Haute Couture histoire et définition… Dans notre luxury story du jour, Icon-Icon vous raconte la Haute Couture. Une appellation typiquement française qui appartient au patrimoine Français.
La Haute Couture, c’est en effet une longue tradition française. Lecélèbre ministre de Louis XIV Colbert, un jour, a eu la justesse de ces mots : « La mode est pour la France ce que les mines du Pérou sont pour l’Espagne. »
Mais qu’est-ce qu’exactement que la Haute Couture ? Une appellation, d’abord, une histoire, certainement, mais aussi et surtout une Fédération, des critères très précis pour y entrer, et des clientes qui la font perdurer !
Quand exactement s’écrit l’histoire de la Haute Couture ?
Sous le Second Empire, Paris, la “Ville Lumière”, devient le berceau de la Haute Couture. Charles Frederick Worth, un jeune couturier britannique, s’installe à Paris et révolutionne la mode. En 1858, il ouvre sa maison de couture rue de la Paix, près de la place Vendôme.
A la même époque, Marie Worth, épouse de Charles Frederick, est présentée à Mme de Metternich pour montrer quelques croquis des créations de son mari. La princesse, épouse de l’ambassadeur autrichien à Paris, charmée par de ses ravissantes robes, en commanda plusieurs pour le prochain bal de la Cour tenu aux Tuileries.
L’impératrice Eugénie, remarque alors sa robe, et s’interroge : « Puis-je vous demander, Madame, qui vous a fait cette robe, si merveilleusement élégante et simple ? » « Un Anglais, Madame, une étoile qui a surgi dans le firmament de la mode. » « Et comment s’appelle-t-il ? »
Charles Frederick Worth. Il jette alors les bases de notre système moderne de la mode.
Il a établi notre calendrier actuel de la mode – une collection par saison, soit 2 saisons – et quelques-unes des règles cardinales de la mode : ne jamais porter la même robe deux fois, présenter ses créations sur des mannequins vivants, lors de défilé sur des mannequins appelées alors “sosies“, tout en réalisant notamment la robe de couronnement de Sisi…
C’est ainsi que né l’ancêtre de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode… Car en 1868, Charles Frederick Worth fonde la Chambre syndicale de la confection et de la couture pour dames et fillettes. Ce syndicat avait déjà pour but principal de protéger ses membres des contrefaçons…
Ce n’est qu’en 1911 que cette organisation est rebaptisée Chambre syndicale de la couture parisienne.
1914 marque une année charnière dans l’histoire de la Haute Couture française. Sous l’égide de figures emblématiques telles que les sœurs Callot, Paul Poiret, Jeanne Lanvin, Jacques Worth, Jeanne Paquin, Louise Chéruit, Jenny Sacerdote, Paul Rodier, et Bianchini-Férier, le Syndicat de défense de la grande couture française voit le jour.
Paul Poiret, en prenant la présidence, rapidement relayé par Georges Dœuillet, positionne clairement le syndicat dans une lutte acharnée contre les imitations illicites de leurs créations.
C’est dans un élan de protectionnisme et de préservation de l’authenticité artistique que Poiret, en 1915, adresse une véritable diatribe au New York Times. Il y dénonce avec véhémence les pratiques peu scrupuleuses des acheteurs américains, révélant ainsi un chapitre passionnant et souvent méconnu de la saga de la Haute Couture.
Dans la première moitié du XXème siècle, des maîtres tels que Jean Patou, Madeleine Vionnet, Lanvin, Gabrielle Chanel, Schiaparelli, Balenciaga et Dior ont pavé la voie, enflammant l’imaginaire de la Haute Couture avec leurs visions révolutionnaires.
Le milieu des années 1960 voit l’éclosion d’une nouvelle vague de créateurs, inspirés par l’héritage de Christian Dior. Ces jeunes stylistes, parmi lesquels Yves Saint Laurent, Pierre Cardin, André Courrèges et Emanuel Ungaro, ont planté leurs drapeaux dans le sol parisien, donnant naissance à des maisons qui allaient redéfinir la mode avec l’invention du prêt-à-porter. Mais la Haute Couture n’est jamais loin. Bien qu’ayant perdue de sa superbe, elle reste un graal pour ces stylistes-couturiers.
Plus tard, des noms comme ceux de Christian Lacroix, Jean-Paul Gaultier et Thierry Mugler ont surgi, insufflant un dynamisme renouvelé à la haute couture après une période de stagnation.
Au cœur de cette effervescence, la Chambre syndicale de la haute couture, fondée en 1973 et dirigée par Didier Grumbach jusqu’en 2014, se dresse comme un pilier de la Fédération française de la Couture, du Prêt-à-porter des Couturiers et des Créateurs de mode.
Car la Fédération de la Haute Couture est composée de trois Chambres Syndicales — lesquelles ? La Chambre Syndicale de la Mode Féminine, la Chambre Syndicale de la Mode Masculine et la Chambre Syndicale et de la Haute Couture.
Et chacune sa présidence.
Pascal Morand préside la Fédération. La Chambre Syndicale de la Haute Couture est présidée par Sidney Toledano (LVMH Fashion Group). Bruno Pavlovsky est Président de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode (Chanel). La Chambre Syndicale de la Mode Féminine est présidée par Anouck Duranteau-Loeper (Isabel Marant). La Chambre Syndicale de la Mode Masculine est présidée par Elsa Lanzo (Rick Owens).
La Haute Couture ainsi réglementée répond à des exigences bien précises, depuis 1945. Comme la Fédération l’explique : « L’appellation haute couture est une appellation juridiquement protégée dont ne peuvent se prévaloir que les entreprises figurant sur une liste établie chaque année par une commission siégeant au ministère de l’Industrie et qui fait l’objet d’une décision ministérielle. »
L’appellation est d’abord protégée par des critères – lesquels ?
Le travail doit être artisanal, mené au sein de deux ateliers dédiés – atelier de « flou » et atelier de « tailleur » – un nombre d’employés qualifiés minimum est requis, la création de pièces uniques et sur-mesure, la présentation de deux collections par an lors des défilés officiels de haute couture, avec un minimum de vingt-cinq passages par collections, et l’utilisation d’une quantité spécifique de tissu.
Et Didier Grumbach, figure éminente, souligne un aspect crucial du processus : « Chaque couturier postulant pour devenir membre doit être parrainé ».
Et justement, les membres se comprennent en 3 catégories. Quelles sont-elles ? Membres permanents, Membres correspondants et Membres invités.
Parmi les membres permanents, on dénomme quelques-uns des plus grands noms de la mode — Chanel, Dior, Yves Saint Laurent, Givenchy, Jean Paul Gaultier, Louis Vuitton, Maison Martin Margiela, Schiaparelli
Les membres correspondants sont des membres étrangers… Azzedine Alaïa, Elie Saab, Giorgio Armani (Armani Privé), Valentino, Versace (Atelier Versace), et Viktor & Rolf composent cette catégorie !
Les Membres invités, initiés en 1998, permettent à de nouvelles marques de luxe, françaises et étrangères, de s’exposer et de défiler, enrichissant ainsi le panorama de la Haute Couture avec de nouvelles perspectives et créativités. Qui parmi eux ? La maison Iris Van Herpen, Proenza Schouler ou Rodarte !
Et puis… La Haute Couture, c’est finalement et peut-être avant tout les clientes !
Qui sont-elles ? Souvent discrètes, Karl Lagerfeld disait d’elles : « Une cliente de haute couture, c’est celle qui achète 20 robes en cinq minutes. »
La duchesse Wallis Simpson, connue pour son histoire d’amour controversée avec le roi Édouard VIII, était une fervente admiratrice de la Haute Couture de Dior. Son style audacieux et avant-gardiste a souvent été à l’avant-scène de la mode.
Daphne Guinness est indispensable à la couture. Sans elle, elle serait franchement moins expérimentale et amusante. Son créateur favori est indéniablement Alexander McQueen.
Avant l’héritière de l’empire Guinness, il y eut Nan Kempner, la plus chic de toutes les femmes du monde selon Yves Saint Laurent. Elle qui aimait dire : « la mode est un art. Quand vous regardez des peintures dans les musées, vous voyez le reflet de la façon dont les femmes s’habillaient à différentes époques. Un créateur est autant un artiste qu’un auteur, un peintre ou un architecte. Après tout, le design de mode, c’est l’architecture pour le corps. Regardez le travail de Grès, Chanel, Poiret, Balenciaga, Saint Laurent. »
Lynn Wyatt apprécie énormément ces petites mains qui prennent 100 heures pour réaliser une broderie. Elle a eu l’opportunité de rencontrer Mademoiselle Coco Chanel dans les années 1960. Elle raconte : « Elle est entrée dans le studio, elle n’est pas restée longtemps, mais elle m’a dit : ‘Oh, vous êtes la Texane !’ »
Parmi les clientes encore… Un nom iconique ? Les Vanderbilt, passionnées de Fortuny, Worth, Dior !
Considérée comme une véritable icône de la mode, Jacqueline de Ribes n’est pas seulement une amatrice, mais une muse pour des maisons telles que Dior, YSL, Balmain, Valentino et Gaultier. Sa présence dans les événements mondains et son style impeccable lui ont valu une réputation internationale de grande cliente de Haute Couture.
Surnommée “Le Cygne” par le célèbre photographe Richard Avedon, Marella Agnelli était fidèle aux créations de Balenciaga. Sa stature élancée et son allure aristocratique en faisaient une figure emblématique de l’élégance.
Mouna Ayoub, célèbre pour avoir possédé la plus grande collection de haute couture au monde, symbolise la passion véritable pour la mode. Ayant dû vendre sa collection, elle a marqué l’histoire de la haute couture par son amour pour l’artisanat et l’unicité des pièces de couture. Sa collection incluait des œuvres d’art de maisons comme Chanel et Dior.
Wendy Yu, représente, elle, la nouvelle génération de clientes coutures. De Chanel, Dior et Valentino… Elle incarne l’entrée d’une nouvelle génération dans le monde de la haute couture, apportant avec elle un regard neuf et moderne sur la mode !
Finalement, la haute couture, spécificité française, continue de faire rayonner Paris comme la capitale indéniable de l’élégance et de l’innovation dans le monde de la mode…
Laissons la conclusion à Élisabeth Ponsolle des Portes, présidente du Comité Colbert l’assure : « Il me paraîtrait normal que la haute couture soit considérée pour ce qu’elle est : un patrimoine français détenu par des artisans d’excellence. » C’est dit !