“Je veux être un accélérateur de décomposition”. Une phrase digne d’un architecte, d’un sculpteur au service du corps féminin. Paco Rabanne incarne l’avant-garde des années sixties, la symbiose de l’art, de la mode et du prosaïque. Il ouvre les fenêtres d’un conte dans lequel le métal devient liquide, le papier luxueux et le rhodoïd miroitant. Alchimiste des matières, il est peut-être l’artiste qui succède à Baudelaire, répondant au fameux vers “Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or”.
L’or, un métal précieux dont le créateur s’est inspiré, passionné de ses mille éclats et reflets. Un chatoiement de lumière insufflé par la mode des années 30 également, faite de paillettes et de lamés festifs. Le métal utilisé par Paco Rabanne est travaillé tel un tissu soyeux afin de devenir un miroir liquide ondulant sur le corps magnifié de la femme. Plus d’aiguille ni de fil, le vêtement est façonné à l’aide d’anneaux et de rivets. La plus significative et iconique de ces robes de métal reste celle portée par Françoise Hardy en 1968, lors de l’inauguration de l’exposition internationale de diamants à Paris. Constituée de mille plaquettes et de cinq mille anneaux d’or, cette robe est également ornée de vingt-deux diamants énormes, bordant l’encolure. Une audace charnelle, esthétique et élégante qui se grave dans nos mémoires.
Lydia Maurer, directrice artistique de la maison depuis juin 2012, est très imprégnée de ce qu’est la mode selon Paco Rabanne, de sa signature. Elle y apporte également une certaine fraîcheur. Pour l’hiver prochain, la robe de métal est présente, code éternel de la maison. L’idée de “jersey de métal” ou de “métal liquide” selon Paco Rabanne est intensifiée. L’esprit côte de maille s’assouplit, se liquéfie jusqu’à se fondre presque avec le corps, se façonnant tel la seconde peau d’une sirène des temps modernes. “Le challenge sera de faire cohabiter l’esprit architectural et avant-gardiste des créations d’origine avec un véritable vestiaire, pertinent en 2012. Apporter de la chaleur, de la légèreté, de la souplesse à un style qui n’était pas nécessairement destiné à la vente, tout en recréant la magie hypnotique qui caractérise à mes yeux le style [de la maison]” disait Lydia Maurer. Paco Rabanne, de l’architecture au corps, de l’architecture encore.
Laissez une réponse