourd’hui, le luxe s’apparente bien plus à un terreau pour l’avant-garde qu’à un poste avancé de dépenses ostentatoires. Un peu plus loin que de l’idée d’objet, la force du luxe, et de la haute couture, résident en ce qu’il provoque ou plutôt insuffle une émotion. Il faut dire qu’il n’existe de techniques poussées à tel niveau d’exactitude, une telle recherche de perfection que celles qui se retrouvent en haute couture. Ainsi, lorsque le savoir-faire millénaire de certains artisans rencontre la capacité de précision des nouvelles technologies, le résultat ne peut qu’émouvoir.

Lors de la semaine de la Haute Couture Printemps/Eté 2017, Iris Van Herpen a joué de toute sa poésie pour faire entrer la féminité dans une nouvelle dimension – avec toute la délicatesse qu’on lui reconnaît. Ici, le vêtement devient organique, apparenté à une seule et même pièce se mouvant tantôt au grès du corps, tantôt au rythme de la nature. Qualifiée de minérale, ces pièces adoptent en fait le graphisme chimérique de l’invisible. Inspirée la saison passée par les vibrations sonores, la créatrice semble aujourd’hui poursuivre son exploration des phénomènes purs ou bruts.

Parmi les seize looks ayant défilé, la robe ondulante où fusent le noir et le blanc s’apparente à la pièce maîtresse de la collection. « Between the lines » est ainsi une collection jouant de la transparence et des illusions d’optique, pour faire intervenir des matières inédites dans l’impression 3D, notamment la soie. Composant des volumes impossible à faire à la main, la créatrice la plus inventive du moment semble sur le point d’aboutir à de nouvelles matières, mais aussi et surtout à jouer d’expérimentations poético-technologiques afin de se délecter un peu plus du corps et de son imprévisibilité.

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