La Dentelle, Calais et Balenciaga

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C’est à la Renaissance, en Italie et dans les Flandres, qu’est née la dentelle ; rapidement, le tissu se propage dans toute l’Europe, entre le XVIe et XVIIe siècle. Deux siècles plus tard, sous l’impulsion de la mécanisation des ateliers, le motif se démocratise et, après la Seconde Guerre mondiale, devient l’apanage des grands couturiers – tout particulièrement celui de Cristóbal Balenciaga. Couturier européen, anglais par sa formation de tailleur, français grâce à sa parfaite connaissance de la haute couture parisienne, Balenciaga devient un couturier ouvert à toutes les modes du monde. Et à toutes les influences : ses créations évoquent le souvenir des robes des Espagnoles peintes par Goya ou Zuolaga, ou encore celles des saintes de Zurbarán. Des portraits de Goya, Balenciaga reprend le léger flottement de la dentelle en bordure des tenues. De Zurbarán, Cristóbal décalque les jupes sculptées des représentations de saintes. Pour traduire cet effet, il fait spécialement imaginer par le fabricant suisse Abraham le gazar ; un textile qu’il apprécie au moins autant que la dentelle. La dentelle qu’il employa aussi bien en ornementation qu’en textile. Jouant des motifs, des couleurs, mais aussi de leurs utilisations, Balenciaga aura exploré toutes les manières d’employer la dentelle. Mieux, l’artiste en a magnifié les caractéristiques, dans le seul but de répondre au nouveau besoin de l’époque : paraître jeune et moderne. Taillée pour des robes à taille basculée, il lègue la dentelle dès 1957 à sa clientèle qui, dès lors, se glissera dans des robes sac ou baby doll… Oui, l’originalité du couturier tient aussi à la façon dont il sculpte la silhouette dans la transparence et la légèreté. En réalité, Balenciaga aimait à exacerber la féminité que confère la tenue de la dentelle.

Aujourd’hui, et jusqu’au 31 août, c’est à Calais que l’œuvre de Balenciaga se dévoile sous un jour encore jamais abordé : “Balenciaga, magicien de la dentelle”. Et justement, c’est notamment à Calais que se fournissait le couturier pour l’ensemble de sa production, tant celle de Paris que celles de Saint- Sébastien, Madrid et Barcelone. L’exposition devient ainsi une manifestation à caractère pédagogique, où les pièces parisiennes s’affichent aux côtés de nombreuses tenues jamais exposées en France, car confectionnées dans ses trois maisons espagnoles de Saint-Sébastien, Madrid et Barcelone. Trois pièces rares faites en Espagne donc (avant l’arrivée du couturier à Paris en 1936) inaugurent l’exposition. La plus ancienne, la robe courte du soir datée de 1927, déborde d’émotion tant elle illustre l’influence de deux couturiers français sur le jeune Espagnol : la technique du tulle plissé évoque le travail de Madeleine Vionnet ; le volume, lui, rappelle les robes de style de Jeanne Lanvin. Avec près de 75 tenues, des accessoires (chapeaux, gants, souliers) en passant par des photographies et des croquis d’atelier, l’exposition permet pour la première fois un vaste panorama de la création du couturier espagnol. Car oui, la dentelle, étoffe si fragile, a été utilisée par le couturier pour bon nombre d’accessoires qui, indispensables, accompagnent les tenues de cocktail. En réunissant ainsi vêtements de haute couture et détails sur les arcanes de la fabrication, l’exposition propose trois niveaux de lecture : le premier, en relation avec l’histoire sociale, le second avec la mode, le dernier avec les techniques de création. Enfin, construite au cœur d’une authentique usine de dentelle datant du XIXe siècle, la Cité de la dentelle et de la mode présente avec une poésie toute moderne l’un des couturiers les plus mystérieux du siècle dernier.

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